Moins efficace qu’à l’accoutumée, l’Amiens SC a mis du temps pour trouver la faille face à Nancy (1-0) et ainsi décrocher son huitième succès de la saison. Et si celui-ci permet aux Amiénois d’intégrer pour la toute première fois le top 10, Philippe Hinschberger voit surtout un pas important dans la quête du maintien. Entretien.
Philippe, ça a été long à se dessiner mais pas forcément illogique…
On se l’est dit à la mi-temps. Il fallait être patient, ne pas faire n’importe quoi. On a eu plus de mal qu’habituellement à trouver la faille, combiner avec nos attaquants, notamment sur la première demi-heure de la première mi-temps. J’ai trouvé qu’on manquait de mouvements, qu’on touchait des gens arrêtés, c’était un peu compliqué. Heureusement, on n’a pas subi trop de foudres à part sur une occasion de Biron sur un ballon repoussé. Je n’étais pas forcément satisfait de la première mi-temps. On a fait des choses assez prévisibles. La deuxième était plus emmenée des deux côtés. On a eu plus de phases de transitions des deux côtés. Finalement, on a une grosse occasion avec Aliou Badji qui ne frappe pas avant l’ouverture du score. Je ne sais pas si c’est sévère pour Nancy de perdre ce match, mais on a des statistiques. Ce n’est pas notre meilleur match à domicile, il faut tirer le chapeau à Nancy qui a fait un match très valeureux, a posé beaucoup de problèmes, a bien cadenassé. On a eu beaucoup de mal à trouver les bonnes solutions.
Une semaine après la déconvenue à Pau, il était important de vite rebondir pour éviter de laisser le doute s’installer..
Pau, on ne peut que le regretter encore aujourd’hui. Il reste dix matches, on a trente-six points. Il ne faut pas se relâcher, je persiste et je signe parce que si on avait fait nul ou défaite contre Nancy, on en verrait les conséquences. La semaine dernière, on n’a pas assez respecté les choses, on s’est vu trop beau, bien aidé par une bonne demi-heure et un but initial mais toujours est-il que quand on n’enfonce pas le clou, on se retrouve en difficulté. J’attendais une attitude et un comportement où on oubliait que Nancy était vingtième. Ils sont en déficit de résultat mais on a vu de la qualité dans cet effectif. Ils ont des statistiques de buts marqués et encaissés qui ne correspondent pas du tout à leur réalité. Je ne suis pas étonné du match qu’ils ont sorti ici. J’ai trouvé que ça jouait mieux au sol que nous en première période. C’était plus habile dans le jeu court.
C’est le premier match que l’on gagne 1-0 et on est content de le faire parce que ce sont des bonnes victoires.
Au regard du contexte entourant ce match, on n’imagine que vous faites fi de la manière…
On ne peut pas tout le temps gagner avec la manière ! On n’a pas marqué les buts que l’on aurait pu mettre avec certaines situations où l’on aurait pu mieux faire. C’est surtout Aliou qui doit nous ouvrir le score. Quand tu vois les buts qu’il marque il doit être capable, dans cette situation, de marquer sur une frappe croisée. L’ouverture du score plus tôt nous aurait facilité la tâche mais on ne va pas non plus mettre trois ou quatre buts à domicile à chaque fois. On aimerait bien, mais c’est tellement difficile. C’est le premier match que l’on gagne 1-0 et on est content de le faire parce que ce sont des bonnes victoires. Il faut rester sur le qui-vive, tu as peur des contres adverses, tu espères toujours que les tiens soient payants. On a été solide, c’est déjà ça, même en étant moins flamboyant. L’efficacité était moins au rendez-vous qu’habituellement mais je suis quand même satisfait de ce match face à un adversaire qui défend beaucoup, joue sa peau.
Cette victoire permet de garder vos distances avec la zone rouge…
On a envie de s’en éloigner parce qu’au détour d’une contre-performance ou deux… Le football va vite. Niort en est à six défaites d’affilée, par exemple, et ça peut arriver à tout le monde. On a perdu contre Pau, et c’est de notre faute, on aurait pu perdre contre Nancy si Biron marque, et derrière tu ne sais pas comment ça peut se passer parce que tu vas à Toulouse et l’aspect mental prend le dessus. Il faut rester très prudent par rapport à tout ça, je reste sur mes objectifs. Quand on aura quarante-deux points, on pourra peut-être être un peu plus détendu, mais j’avais pas mal de pression sur ce match de Nancy. Je suis satisfait du chemin que l’on prend aujourd’hui parce qu’il a été long. Le staff est à féliciter aussi. Emmanuel Lomotey a apporté une bonne réponse après un mois sans jouer, en faisant un match très sérieux à un poste qu’il n’affectionne pas particulièrement alors que c’est pour moi son meilleur.
Ca concrétise un beau parcours à domicile, notamment depuis octobre où on est efficace
Amiens bascule aussi pour la première fois dans le top 10. Ca peut changer quelque chose ?
C’est le fruit de notre travail et nos résultats depuis trois mois, mais si, fin septembre, on m’avait qu’on aurait trente-six points à la mi mars, j’aurais signé des deux mains. Ca concrétise un beau parcours à domicile, notamment depuis octobre où on est efficace. Ce soir, dans la difficulté, on arrive à ne pas prendre de but et c’est important. Je voulais souligner le travail de notre milieu de terrain Lusamba – Benet ainsi que Bamba, deux attaquants et Dossevi sur le côté droit. On avait une équipe très offensive. Kader était dans les bonnes zones mais Arnaud Lusamba et Jessy Benet ont aussi fait un très bon match, avec la possibilité de sécuriser devant la défense. J’aurais pu en enlever un des deux pour faire rentrer Mathis (Lachuer) ou Manu (Lomotey) et changer ma défense. Je veux aussi souligner le but de Chadrac qui était très malheureux d’avoir raté le 2-0 la semaine dernière et s’en était même excusé à la fin du match, ce qui est rare. Je lui en ai jamais voulu et il a donné la meilleure réponse. Le reste, c’est de la littérature.
Propos recueillis par Romain PECHON avec Adrien ROCHER