Philippe Hinschberger (Amiens SC) : « Saison foutue ou pas foutue, je veux juste gagner un match »

Amiens SC Hinschberger
Gwendoline Le Goff/FEP/Icon Sport

Alors que l’Amiens SC s’enfonce un peu plus semaine après semaine, la faute notamment à une incapacité à gagner à domicile depuis le 8 octobre, Philippe Hinschberger reconnaît que la situation est de plus en plus pesante pour le neuvième de Ligue 2 avant la réception de Pau, samedi pour le compte de la 26ème journée. Entretien.

L’Amiens SC s’apprête à défier une équipe de Pau également dans le dur. Est-ce l’idéal pour stopper la mauvaise spirale actuelle ?

Nous, on a un match contre Pau samedi. Qu’ils soient en manque de résultats ou pas, pour nous, c’est pareil. Ce sont deux équipes qui sont en manque de résultats. J’espère simplement que l’enjeu ne sera pas trop important, surtout pour nous. Au-delà de ça, on cherche une victoire. On en cherche toujours quand on joue, mais là, il faut vite gagner un match. Ça fait bien trop longtemps que l’on n’a pas gagné. Ce n’est pas que nos prestations étaient mauvaises, pas plus tard que lundi, même si tout n’a pas été parfait. Encore une fois, il a fallu chasser beaucoup de frustration et de déception et repartir de l’avant. C’est toujours la même chose et on veut juste gagner un match. On cherchera donc la victoire contre Bordeaux, qu’importe la situation de l’adversaire ou le contenu de notre match. Notre objectif principal est simple de prendre trois points. Je ne pense pas que ce sera plus simple que face à Bordeaux, ce sera juste différent. Cette équipe de Pau est en manque de résultats mais pas en manque de qualité.

Ne craignez-vous pas que votre équipe finisse par baisser les bras dans ce contexte si pesant ?

Il ne vaut mieux pas ! Je vais être très attentif à ça. De la déception, il y en a. C’est comme en amour, quand tu as des déceptions amoureuses, à un moment donné tu finis célibataire. Là, c’est un peu pareil et notre meilleure maîtresse reste la victoire. C’est usant, je le reconnais, notamment psychologiquement. Lundi, après le match et mardi, c’était très dur. Ensuite, on regonfle un peu tout ça et on repart de l’avant. On a aussi besoin de nos cadres, de joueurs, de Papiss (Cissé) notamment, qui est capable d’emmener un groupe. En tout cas, on sera prêt samedi pour jouer ce match. On a chassé la déception et la frustration, avec un autre objectif qui arrive assez rapidement. Cela ne sert à rien de ressasser les deux duels aériens perdus dans les dernières minutes contre Bordeaux.

Le problème est que c’est chaque semaine ou presque que l’Amiens SC perd des duels aériens décisifs…

Si on n’est pas capable de gagner des duels aériens comme ça, on n’est pas capable de jouer au football. Prendre un but sur un centre de 35 mètres… Est-ce que nous on marque sur des centres donnés du bord de la ligne de touche ? Je ne pense pas. Alors soit on n’est pas au niveau, soit ce sont nos limites, soit on dort ! Il n’y a pas quarante solutions. En plus, on savait que (Vital) Nsimba est un bon centreur et qu’Aliou (Badji) est bon de la tête. Je prends la responsabilité sur la fin de match, j’aurais dû changer à partir du coup de tête de (Josh) Maja, quand Régis (Gurtner) fait l’arrêt.

Amiens SC Bordeaux Badji
Appartenant à l’Amiens SC mais prêté à Bordeaux, Aliou Badji y est allé de son petit but dans la victoire girondine à la Licorne /
Loic Baratoux/FEP/Icon Sport)

Comme un idiot, j’ai pensé bêtement que c’était le tournant du match et qu’on allait marquer un deuxième but. C’était complètement con (sic.) et je n’ai pas été bon. Je l’ai dit à mes joueurs, j’aurais dû faire rentrer Youssouf (Assogba) à la place de Gaël (Kakuta) et lui donner pour mission que Nsimba ne touche pas un ballon. Point final. Maintenant, on dort aussi sur cette action à la 91e où on doit avoir envie de garder ce point contre Bordeaux. Sur le premier but, Mamadou Fofana est fautif parce qu’il n’attaque pas son ballon, il le sait. Sur le deuxième but, il y a une touche pour nous, une perte de balle de Hassane (Bandé) et en une passe Michelin est seul pour centrer. Ce n’est pas qu’un problème de nos défenseurs, on a fait quatre erreurs sur cette action.

