Matthieu Dossevi : « J’aurais aimé continuer à l’Amiens SC »

Dossevi Amiens SC

Actuellement en stage avec l’UNFP, Matthieu Dossevi s’exprime pour la toute première fois sur son départ de l’Amiens SC en fin de saison dernière. Déterminé à prolonger le plaisir, le milieu de terrain offensif de 34 ans pense que son ancien club peut bien figurer en Ligue 2, à condition « d’apprendre de ses erreurs ». Entretien. 

Matthieu, comment avez-vous vécu la fin de l’aventure avec l’Amiens SC ?

Ca s’est fait normalement. Le club avait besoin de récupérer un peu d’argent et ils m’ont dit qu’ils n’allaient pas prolonger certains joueurs en fin de contrat. Je leur souhaite le meilleur. C’était cool d’avoir passé une saison même si elle a été entachée de cette blessure. J’aurais voulu apporter plus et faire une meilleure saison. C’est comme ça, on ne peut pas réécrire l’histoire, j’essaye de garder le positif.

Ressentez-vous un goût d’inachevé à propos de ce passage…

C’est exactement ça. J’étais arrivé avec plein de bonnes intentions, l’envie de faire une bonne saison. Je n’avais joué en Ligue 2 et c’était un terrain inconnu, je voulais y montrer toutes mes qualités mais dès le premier match, je me fais cette rupture des ligaments qui me repousse jusqu’en mars. Entre temps, le coach a trouvé un nouvel équilibre dans un nouveau système de jeu avec des pistons et quand je suis revenu, c’était encore plus compliqué pour moi de trouver une réelle place où exprimer mes qualités parce que je ne suis pas un piston. C’est comme ça. J’essaye de garder du positif de tout ça et ça a été une saison sympa avec des supers mecs et des belles rencontres.

Avec du recul, estimez-vous avoir débuté trop tôt ?

Cette blessure fait partie de ma réflexion pour rejoindre le groupe UNFP plutôt que me préparer seul. Je me dis que c’est peut-être lié. Ne pas toucher un ballon pendant trois mois et demi, même si tu cours tous les jours, que tu fais du renforcement, il n’y a rien qui remplace des vrais appuis avec ballon à une haute intensité. Avec le recul, je me dis que c’est peut-être lié. Je préfère optimiser toutes mes chances cette saison en travaillant avec un groupe et en faisant une vraie préparation avec du ballon, en espérant que ça porte ses fruits.

Comment avez-vous vécu cette période de septembre à mars ?

Ce qui a été le plus compliqué était de ne pas savoir exactement. Normalement, en deux à trois mois, ça devait être réglé mais le problème c’est que le diagnostic a été long à trouver. De septembre à novembre, avant mon opération, ça a été vraiment frustrant pour moi. Au début, on pensait que c’était une entorse, mais comme il y avait un gros oedème, on avait du mal à voir la lésion au niveau du ligament. Quand ça a dégonflé, on a vu qu’il était bien touché. Du temps était déjà passé, ça faisait un mois de convalescence, on s’est dit qu’on laisserait passer trois semaines et ça devrait le faire de façon naturelle, mais ça n’a pas été le cas.

C’est cette période qui a été chiante et frustrante parce que tu as envie d’y retourner mais les sensations ne sont toujours pas là

J’avais toujours des douleurs et il y avait toujours des traces de lésion sur le ligament. On s’est résolu à faire l’opération. C’est cette période qui a été chiante et frustrante parce que tu as envie d’y retourner mais les sensations ne sont toujours pas là, tu ne sais pas pourquoi. Normalement, un ligament met six ou sept semaines à se régénérer et être viable. J’ai fait partie des rares exceptions où il ne s’est pas remis tout seul et il a fallu une intervention chirurgicale. Une fois que cette opération était actée, j’étais un peu plus fixé, j’avais mes objectifs de calendrier et j’étais lancé. Mais tant que je ne l’avais pas, c’était chiant.

Vous n’avez donc jamais douté sur votre capacité à revenir une fois cette période de doute passée…

Tant que les sensations sont bonnes, non. Les choses se sont faites naturellement après l’opération, j’étais bien encadré, j’ai poursuivi ma rééducation à Clairefontaine qui a aidé aussi. Je n’ai pas eu de soucis là-dessus.

Puis à votre retour il y a ce but gag…

J’espère que ça restera quelque chose d’anecdotique et de marrant vu le gag du but. Ca fait partie des aléas d’une saison. Ce qui m’a laissé des regrets c’est que ce but nous a retiré la victoire. Si on avait gagné 2-1, pas de problème, mais là, ça arrivait à la dernière minute pour une égalisation sur un match globalement maîtrisé de bout en bout. C’est ça qui a été le plus triste dans ce but. Ca restera anecdotique.

Finir quatorzième, c’est un gros gâchis…

Il y avait mieux à faire mais le début de championnat a conditionné tout le reste, malheureusement. Le train était parti, et quand on s’est lancé, on était déjà en novembre. J’espère que le club va apprendre de ses erreurs pour créer un groupe plus rapidement pour débuter le championnat dès le mois d’août et pas forcément en octobre. Quand il y a dix, quinze points de retard, c’est compliqué pour rattraper par la suite. On a fait un bon parcours par la suite mais le début de championnat nous a pénalisé pour le reste.

Dossevi Amiens SC
Matthieu Dossevi lors de la déroute de l’Amiens SC à Toulouse (6-0) au mois de mars. Romain Perrocheau / FEP / Icon Sport

Ce début de saison explique-t-il la fin en roue libre ?

