À l’occasion d’un excellent reportage de nos confrères de 90 Football revenant sur le parcours de Lucas Chevalier, de nombreux témoins de son développement ont prêché la bonne parole pour décrire le portier lillois. Ce dernier aurait d’ailleurs pu ne jamais connaître le LOSC. Mais son amour pour les Dogues et ses qualités déjà impressionnantes à l’adolescence ont fait la différence.
Un enfant « surdoué » qui attire rapidement les regards
« C’était un petit certainement surdoué si on ne parle que du football », voilà le souvenir laissé par Lucas Chevalier au SC Coquelles, son premier club, où il s’est rapidement retrouvé surclassé. Ces mots, ils sont de Michels Hardies, président du club, sous le charme du natif de Calais depuis ses plus jeunes années. Et il n’était pas le seul. « Je l’appelais « le chimpanzé » parce que pour aller chercher des ballons comme ça, il fallait le faire ! », sourit Franck Rivenez, éducateur à Coquelles. Dans la même veine, César Ghys, l’un de ses plus proches amis, le surnomme « Jésus ». Pourtant, malgré tout un tas de sobriquets tous plus flatteurs les uns que les autres pour un gardien, Lucas Chevalier forge rapidement une petite réputation autour de son nom dans la région.
D’abord à Marck où quand Karim Boukrouh, entraîneur des gardiens du club, voit débarquer le jeune garçon, il en tombe presque des nues. « Dès les premières séances, je me rends compte que ce gamin a vraiment des qualités, notamment athlétiques, exceptionnelles, qu’il va très, très vite au sol, très félin, très dynamique, rembobine-t-il. Un gamin dont on sent qu’il aime énormément ce poste, mais qui a aussi cette capacité, de temps en temps, à jouer dans le champ et à y être plutôt à l’aise. » De là à ce qu’à l’entraînement, « nos attaquants ne mettent pas un but !, s’exclame Nicolas Dereuddre, entraîneur à l’AS Marck. On trouvait des contraintes supplémentaires pour Lucas qui le poussaient à se dépasser encore plus. » Un profil plus qu’intéressant, donc, pour un jeune de son âge. Et qui attise rapidement les convoitises des grosses écuries nordistes et ailleurs.
Le LOSC dans le cœur, mais le RC Lens évoqué
« Lucas était suivi exclusivement par Lens quand il avait dix ans, se souvient Freddy Chevalier, son père. À onze ans, Lens a demandé à ce qu’il intègre La Gaillette. Moi, j’ai refusé parce que j’ai estimé qu’il n’était pas prêt. Ils ont continué à le suivre et un an et demi plus tard, il y a d’autres clubs d’autres clubs qui se sont positionnés sur Lucas. Il est allé faire des détections dans trois clubs : Lens, Lille et Sochaux. » « Laurent Desprez, qui s’occupait du recrutement pour le LOSC à l’époque, venait voir quasiment tous les matches de Lucas Chevalier, rembobine Michel Hardies. Très jeune, il a été très vite identifié comme un potentiel très bon joueur. »
Rapidement, le cœur penche du côté du LOSC. D’abord parce que le jeune Lucas « supportait cette équipe. Pour autant, ce n’est pas ce qui a déterminé notre choix. C’est le discours des dirigeants et le cadre qui, à mon avis, aurait été mieux pour Lucas », assure Freddy Chevalier. Et aussi parce que de son côté, le RC Lens se trompe sur le bambin. « À Lens, ils voulaient un gardien plus grand. Ils avaient fait une radio osseuse pour Lucas, disant qu’il mesurerait 1,82 mètre maximum. Bon, il fait 1,90 mètre maintenant, s’amuse le paternel. Mais bon, ça n’aurait rien changé à notre décision. »
Au LOSC, l’ascension au côté de Mike Maignan
À Lille, où « tout le monde a été unanime pour reconnaître que ce gamin avait déjà d’énormes qualités et qu’il fallait qu’il intègre le club très, très vite », note Karim Boukrouh, Lucas Chevalier côtoie Mike Maignan après avoir peu à peu gravi les échelons. Une relation de « petit frère-grand frère » se noue entre les deux jeunes gardiens et « Magic Mike » prend sous son aile le jeune Lucas Chevalier. « Mike ? C’est du franc-parler, il ne tourne pas autour des choses pour lui dire ce qu’il a à lui dire, note Freddy Chevalier. Une fois, ils étaient partis en déplacement, Mike Maignan avait joué. Ils étaient chacun chez eux et Mike Maignan lui dit : « Lucas, demain matin, entraînement » alors qu’ils avaient repos. Lucas dit : « Ok, pas de problème, t’arrives à quelle heure ? ». Mike Maignan lui répond : « Ah non, moi je me repose, toi tu vas t’entraîner. »» « C’est quelqu’un qui a compté pour lui et qui compte encore beaucoup parce qu’ils ont cette relation où ils sont beaucoup en contact, note César Ghys, son ami. Mike lui donne des fois des petits tips et continue à le suivre, je pense que ça l’aide. »
Troisième gardien du LOSC lors de l’exercice 2020-2021, prêté au VAFC (Ligue 2) la saison suivante et titulaire dans les cages lilloises depuis septembre 2022, Lucas Chevalier a déjà presque tout connu dans sa jeune carrière. Et notamment le titre de champion de France en 2021. « C’était une expérience de fou pour lui, ça a été le début d’une grande histoire, croit César Ghys. C’est quelque chose qui le suivra toute sa carrière à Lille : un Nordiste, né dans le Nord, formé à Lille, qui est là depuis qu’il a douze ans et qui s’impose à Lille, c’est quelque chose qui était attendu, je pense, par les supporters. C’était important pour eux et c’est pour ça qu’il a envie de leur rendre en étant performant. Et aujourd’hui, c’est ce qu’il essaye de faire chaque semaine. » Et Lucas Chevalier y parvient avec brio. Des prestations qui ont fait de lui, à 21 ans, l’un des meilleurs gardiens du championnat de France et qui pourraient bien le mener à l’étage supérieur encore. « Il va exploser, est persuadé Franck Rivenez, son éducateur durant ses jeunes années. Pourquoi pas, plus tard, le voir en équipe de France ? » Après la saison de la révélation viendra, peut-être, bientôt celle de la confirmation. Celle qui pourrait l’amener à toquer à la porte des Bleus.
Enzo PAILOT
Crédits photo : Franco Arland/Icon Sport