Quand on aura gagné un match, on pourra discuter. Pour l’instant, on a besoin de gagner pour être rassuré et être récompensé.

Hormis Papiss (Cissé), sur qui pouvez-vous compter dans cette période difficile ? 

Les relais sont clairement définis, ce sont les garçons qui ont un peu plus d’expérience. On avait nommé Régis (Gurtner) capitaine en début de saison, un capitaine logique par rapport à l’icône qu’il est ici. Ensuite, on avait Mamadou Fofana pour son expérience ou encore Nicholas Opoku pour gérer les Africains et les anglophones. Papiss (Cissé) et Gaël (Kakuta) connaissent très bien le football et Antoine Leautey peut s’appuyer sur son expérience à l’étranger. Ils doivent emmener ton groupe. Maintenant, leur rôle est de jouer au football, ce ne sont pas non plus des directeurs de colonie de vacances !

Il faut déjà qu’ils soient performants eux-mêmes et à partir de là emmener le reste de l’équipe. Le staff est là pour faire marcher tout ça, même si en ce moment ça ne marche pas. On se doit de proposer des solutions pour notamment faire beaucoup mieux à domicile. Deux points sur dix-huit, j’ai rarement fait ça. Même l’année dernière, c’était presque mieux. On doit montrer un visage plus conquérant et agressif, prendre plus de risques. J’ai aussi dû trop rêver qu’Aliou (Badji) allait marquer, ça m’a mis dedans. C’est aussi une histoire de confiance, quand tu ne gagnes pas tes matches, tu fais des conneries qui te mettent un peu dedans.

Quels leviers pouvez-vous encore activer pour faire réagir ce groupe ?

Il y a toujours des choses à faire. On peut donner de la confiance aux joueurs, leur rappeler qu’il faut plus de calme dans nos sorties de balle. Sur le début de match contre Bordeaux, j’ai senti une forme d’excitation et on a perdu pas mal de ballons. Il y avait aussi des contres à mieux gérer en deuxième période. Globalement, on manque de justesse parce qu’on est face à nos limites techniques de temps en temps. Maintenant, il faut continuer dans ce qu’on sait très bien faire et gommer nos erreurs. Pendant 70 minutes, on n’a pas fait beaucoup d’erreurs contre Bordeaux. On était en progrès défensivement avec ce passage à quatre qui a responsabilisé tout le monde. Je ne suis pas magicien non plus et je ne peux arriver qu’avec de petites touches. Je pense que cet aspect confiance en nous et cette capacité à marquer des buts peuvent faire la différence.

Pour beaucoup, la saison de l’Amiens SC est déjà foutue. Il ne faudrait pas que les joueurs en arrivent à penser ça ? 

Saison foutue ou pas foutue, je veux juste gagner un match. Quand on aura gagné un match, on pourra discuter. Pour l’instant, on a besoin de gagner pour être rassuré et être récompensé. On fait beaucoup d’efforts depuis quelques semaines, vous l’avez vu et noté, nos matches ne sont pas mauvais hormis à Annecy. Je ne vois pas plus loin que samedi soir pour le moment. Le reste de la saison, on verra ce qu’on sera capable d’en faire. On veut décoller des 33 points qui nous collent aux basques depuis trop longtemps.

Propos recueillis par Romain PECHON

2 Commentaires

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  1. « Alors soit on n’est pas au niveau, soit ce sont nos limites, soit on dort ! Il n’y a pas quarante solutions. » M. Hinsberger, mars 2023. Tout est dit, puisqu’on voit bien qu’ils ne dorment pas…
    Cette équipe constituée, comme tout les ans, de bric et de broc par M. Williams n’a pas de projet de jeu parce que peu de talent.
    C’est chaque année pareil, et je répète qu’elle reverra le National avant de revoir, peut-être un jour la L1, mais alors sans le tandem Joannin/Williams.
    Est-ce qu’on peut dire que G. Kakuta est catastrophique et perd au moins 4 ballons sur 5 ou il n’y a que moi qui voit ça ?

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