Peut-être, oui. C’est peut-être quelque chose d’inconscient parce que je n’avais pas la sensation qu’il y avait du relâchement sur quoique ce soit. Le groupe était concerné, les entraînements étaient de qualité. Je pense qu’il nous a manqué le brin de réussite sur certains matches pour continuer la marche en avant. Cette fameuse réussite que l’on a eu pendant trois mois où on ouvrait le score à domicile sans que ce soit forcément mérité et derrière on enchaînait. On a eu plus de mal en fin de saison avec cette réussite qui nous a fui. On dominait certains matches mais on ne marquait pas, derrière on poussait mais on avait du mal, on prenait un but. Je pense que c’est plus un manque d’efficacité, surtout à domicile, pour continuer la marche en avant plus qu’une question de motivation ou d’implication.

Aviez-vous envie de rester à Amiens ?

J’aurais aimé continuer, oui. Déjà sur un plan personnel avec la fierté. Quand tu arrives dans un club, on te fait confiance et tu te blesses sans pouvoir apporter ce que tu penses pouvoir apporter. Tu es revanchard et tu as envie de faire autre chose, de continuer, de montrer tes qualités. C’est comme ça. Le coach m’a dit qu’il allait sûrement reconduire le même schéma tactique et ça m’a dit que j’allais pas forcément avoir ma place. Malgré tout, on te pousse un peu à partir. Tu as envie de rester mais les choses font que, sportivement ou financièrement, ils n’avaient pas forcément besoin de moi.

Avez-vous pensé à arrêter votre carrière ?

Tant que les jambes et la tête sont là, je continue. Ma blessure est réglée, je ne traîne rien, je suis en forme, en pleine possession de mes moyens et je suis prêt à rebondir, trouver un nouveau challenge et prendre du plaisir tant que je peux en prendre.

Je ne me ferme aucune porte (…) Il faudra trouver le bon compromis entre le financier, le sportif et le familial.

Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre part au stage UNFP ?

Ne pas travailler simplement avec un préparateur physique. J’ai l’opportuinté d’être avec du monde, c’est plus intéressant. C’est un bon moyen de se montrer, de montrer aux gens que je suis disponible et surtout prêt.

Comment se passe ce début d’été avec l’UNFP ?

C’est identique à une reprise avec un club. On est dans des super conditions, on a fait un stage de cohésion militaire en forêt de Versailles qui était très enrichissant. Le groupe est cool, un peu jeune. Il y a un super état d’esprit parce qu’on est tous là dans le même objectif. Il y a une cohésion naturelle qui se fait.

La priorité est-elle de poursuivre votre carrière en France ?

Je ne ferme aucune porte. On a eu déjà pas mal d’expériences à l’étranger avec ma famille que l’on a aimé et on est ouvert à tout. Après, on ne va pas partir dans des projets compliqués non plus qui peuvent amener à tout chambouler, surtout pour les enfants. Il faudra trouver le bon compromis entre le financier, le sportif et le familial.

Amiens SC Joannin
Bernard Joannin aurait tout intérêt à construire un effectif rapidement selon Matthieu Dossevi / Jonas Denis – Le 11 HDF

Beaucoup de joueurs passant par ces stages trouvent un club, ça doit jouer dans la réflexion…

L’UNFP nous met dans des super conditions, on joue des matches amicaux très intéressants. On va jouer Valenciennes, Auxerre, Sochaux, le Paris FC, Clermont et c’est cool pour nous. Ca nous maintient en forme physiquement, on sera dans des conditions de match et ça nous permet aussi de nous montrer, nous valoriser, les clubs peuvent nous voir. C’est tout bénéfice.

Comment voyez-vous la suite pour Amiens ?

Ca va dépendre de la gestion du mercato. S’ils arrivent à avoir un effectif complet très rapidement, il y a tout à Amiens pour viser le haut du tableau. J’espère qu’ils vont apprendre de leurs erreurs à ne pas faire un mercato trop tardif pour ne pas être pénalisé au début du championnat. La Ligue 2 devient de plus en plus exigente avec des grosses écuries. Bordeaux et Saint-Etienne sont descendus, ça fait beaucoup d’équipes qui sont des ex-pensionnaires de Ligue 1, c’est devenu une Ligue 1 bis. Il faut être prêt le plus rapidement possible, créer le meilleur groupe possible, faire une alliance entre jeunes et anciens pour aller le plus haut possible.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre carrière ?

Eviter les blessures, déjà. Quand on sort d’une saison avec, c’est la première chose à laquelle on pense. Après ça, retrouver un club, continuer de s’épanouir dans le métier que l’on aime.

Tous propos recueillis par Romain PECHON avec Adrien ROCHER

2 Commentaires

Commenter
  1. Oui et s’il est vrai que le club a beaucoup de progrès à faire pour préparer correctement ses intersaisons et bien débuter son championnat, M. Dossevi n’est pas non plus exempt de tous reproches. De mémoire, il s’est retrouvé dans la liste des punis pour retards excessifs, alors qu’il reprenait à peine après sa blessure, qui avait déjà pénalisé le club. On ne sait peut être aussi pas tout.
    Compte tenu de son vécu, et donc d’un certain « standing », ce genre de PB n’est pas trop compréhensible……
    Donc à chacun de balayer devant sa porte.

  2. De mémoire il avait signé fin août à l’asc.

    Si il avait été approché en début de Mercato serait il venu ? Ok attendait il les derniers instants en espérant accrocher un meilleur club que l’asc ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *