Luka Elsner (Amiens SC) : « C’était ahurissant de neutralité »

L’entraîneur de l’ASC dresse un bilan implacable à l’issue de la défaite contre le Paris FC : son équipe a été incapable de bien sortir les ballons, d’être juste techniquement et de faire mal offensivement. Le chantier est aujourd’hui immense pour le relégué. Entretien.

Luka, vous avez clairement donné le bâton pour vous faire battre…

Oui…Déjà qu’on est dans une instabilité assez profonde dans la recherche de notre équipe, si en plus derrière on offre les buts de cette manière, le match devient compliqué à gagner. Je suis sensiblement agacé par notre réalité, à savoir qu’on recommence une nouvelle étape dans la construction de l’équipe, avec probablement une des lignes défensives les plus jeunes d’Europe, avec des garçons qui n’ont que quelques matches en professionnel. Malgré tout, ils ont bien tenu le choc mais on ne peut pas avoir des choses claires aujourd’hui. Les joueurs sont aussi frustrés par le manque d’automatismes et de certitudes. Pour l’instant, c’est compliqué de gagner des matches et d’en même temps construire. La saison est encore longue mais il ne faut pas perdre des matches comme ce soir (ndlr : samedi). On ne pourra pas tous les gagner mais on ne peut pas les perdre de cette manière.

Cette reconstruction doit vraiment s’accélérer maintenant…

Saman (Ghoddos), avec qui on avait construit pas mal de choses durant la préparation, va probablement partir, ce qui influence le système avec lequel on joue. Stephen (Odey) vient tout juste d’arriver, Moussa (Konaté) est en phase de recyclage et il est malheureux sur l’erreur du deuxième but. Cela ne fait que deux semaines qu’il est avec nous… On ne peut pas faire de la magie et demander aux joueurs d’être magiciens, de se trouver, d’être niquel dans les passes et les déplacements. Cela demande du temps. Si on n’a pas le penalty, je ne pense pas que notre fin de match soit beaucoup plus franche. Elle l’a été parce qu’on a eu un petit coup du sort en notre faveur. Cela nous permet de terminer notre match sur une note correcte mais mon dieu que c’était pauvre.

Pourtant, la plupart des joueurs de l’animation offensive étaient déjà là l’an dernier…

Pour qu’on puisse toucher ces joueurs, il faut qu’on arrive à ressortir le ballon dans de bonnes conditions. On a eu du mal à le faire aujourd’hui. On peut essayer de chercher long Moussa (Konaté) et Cheick (Timité) et de tenter de gagner les duels, mais pour l’instant dans l’animation c’est compliqué pour nous de franchir les lignes adverses proprement pour mettre les attaquants dans de bonnes conditions. Si on ne frappe pas au but, c’est aussi parce qu’on n’amène pas le ballon dans la zone offensive correctement. Pour l’instant, c’est inquiétant. J’ai essayé de modifier les choses en faisant des changements, mais ça n’a pas été au bout. Je suis persuadé aussi que si on ne donne pas les deux buts ce n’est pas forcément le même résultat. Après, on n’a pratiquement pas tiré au but, soit parce qu’on n’était pas bons techniquement, soit parce que les duels n’étaient pas gagnés. C’était ahurissant de neutralité. C’est un problème collectif, on ne peut pas cibler uniquement les quatre de devant. Malgré tout, il faut qu’ils soient à même d’en donner plus, mine de rien les choix vont se faire petit à petit et certains vont voir leur chance passer.

Finalement, le Paris FC est le reflet de ce qu’il faut faire en Ligue 2…

Certainement, avec neuf points au compteur et neuf points mérités, ils démontrent des principes qui fonctionnent. Je ne les ai pas trouvés extraordinaires, ils ont su exploiter nos erreurs et bien maîtriser la partie défensive. Cela a bien suffi pour empocher les trois points. C’est une manière de fonctionner très viable en Ligue 2.

Propos recueillis par Romain PECHON

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