Frustré par les deux derniers matches nuls de l’Amiens SC alors que la place de leader était à portée en cas de victoire, Philippe Hinschberger veut s’inspirer de l’enthousiasme et du dynamisme suscités par le RC Lens à l’échelon supérieur afin de voir son équipe franchir encore un cap après ce bon début de saison. Entretien.
Philippe, dans quel état d’esprit abordez-vous le match à venir contre Grenoble ?
On va l’aborder comme les derniers à domicile. Ce sont des matches où on a envie de bien démarrer. On est bien rentré sur ce match du PFC que sur les précédents et gardons cette idée d’avancer sur l’adversaire, de bien presser, d’être présent dans nos récupérations au milieu de terrain. On sait qu’en deux ou trois passes on peut aller vers l’avant. On va l’aborder en voulant vraiment nous imposer sur le terrain et en mettant ce que l’on doit mettre dans un match à domicile. Il y a des choses à faire. Si en plus on pouvait avoir l’idée d’ouvrir le score et de maintenir notre avance, ce serait encore le top.
Comment expliquez-vous cette incapacité à tenir le score alors que vous êtes l’équipe qui ouvre le plus souvent la marque depuis le début de saison ?
On est responsable sur les deux derniers matches. Au Havre et contre le PFC, on peut prendre d’autres buts mais on prend des buts malheureux. Au Havre, sur un coup de pied arrêté qui était notre quatrième alerte. Il y en a cinq ou six pour eux où on est complètement à la ramasse. C’est binaire, l’adversaire connait notre système et le marquage c’est binaire, tu gagnes ou tu perds ton duel. L’objectif contre le PFC était de resserrer, ça s’est bien passé mais leur but, on prend plus de quinze passes où on est positionné. Je regrette que sur cette action, on n’ait pas montré cette volonté farouche de ne pas encaisser. Iglesias fait un super geste mais tu n’as pas le sentiment d’avoir voulu défendre le but jusqu’au bout. Je sais que c’est à l’heure de jeu, que c’est dur, mais je pense que ça vaut le coup. Ca nous empêche de prendre des points, de prendre la première place, ce sont peut-être des petites anecdotes mais pour moi, elles n’en sont pas. Tu préfères être premier à la sixième journée plutôt que vingtième. On snobe la première place depuis deux matches, peut-être qu’on l’attrapera plus tard. Ce n’est pas l’objectif prioritaire mais quand elle est là devant toi…
Ca semble quand même devenir un objectif au fil des matches…
Je regarde les matches et le classement, celui qui dit qu’il ne le fait pas, il est fou. L’an dernier, on a traîné pendant trois mois trois défaites d’affilée. A un moment donné, on joue aussi pour être au plus haut de ce que l’on peut. Quand tu as la possibilité d’attraper la première place, il faut le faire. Quand tu es premier, c’est tout con, mais les gens parlent de toi, du club, tu as un capital sympathie qui arrive, les gens viennent au stade parce qu’ils sont curieux. Ce n’est pas une fin en soi, ça c’est plutôt le contenu, mais au bout du compte tu as un classement et faisons tout ce que l’on peut pendant le match. Quand j’ai dit après Bastia qu’on était deuxième, ils ont grimpé sur la table, ils étaient contents ! Ca fait deux fois que l’on sait que si ça passe bien, tu peux faire le petit bond. Ce n’est pas une fin en soit, mais c’est une vraie piste. Là, tu es à un point du premier, et si ils ne gagnent pas mais que toi oui, tu passes devant. Peut-être qu’on sera premier vendredi, ou dans le top 3, et passer le week-end dans ces positions, ça ne me déplaît pas.
Ne craignez-vous pas que ce match contre Grenoble soit un peu fermé ?
L’adversaire viendra avec le comportement qu’il veut. S’il veut fermer, il le fera, il en a le droit. Mon modèle aujourd’hui, c’est Lens. Quand tu vois ce qu’ils font, le dynamisme que cette équipe dégage, une équipe qui colle parfaitement à la région dans sa manière de jouer. Ce qu’ils font, c’est extraordinaire. Hier, ils ont fait prolonger un joueur dans le rond central à la fin du match devant 40000 personnes ! Tu vois une communion extrêmement forte. Je connais bien Florian Sotoca et c’est un gars qui colle parfaitement aux valeurs du RC Lens. Franck Haise est un ami à moi, il entraînait en DH à Changé, voilà où je l’ai connu ! Après, il est parti sur des centres de formation et regardez ce qu’il fait depuis deux ans et avec quel engouement ! Je suis admiratif de ce qu’ils font. Ils jouent quasiment dans le même système que nous et quand je vois les attaquants et les pistons… Il faut s’inspirer du très haut niveau et de ce que les gens font. On parle du spectacle, oui, mais l’adversaire ferme, il faut être patient. On a marqué contre Annecy sans être bon dans les dernières minutes. Un match c’est 95 minutes. On ne peut pas ouvrir le score rapidement tout le temps. J’aimerais bien mener 2-0 au bout de cinq minutes !
Comment faire pour forcer le verrou dans ce genre de situation ?
C’est à nous d’agir, de mettre la pression, de les pousser à la faute, d’ouvrir le score parce que ça donne un autre match. Si tu es capable de garder le score sur les derniers matches cinq minutes de plus contre Paris, ça commence à s’ouvrir et c’est l’autoroute, mais pas que pour nous. Les matches ont l’histoire que tu leur donnes.
Propos recueillis par Romain PECHON avec Adrien ROCHER
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