Débarqué de la filière belge que le LOSC fait marcher à plein ces dernières années, Ngal’ayel Mukau reste pourtant méconnu du public lillois. À 19 ans, ce milieu défensif à l’explosion toute fraîche a des arguments à faire valoir pour s’imposer chez les Dogues. Découverte.
Une formation dans l’ombre, des débuts en pro dans la lumière
Son talent aurait pu l’emmener à Antwerp, club plus prestigieux et ville (Anvers) où il est né il y a 19 ans. Finalement, depuis tout jeune, Ngal’ayel Mukau tape le ballon à Malines, à une petite demi-heure au sud, sans faire de bruit. À tel point que pendant quatre ans, de 2015 à 2019, il poursuit son développement loin de son club formateur. Il y fera son retour en provenance de l’académie de Zulte Waregem, à 15 ans. C’est dans un relatif anonymat qu’il signe son premier contrat professionnel à l’été 2022, et qu’il intègre l’équipe première six mois plus tard.
« Honnêtement, ce n’est vraiment pas un talent hyper connu en Belgique, dessine Nils Sterpin, scout et analyste amateur ainsi que grand suiveur du football belge. Moi-même, je ne le connaissais pas vraiment avant la saison dernière. » La saison 2023/2024, ou celle de l’explosion pour “Ngala”, son surnom. Titularisé dès la première journée, le Belgo-Congolais s’impose et enchaîne : 15 titularisations pour 16 matches disputés en Pro League (D1 belge). « Il a eu sa chance dans une équipe de milieu de tableau (8e sur 16) et il a su la saisir, recontextualise Nils Sterpin. Globalement, c’est une belle première saison sans être non plus le meilleur 6 du championnat. ». Largement suffisant pour attirer l’œil, et pas seulement de clubs intéressés comme le Club Bruges, l’Inter ou encore Bologne.
La Belgique et la RDC se l’arrachent déjà
Détenteur de la nationalité belge, où il a vécu toute son enfance, et de la nationalité congolais (RDC), dont sa famille est originaire, Ngal’ayel Mukau suscite les intérêts des deux fédérations. Son parcours international le prouve : il possède une sélection avec les U18 belges (mai 2022), mais il est depuis octobre 2023 international U20 congolais. Longtemps promis à la RDC avant d’éclore pour de bon ces derniers mois, le jeune homme fait désormais l’objet de deux fortes sollicitations des deux côtés.
Pour autant, le nouveau Dogue semble avoir arrêter son choix. « C’est une fierté pour moi et pour ma famille de porter ces couleurs. Je souhaite les porter dans le futur », expliquait-il sur la chaîne YouTube Léopards TV l’été dernier. Son passif récent avec la sélection congolaise joue en faveur de la RDC. Sébastien Desabre, le sélectionneur français du dernier demi-finaliste de la CAN, pourrait même le convoquer dès le prochain rassemblement pour relancer un entrejeu pas toujours performant. À moins d’un forcing payant des Diables Rouges et d’un retournement de situation inattendu.
Le nouveau Amadou Onana ?
Arrivé avec l’étiquette d’un numéro 6, le profil de Ngal’ayel Mukau n’en reste pas moins méconnu des suiveurs du LOSC. « C’est un milieu défensif assez reculé mais qui aime toucher le ballon, très bon dribbleur en un-contre-un, décrypte Nils Sterpin. Il a également une qualité de passe correcte mais il n’est pas vraiment celui qui se charge de donner énormément de passes clés ou de ballons intéressants. Là où il est le meilleur, c’est dans les interventions défensives avec des tacles bien appuyés. Il ne se laisse que rarement battre au duel, il est assez hargneux. Ce que j’aime bien chez lui, c’est qu’il a des appuis bien ancrés dans le sol mais qu’il est tout de même vif dans ses gestes. J’ajouterais qu’il a beaucoup de sang-froid avec ballon et qu’il est, de ce que j’ai vu, assez à l’aise sous pression. »
Un profil qui se rapproche, au gré des différents aspects de jeu, de ses trois inspirations : Eduardo Camavinga, Paul Pogba et N’Golo Kanté. « Personnellement, il me fait un peu penser à Amadou Onana, ajoute le scout. En un peu moins grand et beaucoup moins offensif, mais avec une type de course assez similaire, des grandes foulées mais rapides. » Comme l’ancien Lillois, le milieu de 19 ans est un profil d’abord à vocation défensive. « Il se projette souvent avec le ballon mais sans, il reste un peu derrière pour être une solution comme un 6 classique. C’est un profil de 6 assez moderne mais néanmoins pas très polyvalent, analyse Nils Sterpin. Offensivement, c’est assez faible lorsqu’il arrive devant la surface adverse. On voit que ce n’est vraiment pas un créateur. Dans les duels aériens, c’est très faible au niveau de la data malgré son mètre 88. J’ai également l’impression qu’il a tendance à ne quasiment jamais utiliser son pied droit, ce qui est fatalement un peu problématique. »
Un talent d’abord pour le futur, mais aussi pour le présent
Pour autant, si quelques aspects de sa palette sont largement perfectibles – rien de plus normal à son âge -, Ngala Mukau débarque au LOSC avec l’ambition de s’imposer dans la rotation, et les moyens de ses ambitions. Dans un secteur très concurrentiel (Benjamin André, Angel Gomes, Ayyoub Bouaddi, Ignacio Miramon) renforcé par l’arrivée d’Ethan Mbappé et alors que le flou règne toujours autour de Nabil Bentaleb, le Congolais va devoir batailler pour s’offrir une place de choix dans l’esprit et le système de Bruno Génésio.
« Dans un 4-2-3-1, c’est clairement dans un double-pivot qu’il s’épanouira le plus. Il peut avoir une belle complémentarité avec André, Bouaddi ou Miramon, que j’aime d’ailleurs beaucoup, juge le scout/analyste. Avec la concurrence actuelle, je ne le vois pas forcément gratter une place de titulaire dès cette saison mais plutôt entrer en sortie de banc. À court terme je ne pense pas qu’il sera titulaire, sauf blessure de ses concurrents. » Encore faudra-t-il déjà élever son niveau de jeu, alors que le principal intéressé estimait auprès des médias du club que « la Ligue 1 est plus forte que le championnat belge. Dans les duels, physiquement, et aussi techniquement, je pense ».
Pas franchement d’inquiétude pour Nils Sterpin : « Je pense que c’est un joueur qui se met vraiment au niveau du collectif qui l’entoure, il peut s’intégrer parfaitement. Il n’y pas la barrière du langage non plus, donc c’est top. (…) À moyen-long terme, je le vois s’imposer et pourquoi pas devenir un bon petit 6 de L1. Après, personnellement, j’estime qu’il n’ira jamais dans un top club mondial avec un statut de titulaire. » Ngal’ayel Mukau vient seulement d’arriver au LOSC, « un choix cohérent pour lui et dans le sens de sa progression », où il devra prouver sa valeur. Prometteuse, à priori.
Crédits photo : LOSC