Président du district de la Somme, Marcel Glavieux a répondu aux questions du 11 Amiénois afin de faire la lumière sur l’application des directives fédérales sur les championnats départementaux. Plus que de simples montées et descentes, c’est une véritable révolution qui se prépare. Entretien.
Marcel Glavieux, quelle est votre réaction à la décision de la FFF de stopper la saison au niveau amateur ?
C’est bien qu’il y ait une décision nationale. Ça occupe notre préoccupation et celles des clubs qui sont attentifs au devenir du football. Nous, ça nous conforte, parce qu’on sait qu’il va y avoir des mécontents, et c’est normal puisque lorsque la saison n’est faite qu’à moitié, ça laisse des traces en fonction du placement. Certains sont heureux, d’autres malheureux. On ne peut pas résoudre le problème pour satisfaire tout le monde. A circonstance exceptionnelle, décision exceptionnelle, il faut l’accepter.
C’était clairement la décision la plus sage qui vient d’être prise…
C’était très compliqué. On a fait des projections mais très vite j’ai compris qu’on ne jouerait plus, c’était la meilleure décision à prendre. Noël Le Graët a aussi été très intelligent, sachant que les professionnels voulaient rejouer à tout prix, il n’a pas voulu opposer les professionnels aux amateurs. Les dirigeants du club amateur n’auraient pas forcément compris, dans un premier temps, pourquoi les professionnels pouvaient envisager une reprise et pas le monde amateur. Le président de la FFF a donc attendu des avancées concrètes, de connaître les dates de confinement, pour prouver qu’on ne pouvait plus jouer. C’est la raison pour laquelle on a attendu avant de prendre une décision. De notre côté, on peut dire que la Somme est bénéficiaire de ce règlement. Avant l’arrêt des compétitions, on partait sur cinq descentes de R3 en D1. Finalement, nous n’enregistrons que deux relégations.
Cette décision va plutôt dans le sens des Districts qui composent les Hauts-de-France, même si vous auriez aimé ne pas avoir de relégation…
On n’en voulait pas, on s’est battus corps et âme avec les présidents de District, Bruno Brongniart (ndlr : président de la LFHF) en a fait de même avec les présidents de Ligue. La semaine dernière, on était presque assurés de gagner, mais le président Le Graet ne voulait pas de différenciation au niveau national parce que la moindre modification peut être sujette à contentieux. Ca nous soulage parce qu’à un certain moment, on s’attendait à cinq descentes, et finalement on n’a que deux descentes de Ligue. Notre décision, c’est qu’il n’y a qu’une seule descente par groupe en District.
Concrètement, comment allez-vous procéder pour l’application des montées et des descentes ?
On ne peut pas encore donner les noms des équipes qui montent et qui descendent car la Fédération nous a demandé de nous assurer qu’il n’y aura aucun contentieux. Il faut voir avec toutes les règles mises en places. On va faire un comité prochainement lorsqu’on aura plus d’assurances. Hormis certains points, les clubs savent leurs positions.
La D1 apparaît comme un cas épineux si vous procéder au nombre total de montées prévus, vous ne pourrez pas respecter l’engagement d’avoir 14 clubs au maximum…
Il y avait un souhait formulé déjà par certains clubs depuis quelques années de faire des groupes de dix équipes. Compte tenu que chaque année on a des problèmes climatiques, de coupe de France, je vais proposer des groupes de dix à tous les niveaux, donc il y aura deux groupes de D1. Ça permettra de faire une phase « automne » jusque fin novembre. Ensuite, il y aura une trêve jusqu’en mars qui permettra de faire des opérations locales, principalement dans le futsal, puisque c’est souhaité par la fédération, et ensuite, à partir de mars, on reprend la compétition avec une phase de printemps. Ça permettra de régulariser nos compétitions parce que depuis quelques années, nos championnats se terminent à l’arrachée. Ce n’est pas normal. Ce sera plus régulier maintenant. Il faut aussi prendre en compte l’état des petits clubs ruraux, car il y a un risque de démobilisation au regard de la situation sportive et sociétale actuelle. Cette épidémie laisse des traces. Il faut envisager prudemment le retour à la compétition. Restons prudents. On connaît la situation, et on a quelques mois pour envisager la reprise des compétitions.
Vous allez donc procéder à plus de montées qu’initialement prévu…
Tout à fait ! En partant du principe d’une seule descente par groupe, on procédera à autant de montées que nécessaires pour attendre le seuil de dix équipes par groupe au sein de chaque division. Avec cette réforme, la D7 sera supprimée puisque l’on va puiser dedans. C’était une volonté puisque la fédération ne voulait plus voir de District avec plus de six niveaux. Ça permet de se régulariser un petit peu. Je suis attentif aussi pour les petits clubs qui ont de petits sponsors qui vont avoir du mal avec la situation financière. Ce sera une lourde préoccupation pour mobiliser tous les acteurs et maintenir ces outils associatifs dans les zones rurales.
