Philippe Hinschberger (Amiens SC) : « Ecoutez-nous, on n’est pas là pour vous emmerder ! »

Amiens SC Hinschberger
Maxime Le Pihif/FEP/Icon Sport

Encore marqué par la défaite à Nîmes, Philippe Hinschberger a tenu à appuyer là où ça fait mal au moment de se projeter sur Saint-Etienne, un match qui doit démontrer que son équipe a enfin retenu les leçons des dernières semaines. Entretien. 

Philippe, ce match contre Saint-Etienne doit-il être plus qu’un simple match de gala ? 

On a toujours envie que ce soit une belle fête… La dernière fois que j’ai joué Saint-Etienne, je crois que c’est le match de la remontée en Ligue 1 en 2004. On joue une équipe qui a une renommée sans équivalent en France. Une fois que tu as enlevé tout ça, tu vas voir un match contre une bonne équipe de Saint-Etienne, qui est assez paradoxale puisque c’est la deuxième meilleure attaque et la moins bonne défense. En tout cas, même avec l’absence de Krasso, ce qu’ils peuvent faire devant le but va nous donner du boulot. Je m’attends à un match très difficile. Ce sera un match de gala, parce que tu vas voir du monde de Saint-Etienne arriver, un stade de la Licorne qui devrait être plein et un match à une heure que tout le monde peut regarder. J’espère qu’il fera beau pour que ce soit un très bon match, au-delà même du résultat.

D’autant qu’on peut imaginer l’Amiens SC plus libéré et moins sous pression que l’AS Saint-Etienne…

Chacun ses problèmes ! L’an dernier, on était à peu près à cette même place avec un nombre de points similaire. J’imagine donc tout à fait la difficulté que peut rencontrer Laurent (Batlles) avec son staff et l’ensemble du club. Ils manifestent une envie de bien faire qui est énorme, ils ont des faits contraires, des vents contraires dans certaines circonstances. En tout cas, c’est une équipe qui inspire un profond respect. De notre côté, on a la chance et le bonheur d’être dans les quatre-cinq premiers constamment. J’aimerais juste que ça puisse nous porter dans nos têtes, ce qui ne s’est pas du tout passé la semaine dernière à Nîmes.

Ce match vous reste encore en travers de la gorge…

Lundi, on a été obligé de revisionner des choses pas très agréables. Je veux bien tout comprendre mais il y a quand même des limites qu’on a allègrement franchies en première période à Nîmes. Si on avait fait notre match pour le gagner, aujourd’hui on serait premiers tous seuls ! Je le répète mais dans une saison, dans une carrière quand tu as la chance – comme c’était notre cas la semaine dernière avec des matches qui sentaient la poudre pour un peu tout le monde – tu dois faire autant d’efforts que quand tu joues ta peau. La semaine dernière, Nîmes jouait déjà sa survie et on sait pertinemment ce que ce genre d’équipe va mettre dans les matches. Et encore, le match s’est très bien déroulé de ce côté-là. On a surtout aidé la tâche de l’adversaire avec nos errances défensives. J’attends juste qu’on fasse notre boulot contre une équipe de Saint-Etienne qui a un classement qui ne reflète absolument pas la valeur de cette équipe, même s’il y a forcément quelque chose qui coince pour être dix-neuvième.

Contre Dijon, c’était carnaval, c’était la fête du slip, mais ce ne sera pas tous les jours comme ça.

Il faut faire abstraction de ça, on est les premiers à jouer, il faut gagner et ensuite regarder les matches de 19 heures pour connaître le classement. C’est bête ce que je dis, parce que le classement n’est pas très important à la 13ème journée, mais on ne peut pas occulter les efforts à faire pour rester dans les premiers. J’entends d’ici et là, dans mon vestiaire, qu’on veut faire si ou ça encore faut-il avoir le comportement en conséquence. Ce n’était pas le cas lors de la première mi-temps à Nîmes. Je ne vais pas tout jeter de notre début de saison mais j’ai passé un mauvais dimanche parce qu’on avait déjà lancé quelques alertes auparavant. Au Havre, on était en largesse sur les coups de pied arrêtés défensifs alors qu’on les avait mis en alerte. Je dis aux joueurs : « écoutez-nous, on n’est pas là pour vous emmerder ! » Contre Dijon, c’était carnaval, c’était la fête du slip, mais ce ne sera pas tous les jours comme ça. A Rodez, c’était très chaud, sachant qu’on peut prendre un but à 15e seconde. Si tout ça ne sert pas de leçon un jour, c’est chiant. S’il faut en passer par la première mi-temps de Nîmes pour occulter ça et passer autre chose, je dis tant mieux. J’espère que cette défaite sera salutaire.

Vous aviez visiblement un message à faire passer à vos joueurs. C’est un moyen de les mettre devant leurs responsabilités avant ce match contre Saint-Etienne ? 

Depuis lundi, c’est comme ça. Il était temps que j’expulse ce match, parce que j’étais frustré de notre première mi-temps à Nîmes. On ne va pas vivre tout le temps sur cette première mi-temps, on va encore perdre des matches mais il y a perdre et perdre. Aujourd’hui, je vois qu’on a perdu trois matches sur douze et deux fois sur trois ce sont des matches où on est absents. On ne peut pas se permettre ça. Si tu veux rester dans les places du haut, il va falloir cravacher ! C’est le message que j’ai voulu faire passer à mes joueurs. Je pense que c’est le cas. J’ai senti des garçons concernés sur la reprise de l’entraînement et je pense qu’ils ont retenu la leçon et qu’ils ont aussi regardé les images, sachant que certaines font mal. Maintenant, à eux de faire leur boulot.

Vous avez le sentiment que les joueurs se sont installés dans une forme de confort ? 

Je ne sais pas. L’esprit humain s’installe facilement dans une forme de suffisance inconsciente. A un moment donné, tu penses que présenter sur le terrain ça suffit quand tu es bien placé mais non. Il faut des courses, de la solidarité entre tes lignes, sans ça tu ne peux pas gagner des matches. Je pense qu’on l’a oublié à Nîmes, les statistiques avec le GPS le disent aussi. Il y a des choses non discutables. Je sais qu’on va passer à autre chose contre Saint-Etienne.

Jouer Saint-Etienne, un gros club, en ouverture de la journée et avec la possibilité de devenir leader, c’est le contexte idéal pour que votre équipe se remette tout de suite en ordre de marche ? 

Que ce soit Saint-Etienne ou une autre équipe, on prend l’adversaire qui arrive. Je vois juste que nous sommes dans une condition à domicile plus qu’intéressante et on a envie d’entretenir ça. On a réussi contre Dijon mais parce qu’on n’avait pas le choix que de faire autrement que de ramer à dix contre onze. Si ce n’est pas le cas, t’es mort. Quand tu n’as pas le choix, tu es obligé de le faire et c’est bien d’y parvenir. Mais pourquoi ne pas le faire quand tu es à onze contre onze, dès le début du match ? J’espère que cette alerte sera suffisante pour nous ramener dans le bon comportement.

Propos recueillis par Romain PECHON

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *