Philippe Hinschberger (Amiens SC) : « Une saison mouvementée et usante »

Amiens SC Hinschberger

Déçu par sa première saison à la tête de l’Amiens SC, Philippe Hinschberger dresse un bilan sans concession de celle-ci. Désireux de repartir sur de nouvelles bases, il fixe également la feuille de route qu’il espère pouvoir suivre la saison prochaine. 

L’état d’esprit à l’issue de la saison

« Je termine avec le sentiment du devoir accompli. C’était une saison assez mouvementée dans tous les sens du terme, bien plus mouvementée que ce que j’ai l’habitude de connaître. J’aspire à beaucoup plus de calme pour l’année prochaine, à commencer avec notre effectif. Il faut qu’on puisse rentrer de plain-pied dans notre championnat, qu’on ne soit pas là à remonter au cœur de l’hiver une échelle qu’on n’a pas su prendre au bon moment. On a beau dire ce qu’on veut, on était 19e au mois de novembre. Il fallait se sortir de ce piège, de ce guêpier et les joueurs ont été présents pour redresser la barre quand c’était difficile. Il faut leur rendre hommage par rapport à tout ça. »

La saison de l’indiscipline et de l’irrégularité pour l’Amiens SC

« Sur les deux derniers mois, c’était pénible, c’était tout le temps des coups de bâton, des comportements inappropriés et c’est gênant. Je suis entraîneur, je fais comme je pense le faire. Je préfère travailler en confiance mutuelle avec un groupe et il y a eu trop d’anomalies sur les deux derniers mois. Cette saison a été usante entre les trois premiers mois où t’avances pas, ces deux derniers mois… Il y a eu la fin d’hiver et le début du printemps où tu t’extirpes grâce à des bons matches à domicile et là on finit en eau de boudin par rapport à nos prestations qui sont moyennes. C’était assez usant à diriger au quotidien. On est des techniciens et on est là pour se concentrer sur le pré vert, pas pour mettre des coups de bâton et fliquer. C’est un groupe comme ça avec pas mal d’indiscipline, il a fallu hausser le ton et prendre des mesures. Ca amuse les gens mais ce n’est pas comme ça que l’on doit fonctionner. On va faire en sorte que l’on cadre ça pour que ça n’arrive plus l’année prochaine. On va aussi mouiller la direction, ça c’est clair. Après attention, entre celui qui arrive une minute en retard et celui qui sèche l’entraînement, ce n’est pas la même faute. Il y a des tas de choses réglées par les joueurs en interne, comme dans tous les clubs. »

Une quatorzième place décevante mais logique à la fois

« Le classement est ce qu’il est, c’est le classement qu’on mérite, qui reflète ce qu’on a fait sur une saison. Même si ça fait mal, c’est la vérité. Si on veut s’améliorer, il faut gagner en efficacité dans les trente derniers mètres. On peut regretter un manque de justesse dans le jeu combiné. Si on est meilleur dans ces domaines, on pourra améliorer notre classement la saison prochaine, ce qui est l’objectif. En attendant, cette saison était celle de l’inconstance avec trois quatre premiers mois difficiles, une embellie sur trois mois et une fin de saison plus difficile. »

Quand tu as été malade comme on l’a été, tu ne fais pas un sprint de 100 mètres le lendemain

Le point positif de la saison de l’Amiens SC

« Ce qui a été positif, c’est notre mercato en août, il a été bon et on aurait certainement pas pu l’avoir en juin. Il y a aussi le fait de se repositionner. Quand tu t’appelles Amiens, que tu es vingtième, tu ne fais pas le malin, tu n’es pas formaté pour ça. L’ensemble du club, les supporters, la presse, les partenaires, les dirigeants, personne n’attend ça. Il faut se repositionner sur des objectifs bas, prendre des points, remonter au classement. Tu es content quand tu te retrouves quatorzième ! Après, tu t’accroches. Quand tu as été malade comme on l’a été, tu ne fais pas un sprint de 100 mètres le lendemain. On a traversé une période au cœur de l’hiver à domicile où les gens ont été servis. Ca a été impressionnant et c’était vraiment sympa. »

Le point négatif de la saison de l’Amiens SC

« J’ai été surpris par le pléthore de joueurs qu’il y avait quand je suis arrivé. Sur les premiers tests que l’on a faits en début de saison, dix-sept joueurs sont partis depuis. On teste des joueurs qui partent ! A part filer les résultats à leur nouveau club, je ne vois pas l’intérêt. J’ai l’espoir que ça ne se passera pas comme ça cet été. On sait que l’on met les pieds dans un club qui vient de descendre, c’est tout frais. Il faut le comprendre, l’accepter et faire en sorte que ça aille mieux l’année prochaine, que ça corresponde à ce dont j’ai envie pour bien travailler. »

