Philippe Hinschberger (Amiens SC) : « Il faut qu’on se réveille ! »

Amiens SC Hinschberger
Gwendoline Le Goff/FEP/Icon Sport

Encore très marqué par la défaite de l’Amiens SC contre Metz lundi dernier, Philippe Hinschberger aimerait que son équipe apprenne enfin de ses nombreuses erreurs, histoire de ne pas passer à côté de la saison. Et pour cela, il pourrait bien procéder à des changements contre le Paris FC en guise d’électrochoc. Entretien.

Philippe, comment votre groupe a-t-il encaissé le coup dur de la défaite contre Metz ?

Mal ! Enfin, une frustration qu’il a fallu évacuer dès mardi. Il faut avancer. Ce qui est gênant, c’est que ça fait pas mal de matches où on a à peu près les choses en main, je dirais. On peut dire qu’avant de concéder le penalty, on a les choses en main. En tout cas, Metz est venu quatre fois dans notre surface en première mi-temps. Ça veut dire qu’on a réussi à les empêcher d’attaquer et qu’on a plutôt bien attaqué. Pour moi, le résumé du match se tient en deux minutes. C’est la passe manquée de Leautey sur Antiste, ce qui montre notre maladresse offensive, sans être trop vindicatif. Puis après, cette double erreur que l’on fait, avec le cadeau sur le penalty. Après, le match change. Je crois que c’est plus agaçant qu’autre chose. À part dans le discours ou peut-être un jour prochain des prises de décision plus fortes, il faut qu’on se réveille là-dessus, on ne peut pas faire autant de cadeaux défensivement. D’autant que quand on n’en fait pas, on gagne. Si on ne fait pas plus attention que ça, on va changer.

Ça veut dire casser le trio en défense ?

Oui, il n’y a pas que la défense. Après, les défenseurs sont toujours en dernière ligne, donc ça tombe sur eux. Ce n’est pas une menace, mais à un moment donné, c’est usant. Tu vas finir par passer à côté de ton objectif ou d’un objectif que tu peux atteindre, qui est d’être au contact des équipes de tête, simplement parce que tu fais des bêtises, tu ne marques pas sur tes situations. Les deux choses sont à peu près liées, je ne suis pas là pour attaquer Pierre, Paul ou Jacques.

Le problème, c’est que vous n’avez pas beaucoup de solutions de rechange si vous voulez marquer le coup…

Je crois qu’on a pris 10 points sur onze matches, c’est ça ? Donc, j’ai envie de dire, des solutions de rechanges, tu en as. Un moment donné, il faut qu’on avance, quoi. Il reste 16 matches, il n’est pas trop tard, mais il n’est plus très tôt non plus.

C’est particulier, cette défense paraît solide, mais il y a des trous d’air, des sauts de concentration. Finalement, le bilan est moyen…

Le problème, c’est que l’issue du match repose pas mal sur les défenseurs parce qu’on ne marque pas assez par rapport à nos occasions, d’où le xG (expected goals) bien supérieur à ce qu’on devrait avoir. J’ai vu que sur les cinq derniers matches à domicile, on a mis deux buts. Nous avons pris deux points contre Le Havre et Guingamp, le reste a été perdu. Globalement, tu peux te mettre un point contre Saint-Étienne si tu ne donnes pas le penalty, pareil face à Metz. Vu que tu n’as pas mis de buts, tu ne peux pas envisager de gagner. Tu peux contre Guingamp et Le Havre, car tu as réussi à marquer. Au lieu de faire trois défaites et deux nuls, tu fais potentiellement des victoires. Si tu ne faisais pas de bêtises contre Metz, tu ne savais pas comment ça allait se passer. Rien ne t’empêche de faire nul contre Saint-Étienne si tu ne provoques pas un penalty bête aussi. Ce sont des petites choses, mais au bout du compte, ça fait des points en moins. A un moment donné, ça va devenir rédhibitoire et c’est ça qui me fâche.

De quoi dire que l’Amiens SC est dans une situation d’urgence avant d’aller défier le Paris FC ?

Non, on n’est pas en situation d’urgence, on a 33 points. Globalement, si on continue notre petit bonhomme de chemin, on finira à 45 points. Si ça convainc tout le monde, le groupe de joueurs, faut juste me prévenir des ambitions qu’on a. Mais quand on a des ambitions, il faut y mettre les formes.

Justement, quelle est la tonalité du discours des joueurs de l’Amiens SC à ce sujet ? 

Les dissertations, les réunions, les prises de parole dans le vestiaire, ça ne dit pas grand-chose. J’ai plutôt des discussions avec quelques cadres de l’équipe. De toute façon, qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne leur en veux pas. C’est chiant, car on est capables de faire de belles choses, puis tu gâches. Le gâchis de points est incroyable en ce moment ! Tu vois Grenoble, les points qu’ils prennent actuellement, les buts qu’ils mettent, des buts de raccrocs, mais bim, ça gagne 1-0 et ça prend trois points. C’est un exemple.

J’entends que j’accuse les joueurs, mais pourtant je me mets dedans, je suis le premier accusé. Moi, j’assume. Mais ce n’est pas moi qui vais faire les erreurs de relance ou de penalties.

Avez-vous le sentiment de ne pas apprendre de vos erreurs ?

C’est assez répétitif. Le problème est assez simple : tu mets un but par match, ou zéro but. Tu vas gagner à Laval et à Niort, tu en mets trois et trois. Donc vous allez me dire « oui ils sont derniers, machin, tout ce que vous voulez », mais tu peux aussi perdre 2 à 0 à Niort au bout de dix minutes. Ce sont des matches que nous arrivons à faire tourner en notre faveur en donnant une impression de maîtrise et de solidité. Cette impression, tu l’as eue sur la première mi-temps de Metz. Tu fous tout en l’air en faisant des conneries simples (sic). J’entends que j’accuse les joueurs, mais pourtant je me mets dedans, je suis le premier accusé. Moi, j’assume. Mais ce n’est pas moi qui vais faire les erreurs de relance ou de penalties. Ce sont des choses à ne pas faire.

Quelle est la prise de l’entraîneur dans ce genre de situation ?

C’est de garder la confiance, d’emmener les gens, de guider, d’amener vers des choses meilleures, de regagner un match, deux matches, trois matches pour recoller. Il va y avoir des périodes clés d’ici la fin de saison, il reste 16 matches, mais il y en aura. Les mois d’avril et de mai seront importants si nous sommes encore bien classés, avec des choses à faire. On verra bien d’ici là. Le rôle de l’entraîneur, c’est ça, faire comprendre les bêtises que l’on fait. Tout faire pour en faire moins. L’entraîneur est un réducteur d’erreurs. Ce n’est pas d’amener son équipe à jouer du mieux possible, tout ça c’est le monde des bisounours. Si jamais on ne s’améliore pas, le rôle de l’entraîneur et de trouver des solutions.

J’ai juste du mal à m’expliquer pourquoi on retombe toujours un peu dans les mêmes travers.

Philippe Hinschberger Amiens SC
Maxime Le Pihif/FEP/Icon Sport

Quand l’entraîneur n’est pas bon, le patron ne se pose pas de questions, il trouve des solutions. Il nous demande que ça aille mieux et si ce n’est pas le cas il te demande de partir. Ce n’est pas compliqué. J’ai aussi des comptes à rendre. Je n’ai pas envie d’entendre en fin de saison qu’on avait l’équipe pour monter et que je n’ai pas fait mon boulot. Je saurais prendre mes responsabilités pour faire des changements dans l’équipe. Que ce soient des joueurs, un système ou n’importe quoi. C’est mon rôle aussi. À partir du moment où tu ne gagnes pas tes matches… On a gagné il y a 15 jours, on ne va pas non plus pleurer. Actuellement, c’est quand même invraisemblable de ne pas gagner nos matches à domicile.

On a le sentiment que vous avez pris, à titre personnel, un sérieux coup sur la tête après cette défaite de l’Amiens SC contre Metz…

Non, je ne dirais pas un coup sur la tête. J’ai juste du mal à m’expliquer pourquoi on retombe toujours un peu dans les mêmes travers. J’aimerais juste qu’on soit un peu plus déterminés et concentrés pour défendre notre but quand on a besoin de le faire. Comme vous l’avez souligné, on ne prend que des buts de merde (sic) depuis dix matches. On prend des buts à la con et on ne marque pas les mêmes ! J’aimerais bien qu’on se mette au niveau de difficulté qu’on peut avoir quand on joue les défenseurs adverses, d’autant plus qu’on a des bons défenseurs qui savent très bien le faire. Quand on doit marquer, il faut aussi savoir marquer. Il faut avancer, regarder devant, préparer le match contre Paris et ne plus trop gâché.

Propos recueillis par Romain PECHON avec Pavel CLAUZARD

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