Réputé pour être un puriste, Marcelo Bielsa n’apprécie guère la trajectoire prise par le football mondial depuis plusieurs saisons. Selon l’ancien entraîneur du LOSC, actuellement en lice à la Copa América avec l’Uruguay, l’heure du déclin est même à l’ordre du jour. Explications.
Marcelo Bielsa critique le football business
Si Marcelo Bielsa continue de faire parler de lui sur le continent européen, ayant mis fin au parcours du Brésil à la Copa América avec l’Uruguay, l’ancien entraîneur du LOSC avait avant ça fait part de son mécontentement en conférence de presse, critiquant sans retenue le football business : « Qu’est-il arrivé au football ? Que s’est-il passé avec ce football, qui est essentiellement une propriété populaire ? Les pauvres ont très peu accès au bonheur parce qu’ils n’ont pas d’argent pour l’acheter. Le football, parce qu’il est gratuit, est d’origine populaire. Ce football, qui est l’une des rares choses que les plus pauvres gardent, ils ne l’ont plus ».
« Je suis certain que le football est dans un processus de déclin, c’est-à-dire que de plus en plus de gens regardent le football, mais qu’il devient de moins en moins attrayant parce que ce qui a fait de ce jeu le premier jeu au monde n’est pas privilégié, poursuivait Marcelo Bielsa. Si vous laissez beaucoup de gens regarder le football, mais que vous ne protégez pas le plaisir de ce qu’ils regardent, cela favorise le business, car le business est que beaucoup de gens regardent le football ».
Le football en perte d’identification ?
Mais partant du principe que « de moins en moins de footballeurs valent la peine d’être vus et que le jeu produit est de moins en moins agréable », Marcelo Bielsa estime que « cette augmentation artificielle du nombre de spectateurs va être interrompue ». Relancé sur l’intronisation de la technologie, avec notamment l’arbitrage vidéo, le sélectionneur de l’Uruguay n’y est pas allé de main morte : «Pour moi, cela fait beaucoup de mal au football. Ce sport a une particularité : lorsqu’il devient complètement prévisible, il perd de son attrait ».
Pour lutter contre cela, el Loco estime qu’il faut revenir à l’essence même du football, qui « n’est pas cinq minutes d’action, mais bien plus que cela ». « C’est une expression culturelle, une forme d’identification. Dites à un Uruguayen de regarder les moments forts de la Celeste… Il y en aura de plus en plus, mais cela n’a rien à voir avec l’essence qui a permis à une population de tomber amoureuse du signe d’identification le plus significatif qu’un peuple possède. Ce que nous devrions tous faire, c’est ignorer ce scénario qui nous est proposé où la controverse, la discussion, l’accusation, la détermination de la responsabilité, deviennent une obsession qui détériore le climat dans lequel le football doit être joué ».
Une vision certes romantique mais tellement plaisante du football, qui est malheureusement de moins en moins un jeu – avec pour objectif de donner du plaisir à ses fans, mais de plus en plus une entreprise où le résultat sur le terrain et rentabilité en coulisses emportent tout.
Crédits photo : Sam Navarro-USA TODAY Sports/Sipa USA – Icon Sport