Dans la foulée de l’annonce de l’annulation du match amical contre Zulte Waregem, Philippe Hinschberger nous a accordé un entretien afin de faire un point complet sur le début de préparation hivernale de l’Amiens SC et fixer quelques orientations pour la suite de la saison. Entretien.
Philippe, on imagine que l’annulation du match amical de l’Amiens SC contre Zulte Waregem bouscule forcément vos plans…
On va se débrouiller autrement et sans doute mettre une séance d’entraînement à la place. C’est un match en moins, ça enlève l’objectif de fin de semaine… On n’a pas d’autre choix que de s’adapter. On est dans des températures qui font que ça devient vraiment chaud en même temps.
Avant cette péripétie, comment s’était passé le retour à l’entraînement en fin de semaine dernière ?
Très bien ! Je pense que le match de coupe de France nous a vraiment vidé les têtes pour faire partir tout le monde avec des images positives. On va dire qu’on a joué une équipe faible mais ça restait une équipe de football qui campait de ses trente derniers mètres. Je pense qu’ils se sont trompés de plan de jeu en voulant sortir le ballon de derrière. Nous, on a pu répéter notre pressing haut, avoir des récupérations hautes et marquer dix buts, ce qui n’est jamais banal. D’autant qu’on peut en marquer dix autres entre les barres et les arrêts du gardien. C’était un match très positif, qui plus est dans notre situation. Ça sentait tout sauf bon franchement. Sur le plan offensif, c’était un match de répétition générale très intéressant. Finalement, on est revenu de trêve avec beaucoup de fraîcheur. On a eu des séances dynamiques et plutôt bonnes techniquement. Depuis que je suis ici, il y a des périodes où s’est largement moins bien entraîné qu’actuellement.
A quoi a ressemblé cette première semaine de reprise pour l’Amiens SC ?
C’était un peu une demi-reprise avec beaucoup plus de volumes qu’en période de championnat, on a doublé des entraînements, on a multiplié les séances notamment cette semaine. J’ai vraiment apprécié la qualité à l’entraînement. J’ai trouvé une bonne ambiance de travail et une certaine légèreté dans nos séances.
Quel est l’intérêt d’aller passer une semaine au Maroc ?
On va au Maroc pour aller chercher de meilleures conditions climatiques, car s’entraîner par 0°C c’est chaud quand même, même si on sait que l’hiver sera comme ça. On va voir du soleil, passer six jours ensemble 24 heures sur 24, ça permet aussi de faire des activités de cohésion.
Personnellement, comment avez-vous vécu cette coupure inédite ?
Je suis parti neuf jours au soleil et je me suis occupé de rien ! Je me suis adapté à ce qu’on nous a proposé, à savoir la possibilité de couper. On va avoir une longue deuxième partie de saison mais on a aussi plus de vacances qu’habituellement à Noël depuis vingt ans. On a eu une vraie coupure de quasiment deux semaines et je pense que ça a fait du bien à tout le monde.
Estimez-vous que cette trêve est arrivée au bon moment pour l’Amiens SC qui commençait à marquer le pas en termes de résultats ?
Sur les résultats, forcément. Sur la manière, c’est différent, notamment sur les deux derniers matches à Pau et contre QRM. Je vais me répéter mais on a fait de moins bien bons matches en début de saison qu’on a réussi à gagner. On peut tout de suite penser aux matches contre Annecy, Grenoble ou Sochaux. Il y a des matches où on est passé complètement au travers, comme notre première mi-temps contre Dijon, et au bout du compte on prenait trois points. On savait être solide, ne pas prendre de but, avoir un Régis (Gurtner) qui faisait l’arrêt qui fallait au bon moment. Pour gagner des matches, il faut un alignement de certaines planètes : être capable de marquer, ce qu’on n’a pas toujours fait sur les quatre derniers matches alors qu’on a eu pléthore de situations.
Il faut être capable d’analyser plus finement ce qu’on fait.
Il faut trouver plus de justesse technique, parce qu’on en manque cruellement devant. C’est à l’image de Tolu qui est le joueur qui a le plus frappé en Ligue 2 avec 56 tirs pour 16 cadrés et 5 buts inscrits. C’est le parfait reflet de notre équipe. Défensivement, on a aussi perdu Nicholas Opoku qui était notre base de défense dans l’axe et qui nous a fait cruellement défaut pendant quatre matches, même si sa rentrée contre QRM n’était pas formidable non plus. Maintenant, c’est un mec qui n’avait pas joué depuis un mois et demi aussi. Tout ça a fait qu’on a commencé à tourner en rond. Comme dans les victoires, il faut savoir se détacher un peu du résultat, même s’il n’y a que ça qui nous intéresse au bout du compte. Il faut être capable d’analyser plus finement ce qu’on fait.