Un parcours à domicile insuffisant 

« Le bilan est largement insuffisant, un peu comme le dernier match contre le Paris FC qui est un peu à l’image de la saison. Quand on affiche un bon visage, qu’on a un bon comportement, qu’on rend une bonne copie, on peut se dire que ce n’est pas si mal même si on peut avoir des regrets. L’accumulation de victoires à domicile pendant trois mois nous a aussi fait du bien et nous a permis de nous maintenir. Il faut surfer sur ça et réfléchir à ça en prévision de la saison prochaine. Comment on a fait ? Quels ingrédients on a mis pour marquer ? Il y a des leçons à tirer. Ce serait bien aussi de ne pas attendre le sixième ou septième match à domicile pour commencer à gagner. »

Des difficultés à gagner à l’extérieur 

« On n’a pas perdu tant que ça. A un moment donné, on fait des nuls parce qu’on rate l’opportunité de tuer les matches sur des buts qui paraissent faciles à marquer. La victoire à Valenciennes a été logique. Quand on fait des prestations comme ça, on arrive à gagner et avec un peu plus d’efficacité à l’extérieur, on aurait pu gagner deux ou trois matches de plus. Il faut aussi qu’on améliore notre comportement à l’extérieur, notre faculté à gagner à l’extérieur.

Amiens SC Hinschberger
Loic Baratoux/Icon Sport

Le meilleur match de la saison de l’Amiens SC

« Le match de Dijon est pour moi le meilleur de la saison, c’est clair. Je l’ai revu, analysé, on doit le gagner 3 ou 4-0 mais tu traînes, tu te mets un but tout seul. C’est l’image des difficultés que tu peux rencontrer à certains moments. »

Une première saison qui doit servir pour la suite 

« On est en mesure d’attendre mieux de l’Amiens SC, c’est une certitude. On ne va pas parler de circonstances atténuantes mais plutôt d’événements de la saison qui ont fait que ça n’a jamais été un long fleuve tranquille. Même sur la fin, on a eu un trou d’air contre Le Havre, il y a aussi eu la première mi-temps à Grenoble. On a aussi su faire un nul à Dunkerque contre une équipe qui jouait sa peau, ramener un nul de Grenoble qui n’était pas sauvé ou bien encore venir à Auxerre en donnant du fil à retordre à notre adversaire. On sait qu’on peut être une bonne équipe, mais je veux qu’on le soit dès la première journée l’an prochain. »

Des changements espérés pour la saison prochaine « 

J’insiste sur une chose, c’est le nombre de joueurs dans mon effectif. J’en veux 22 et je ne vais pas transiger là-dessus. Après, le recrutement, les joueurs qui vont partir, on aura sans doute des mouvements sur les mois de juillet et août mais il ne faut pas qu’il y en ait trop. Il faut que l’on commence notre saison avec une ossature pour avoir des repères, des références et greffer là-dessus. C’est sûr que si tu perds 75% de ton équipe-type, tu vas à nouveau être dans la reconstruction. Entre les gens en fin de contrat qui ne veulent pas rester, ceux que l’on ne veut pas garder, il va y avoir encore du changement mais on devrait avoir quelques pièces maîtresses que l’on va réussir à garder. Il faut, sur les trois ou quatre postes qui vont nous manquer, avoir des gens prêts et qui connaissent la division, sans être dans la formation de garçons qui arrivent et que l’on ait du boulot qui demande trop de temps. J’ai aussi fixé des objectifs d’amélioration à propos de notre jeu, de nos ressorties de balle.

Un recrutement à réorienter 

« Il faut des gens qui viennent pour un vrai projet sur deux ou trois ans, qu’ils soient identifiés au club et au projet. Amiens a les moyens de mettre des salaires qui peuvent être attractifs sur quelques joueurs. Il n’y a pas besoin d’avoir des latéraux qui sont payés en dizaine de milliers d’euros. Par contre si tu veux des attaquants qui marquent des buts, ce n’est pas 2000 par mois ! Entre ceux sur lesquels tu peux faire l’effort, les jeunes que tu peux intégrer et qui abaissent la moyenne salariale, le calcul est fait rapidement pour moi. »

Propos recueillis par Romain PECHON

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