Concrètement, il n’y aura plus que des groupes de dix clubs, de la D1 à la D6…
Oui et il va y avoir des mécontents parce que l’application des quotients fait qu’un troisième va pouvoir monter à la place d’un premier ou un deuxième parce que malheureusement, certains ont fait sept matches, d’autres dix, mais le coefficient est impératif, on ne peut pas faire autrement. Il y aura certainement un souci en D4 où trois clubs ont un même quotient. On a une réunion demain matin avec la FFF pour définir les règles pour les potentiels contentieux qui pourraient arriver.
Les quotients sont prioritaires et les groupes sont désormais cassés ? Les groupes formés à la base n’existent plus pour établir le classement ?
C’est une règle définitive au niveau national ! Quelle que soit la situation, on arrête au 14 mars et c’est le coefficient qui prime. Et il y a des troisièmes qui pourraient monter à la place de certains premiers d’autres groupes. On a fait des projections, et il y en aura. Depuis quinze jours, on savait la direction prise, mais tant que ce n’était pas officiel, on ne pouvait pas analyser ni commenter.
Qu’en est-il du règlement qui stipule qu’il faut au moins de deux divisions d’écart entre une équipe fanion et sa réserve ?
Il entre également en vigueur dans l’application du règlement fixé pour les montées et descentes au niveau de la Ligue et du District. On applique toutes les règles habituelles. C’est une des raisons pour lesquelles on va encore attendre avant de divulguer la liste des montées et des descentes. Ce qui a été acté c’est le nombre de 24 montées et de 8 descentes au niveau de la Ligue. Le président de la FFF ne veut pas qu’il y ait des groupes composés de plus de quatorze clubs. Quand le cas de figure se présente, un groupe supplémentaire sera créé (ndlr : ce sera le cas en Régional 1). Ensuite, il faut garder en tête qu’il faudra rééquilibrer le tout la saison prochaine. Pour autant, il faudra tâcher d’amoindrir les descentes.
Craignez-vous que des clubs ne parviennent pas à se relever de cette crise ?
C’est quasi sûr qu’on aura des victimes de cette crise. En même temps, j’ai certains clubs qui demandent à repartir la saison prochaine, je pense à Quesnoy-le-Montant. Dans certaines communes plus rurales, avec l’âge avancé des dirigeants, ça s’annonce plus compliqué. Globalement, la priorité sera aussi donnée au travail, à l’éducation, tout en sachant qu’on risque d’être confronté à un chômage élevé. Le sport ne sera plus une préoccupation prioritaire. On a un gros chantier devant nous !
Quelles mesures seront mises en place sur le plan financier pour aider les clubs ?
La FFF souhaite donner un plus à tous les petits clubs, donc il y aura des crédits apportés au club. On ne donnera pas de matériel, d’équipement ou de subvention mais des crédits pour bien montrer l’impact apporté par les différentes instances vis-à-vis des clubs. Il y aura des frais d’engagement diminués, peut-être quelque chose pour les licences pour amoindrir le coût, parce qu’ils n’ont pas eu d’entrées d’argent, et ils sont en difficulté. Ils n’auront pas forcément les subventions de mairie. Nous sommes dans une période de municipales et j’espère que les prochains maires seront dans une optique « football ». On est dans une période de grand doute et de grande réflexion. Il y a un gros chantier qui s’installe cette année.
Cette crise doit permettre de mener une réflexion large sur l’organisation du football départemental…
Totalement ! C’est l’occasion ou jamais parce qu’on voulait réorganiser depuis quelques années. On est tributaires de la fédération, qui a des exigences et décline toutes les situations, et on est contraints et forcés d’adopter ces règles. Parfois, les clubs nous reprochent d’être assez directifs, mais on ne peut pas faire autrement parce que ce sont des règles fédérales qui s’appliquent. Cette réorganisation va nous conforter dans notre souhait d’aider les zones rurales et les clubs. Aujourd’hui, on est face à une situation exceptionnelle, on n’a jamais connu ça, on s’adapte. On espère que la situation va s’améliorer, qu’il n’y aura plus ce genre de pandémie. En attendant, notre travail est de trouver les meilleures solutions pour aider les clubs et ne pas gâcher tout ce qui a été fait ces dernières années. Le football reste un lien de vecteur social très important. Il le sera encore plus à la sortie de cette crise.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
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