Et ainsi peut-être apporter quelques nouvelles orientations à cette équipe sans pour autant tout révolutionner…
Oui, c’est aussi des discussions avec mes collègues du staff technique. On va repartir avec du costaud en plus avec trois déplacements consécutifs à Laval et Valenciennes en championnat, avant la coupe de France. On va vite être de nouveau dans le vif du sujet. Aujourd’hui, notre priorité est de stopper la série de défaites en retrouvant de la rigueur défensive. Ensuite, il faut que je trouve comment bien intégrer Gaël Kakuta dans l’équipe tout en le faisant jouer à son meilleur poste. Depuis le début de saison, notre point fort est le milieu de terrain. On a mis 16 buts en 15 matches, ce n’est pas beaucoup avec deux attaquants. Sur nos sept victoires, c’est cinq fois 1-0, on a toujours été à la limite. On se questionne donc sur l’organisation de l’équipe, le système de jeu, en sachant qu’on est malade en termes de résultats, quatre défaites d’affilée ce n’est jamais anodin. Il faut réussir à stopper au plus vite cette série.
Pendant trois mois, on a prouvé qu’on était capable de se mêler à la lutte au haut de tableau, je ne vois pas pourquoi on ne serait plus capable de le faire.
Vous avez évoqué l’intégration de Gaël Kakuta dans cette équipe de l’Amiens SC. Visiblement votre réflexion tourne autour de la possibilité de l’intégrer dans la ligne des deux attaquants plutôt que dans le milieu de terrain…
Si je veux garder mon milieu de terrain, c’est la solution. Derrière deux attaquants, Gaël est intéressant si les attaquants prennent la profondeur. Or, ce n’est pas forcément le profil de nos attaquants. On m’explique que Tolu prend la profondeur mais non il ne prend pas la profondeur. On me dit que Papiss Cissé prend la profondeur. Il y a dix ans peut-être mais plus aujourd’hui. Jouer de la sorte m’oblige aussi à modifier mon équilibre d’équipe. A un moment donné, rajouter des joueurs offensifs c’est bien mais tu défends moins. Je m’excuse mais on est sur quatre défaites avec sept buts encaissés en quatre matches, soit à peu près deux buts par match. On ne peut pas continuer comme ça. Vouloir jouer avec 18 attaquants, c’est sympa mais quand tu perds le ballon, et comme on manque de justesse devant, c’est compliqué. Dans mon esprit et j’en ai parlé avec lui, Gaël jouera deuxième attaquant si on doit jouer un match demain. Pour lui, ce n’est pas un problème et en plus il est plus proche de la zone de vérité. C’est la vérité du jour.
Avant la trêve, vous évoquiez cette reprise durant les fêtes de fin d’année et le début du mois de janvier comme une période charnière pour l’Amiens SC. Vous n’allez pas avoir le droit à l’erreur pour entretenir des ambitions…
Fin janvier, c’est clair qu’on aura soit la possibilité de se mêler aux places d’honneur soit on sera rentré dans le rang. Ce sera difficile même si on a déjà réussi trois victoires consécutives à deux reprises. Il est évident qu’on va devoir gagner un maximum de matches pour se laisser une deuxième partie de saison intéressante. Pendant trois mois, on a prouvé qu’on était capable de se mêler à la lutte au haut de tableau, je ne vois pas pourquoi on ne serait plus capable de le faire. Maintenant, il y a du monde en face, comme Le Havre qui tape fort avec une maturité supérieure au reste du championnat. On sait que Bordeaux a du talent, je suis sûr et certain que Metz va revenir fort. Je ne parle même pas de Sochaux et Caen sans oublier des équipes surprises comme Grenoble. La reprise s’annonce terrible pour nous avec des déplacements à Laval et Valenciennes, puis la réception de Guingamp, le déplacement à Bordeaux et la réception du Havre. On va jouer de grosses équipes. Maintenant, on vient de jouer Nîmes, Saint-Etienne, Pau et QRM, des équipes qui étaient à priori moins fortes que nous et on a tout perdu. Je ne me prends pas donc la tête au sujet du calendrier.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
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