Adepte de ces affrontements régionaux, Bruno Genesio était particulièrement excité à l’heure d’évoquer le derby du Nord face au RC Lens. L’entraîneur du LOSC apprécie tout le contexte entourant ce rendez-vous, tant qu’aucun débordement n’a lieu.
Bruno, la fin de match à Lens avait été un peu tendue. Vous attendez-vous à des Lensois revanchards, y aura-t-il un “axe” de motivation supplémentaire ?
Je pense que ni eux, ni nous n’avons besoin d’une motivation externe pour ce genre de match. On connaît l’importance des derbies pour les joueurs, pour nos supporters, pour la ville, donc je ne pense pas qu’ils aient forcément besoin d’une motivation supplémentaire que celle qu’ils ont déjà. Comme nous d’ailleurs. Au niveau du chambrage, je pense que ça fait partie des derbies. Je l’ai connu aussi dans les derbies Lyon-Saint-Etienne. À partir du moment où ça reste correct et que ça ne dépasse pas les bornes, que ça ne provoque pas de problèmes particuliers dans le match ou de violences et autres choses qui pourraient impliquer des incidents entre supporters…
Le derby, c’est une saveur particulière pour tout le monde.
Je pense qu’il faut garder ce côté folklorique du derby, mais sans envenimer les choses. Aujourd’hui, on a aussi un devoir et une responsabilité vis-à-vis de tout ce qui se passe dans le football ou dans le sport en général. À nous d’être suffisamment intelligents pour garder cet aspect qui fait qu’on aime les derbies, mais sans dépasser les bornes pour ne pas provoquer des choses qu’on pourrait regretter plus tard.
L’enjeu de ce match n’est-il pas plus important pour le LOSC avec cet objectif de la Ligue des champions ?
Non. Ils le disent moins, mais je pense qu’eux aussi ont envie d’aller en Coupe d’Europe, en Ligue des champions ou en Ligue Europa. Ils étaient qualifiés la saison dernière pour la Coupe d’Europe. Même si leur effectif a été remanié – mais on peut dire aussi que le nôtre a aussi été amputé par beaucoup de joueurs depuis le début de saison à cause de blessures. Je pense que la pression est pour les deux équipes. En dehors des objectifs finaux, il y a quand même le derby, et on sait l’importance de ce genre de match, même si ce n’est que trois points en jeu comme les autres matches. C’est une saveur particulière pour tout le monde. C’est une pression plutôt positive qu’autre chose pour nous.
Selon vous, le LOSC a-t-il assis une forme de suprématie régionale lors de cette saison ?
C’est peut-être le parcours en Ligue des champions qui peut laisser penser ça. En championnat, pour l’instant, on est devant. Mais il reste encore huit matches, il y a cinq points d’écart entre eux et nous, donc tout peut être remis en question dimanche ou dans trois ou quatre matches. Parler de suprématie régionale, je pense que c’est peut-être un peu exagéré. On a certainement été plus en lumière cette année que le Racing Club de Lens grâce à notre parcours en Ligue des champions qui marque plus les esprits, dans une compétition qui a un retentissement médiatique beaucoup plus important.
Vous avez bien connu le derby Lyon-Saint-Étienne. Où placeriez-vous le derby du Nord dans la rivalité et l’inimitié ?
C’est difficile de faire un classement parce qu’il y a beaucoup de choses qui rentrent en compte. En tant que Lyonnais, c’est vrai que quand on jouait Saint-Étienne, c’était encore plus important. Je pense que pour un garçon comme Lucas (Chevalier), chez nous, c’est un match encore beaucoup plus important que pour d’autres joueurs qui ne sont pas Lillois. Je pense qu’on peut dire que Lille-Lens et Lyon-Saint-Étienne sont des derbies qui se ressemblent beaucoup. À la fois dans l’approche, dans le chambrage, dans l’ambiance des tribunes avec, souvent, des ambiances très, très chaudes.
Ces derbies vous plaisent-ils, avec un enjeu encore supplémentaire ?
Oui ! C’est pour ça que qu’il faut cultiver ce petit côté folklorique. J’ai lu des déclarations de Lensois, et je trouve ça très bien. À partir du moment où ça reste dans les clous et respectueux, je trouve ça plutôt bien. Et on a besoin de ça aussi. C’est aussi pour cela que les gens viennent au stade et qu’on aime ce métier. C’est pour ce genre de match, à condition que ça reste dans les clous. C’est juste une question de dosage et d’intelligence. »
Propos recueillis par Enzo PAILOT
Crédits photo : Anthony Bibard/FEP/Icon Sport
