Philippe Hinschberger (Amiens SC) : « Ça commençait à devenir pesant, ça nous soulage »

Amiens SC Hinschberger
Eddy Lemaistre/FEP/Icon Sport

Même si l’Amiens SC s’est fait peur après une première demi-heure de jeu aboutie, le club picard a enfin mis fin à sa série noire en l’emportant contre Pau (1-0), samedi à l’occasion de la 26ème journée de Ligue 2. Conscient que ce genre de prestation ne sera sans doute pas suffisant dans les prochaines semaines, Philippe Hinschberger estime qu’il fallait en passer par là. Entretien.

Philippe, on imagine que cette victoire va faire beaucoup de bien à votre équipe…

Elle fait du bien. On est content, parce que c’était notre objectif. Ce n’était pas notre meilleur match de la saison, ça ressemble même à ce qu’on faisait au début de saison. En tout cas, ça nous soulage parce que ça commençait à devenir pesant. N’oublions pas que nous étions sur trois défaites. Tu as beau dire ce que tu veux, ça débouche quand même sur une perte de confiance, même si tu ne veux pas trop te l’avouer. Notre début de match a été bon, notre première demi-heure plutôt belle, avec une vraie capacité à récupérer des ballons. On marque un joli but. Ensuite, Pau a changé des choses, ce qui nous a mis en difficulté. En tout cas, on ne va pas faire la fine bouche après cette victoire qui met l’adversaire à neuf points. On décolle des 33 points, on brise cette spirale en retrouvant la victoire. J’avais de la peine pour eux après le match de Bordeaux.

On a senti l’équipe se liquéfier un peu au fil du match…

C’est normal. Tu as des images qui te reviennent. Le but du Havre sur la fin de match, la défaite contre Bordeaux, dans les dix dernières minutes. Quand tu ne fais pas le break, tu dis que ça peut encore basculer contre toi, même sur un corner. En deuxième période, on n’a pas d’occasion pour faire la différence, ce qu’on aurait pu faire en première période. On reste donc à la merci de l’adversaire, avec des images négatives qui trottent dans la tête. C’est pour ça que je n’ai pas voulu faire trop de changements sur ce match. Contre Bordeaux, j’ai sorti Gaël (Kakuta) et Papiss (Cissé) et on s’est retrouvé sans trop d’expérience.

Il y a quand même eu un changement de dispositif en cours de match avec le retour de la défense à cinq. L’idée était de colmater un peu les brèches pour tenir le score ? 

L’adversaire a changé de système en passant à quatre derrière et en se mettant dans ses points forts à partir de la demi-heure de jeu. Ils ont eu un milieu de terrain très technique et on a eu du mal à attraper le ballon au milieu. Des joueurs sont aussi venus vers moi, ils se demandaient si on ne pouvait pas repasser à cinq. J’ai décidé de les écouter, notamment Gaël qui connaît bien le foot. Les joueurs sont au centre du réacteur, il ne faut pas l’oublier.

C’est une victoire libératrice et qui est plutôt fédératrice, ça nous a fait du bien de voir de la joie sur le terrain, dans le vestiaire.

Cette victoire va permettre à l’Amiens SC de souffler par rapport à votre situation au classement…

Oui, parce que la catastrophe existe dans le sport. Tu peux enchaîner des défaites et il y a une sorte d’engrenage qui s’installe. C’est vrai qu’on était sur trois défaites mais, j’en ai aussi parlé avec mes joueurs avant le match, on avait joué deux fois Bordeaux qui est deuxième, Le Havre qui est leader et Metz qui revient très bien et Annecy qui marchait sur l’eau à domicile. Ce n’est pas disculpant mais ça peut aussi expliquer des choses. On est donc content d’avoir plutôt bien négocié ce match, même si on a souffert. C’est une victoire libératrice et qui est plutôt fédératrice, ça nous a fait du bien de voir de la joie sur le terrain, dans le vestiaire. Quand tu perds des matches, ça discute, ça écrit, ça émet des avis sur ce qui se passe, c’est normal. C’est à toi de montrer que tu es là, que tu es présent. C’est une victoire au forceps, surtout sur la deuxième période, mais c’est bien aussi d’aller la chercher avec ses tripes. On a gagné et on souffle un peu.

Une fois le soulagement et l’émotion de la victoire derrière vous, il y a quand même ce comportement après la demi-heure de jeu avec une équipe de l’Amiens SC qui n’a fait que subir face à un adversaire qui était lui aussi en grande difficulté avant ce match…

On a subi contre une équipe qui a un très bon milieu de terrain, on le savait. Ils ont la faculté à bien jouer dans les intervalles. De notre côté, on n’a pas non plus le profil de joueurs au milieu de terrain pour mettre beaucoup de pression sur l’adversaire. On sait qu’on peut souffrir dans ce domaine et on a souffert. On a pu compter sur nos défenseurs pour être présents, même si on a pu avoir peur sur des ballons qui auraient pu être mieux négociés par Pau dans notre surface de réparation. On a eu du mal à sortir le ballon et à le sortir dans de bonnes conditions, la preuve on n’a pas eu le moindre contre en seconde période. C’est invraisemblable quand tu mènes 1-0, tu dois avoir des situations de ce genre.

On vous sent un peu vidé après cette victoire ? 

Inconsciemment, tu as beaucoup de pression en toi, tu as tellement envie que ça se passe bien. On va décompresser tranquille et bien apprécier ça avec le staff et les joueurs.

Est-ce qu’on pourra un jour, cette saison, voir à la fois une équipe de l’Amiens SC qui joue bien et qui gagne à la fin ? 

Qu’est-ce qu’on a envie de voir ? Voir un bon match de l’Amiens SC qui ne gagne pas, même si techniquement on est capable de gagner 4-0 et faire 1-1 au final ou gagner 1-0 avec un match moyen ? Tout le monde préfère gagner 1-0, même si ce n’est pas le match de l’année. A la fin, on a trois points. Maintenant, la saison n’est pas finie et on espère encore avoir le gros match. C’est difficile à expliquer, même si ce qu’on préfère à la fin est de gagner.

Propos recueillis par Romain PECHON

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