Très auto-critique, Bruno Genesio a pris ses responsabilités après la défaite rocambolesque du LOSC face au PAOK (3-4), ce jeudi soir. Notamment causée par une première période manquée dans les grandes largeurs qui devrait rester en travers de la gorge du technicien lillois pendant longtemps.
Bruno, quels choix regrettez-vous ? Avez-vous le même ressenti qu’après la défaite face à Lens ?
Pas vraiment. À Lens, j’avais aussi souligné les faits de jeu contraires (l’arbitrage) et une première mi-temps sur laquelle on n’avait pas été récompensé du football qu’on avait produit. Au moins deux, voire trois faits de jeu contraires avaient largement influencé le résultat. Ce n’est pas du tout la même chose. Ce (jeudi) soir, on a galvaudé nos valeurs en première mi-temps.
Les valeurs du foot et du sport de haut niveau sont l’humilité, l’engagement, la motivation, l’agressivité. Le football, c’est aussi un sport de duels aussi. Il faut gagner les ballons pour pouvoir jouer au football. En première mi-temps, on n’a rien fait de tout ça. Mais celui qui fait l’équipe, le plan, les choix tactiques, c’est moi. Donc le premier à blâmer, c’est le coach, c’est tout. Mais j’en tirerai les leçons pour la suite.
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Quel a été votre discours à la mi-temps pour relancer la machine ? Y avez-vous cru ?
À la mi-temps, j’y ai cru. Si on mettait un peu plus de rythme et d’engagement, je voyais bien qu’on avait la possibilité d’inquiéter défensivement cette équipe. Il fallait faire beaucoup plus que ce qu’on a fait, ce qui n’était pas très compliqué. C’est le discours que j’ai tenu à la mi-temps en disant qu’on avait raté notre première mi-temps, qu’on avait galvaudé nos valeurs qui sont chères au LOSC, mais qu’il y avait la place pour revenir au score et que, si on réussissait à marquer assez rapidement, j’étais persuadé qu’on pouvait revenir.
Cette première mi-temps est en dessous de tout ce qu’on peut imaginer. Dans le football, il n’y a pas de hasard, jamais. On a ce qu’on mérite individuellement et collectivement. Donc il y a une bonne remise en question à avoir
On a failli, je pense qu’à 3-2 (68′), on a un peu confondu vitesse et précipitation et qu’on a presque été trop impatients d’aller gagner le match. C’est certainement ce qui nous a fait perdre. Maintenant, comme après chaque défaite, il faut bien analyser toutes les causes. Et surtout se remettre en question et rebondir, ce qui est le plus important.
Le possible penalty sur Matias Fernandez-Pardo (38′, à 0-2) aurait pu tout changer. Quel est votre regard dessus ?
Je pense qu’il y a pénalty. Je ne comprends pas trop pourquoi l’arbitre n’a pas pris cette décision. C’est vrai que c’est un fait de jeu important puisqu’on peut passer potentiellement à 2-1 au lieu de 0-3 (42′). Quasiment sur l’action d’après, on encaisse le troisième but… Mais autant à Lens, j’avais fait une longue tirade sur ces faits de jeu. Autant ce soir, je n’ai pas envie de me réfugier uniquement derrière ça. Ce serait beaucoup trop facile et ce serait occulter tout ce qui nous a manqué dans le jeu, notamment en première période.

Cette saison, le LOSC assez inconstant. Comment l’expliquez-vous ?
Inconstant, je ne suis pas forcément d’accord. On avait deux défaites avant celle-ci. Une dans un contexte très particulier qui n’a pas été assez souligné pour moi (à Lens, 3-0), et Lyon, où je pense que tout le monde a vu le même match (0-1). Ce n’est pas du tout comparable avec le match de ce soir où on a été nullissimes à tous les niveaux en première mi-temps. J’ai des analyses un peu différentes de ces trois défaites. Aucune défaite n’est encourageante, mais je l’avais dit après Lens et Lyon, il y avait du contenu, du jeu, des valeurs, des occasions de but et des faits de jeu contraires qui avaient influencé le résultat, notamment à Lens.
Ce soir, il n’y a rien de tout ça en première mi-temps. Oui, on peut éventuellement penser qu’il y a pénalty, ce que je pense. Mais ce qu’on a fait est beaucoup trop insuffisant. Cette première mi-temps est en dessous de tout ce qu’on peut imaginer. Dans le football, il n’y a pas de hasard, jamais. On a ce qu’on mérite individuellement et collectivement. Donc il y a une bonne remise en question à avoir, dès ce soir. Ça peut arriver une fois, on peut faire des erreurs et à travers. Mais il ne faut pas que ça se reproduise.
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N’auriez-vous pas pris le PAOK un peu à la légère ?
En tout cas, moi, non. Pour ceux qui étaient à ma causerie, ils le savent. Peut-être inconsciemment. Peut-être qu’un nombre trop important de changements au départ de l’équipe nous a fait perdre quelques repères aussi. C’est pour ça que je dis que le premier qui doit se remettre en question, c’est moi.
Parfois, quand il y a beaucoup de changements en début de match, d’un match à l’autre, ça peut perturber les joueurs. Ça, je le prends pour moi et je l’assume. Après, ce qui me gêne plus, c’est l’apathie que l’on a eue, notamment sur les buts, dans le jeu défensif et dans l’état d’esprit. Je parle souvent d’état d’esprit. Ce soir, je n’ai pas reconnu mon équipe en première mi-temps dans ce domaine. »
Propos recueillis par Enzo PAILOT
Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport
