Relancée par Thiago Motta, bien connu en France, la Juventus continue toutefois de chercher ses marques avant de se déplacer à Lille, mardi (21 heures). Elvin De Fazio, journaliste suiveur de la Vieille Dame, présente cette Juve renaissante.
La dynamique
« C’est une équipe qui perd très peu. Elle est invaincue en Serie A et n’a perdu qu’un match, le dernier en Ligue des champions (0-1, Stuttgart). C’est une équipe qui alterne les victoires et les matches nuls et a un peu de mal à trouver de la continuité. C’est le step pour l’équipe de Motta. Dans le jeu, c’est une vraie cassure avec la Juve d’Allegri. Il a plus de joueurs de qualité à Turin qu’à Bologne, mais on voit plus ou moins les mêmes principes. Il y a eu beaucoup de 0-0, mais essentiellement contre des grosses équipes. Il y a aussi eu de gros scores, c’est une équipe qui arrive quand même à marquer. La Juve de Motta n’est pas forcément différente du Bologne de Motta, mais il y a des idées à mettre en place et déjà un plan très clair. »
Le projet de jeu
« La Juve de Motta, c’est une Juve qui apprécie avoir le ballon, qui préfère dominer l’adversaire plutôt qu’être dominée, avec des circulations rapides. Mais encore beaucoup de choses à améliorer, notamment dans les trente derniers mètres où la Juve n’est pas encore assez méchante et ne marque pas assez. Il y a cette fameuse possession du ballon, mais il manque parfois de dangerosité pour punir l’adversaire. On sait que Thiago Motta veut cette possession tout en étant fort offensivement. Défensivement, avec la perte de Gleison Bremer qui est l’un des meilleurs défenseurs du monde actuellement, la Juve a subi un coup. Elle n’avait encaissé qu’un seul but lors des sept premières journées de Serie A. Lors des trois dernières, elle en a encaissé six, ce qui coïncide avec la perte de Bremer, beaucoup d’erreurs individuelles et un manque d’équilibre. »
L’arme principale
« J’aurais dit Bremer, mais il est blessé. Sinon, (Francisco) Conceiçao sur le côté (droit). Dès qu’il joue, c’est très costaud. On ne présente plus le talent de Kenan Yildiz qui punit dès qu’on lui laisse le moindre mètre. (Teun) Koopmeiners est un numéro 10 qui connaît la Serie A et est lui aussi très costaud. Puis, forcément, (Dusan) Vlahovic. Même s’il vit une période compliquée et manque beaucoup de choses qu’il ne devrait pas louper, il continue de marquer et reste un sacré buteur. Ces quatre armes offensives restent un danger permanent. »
Le maillon faible
« C’est Danilo. À la base, il est capitaine mais n’a plus du tout le niveau. Sa présence sur le terrain coïncide avec les deux matches où la Juve a pris six buts contre l’Inter (4-4) et Parme (2-2). Ça a été une vraie catastrophe. C’est le vrai maillon faible de ce début de saison. »
Le joueur sous coté
« Au vu du début de saison, je dis (Pierre) Kalulu. En plus, il est français mais Didier Deschamps ne l’a malheureusement jamais convoqué en Bleus. Il était déjà très bon à l’AC Milan. À l’heure actuelle, c’est un monstre absolu. Si la logique est respectée, il y a de grandes chances qu’il soit sélectionné avec les Bleus lors du prochain rassemblement parce qu’il fait un début de saison incroyable. C’est la surprise de ce début de saison. »
Le moment le plus marquant de l’histoire du club en Europe
« La Juve a eu la chance de gagner des Coupes d’Europe, donc il y en a beaucoup. Je dirais 1996, parce que la Juve gagne la Ligue des champions face à l’Ajax aux tirs au but (1-1, 4-2 tab). Je ne dis pas 1985 à cause de ce triste moment avec le drame du Heysel (1-0 face à Liverpool). 1996, c’est la deuxième Ligue des champions de la Juve, à Rome en Italie. »
Le pire souvenir en Europe
« De ce que j’ai connu, hors années 1970-1980, je pense que c’est le Real Madrid – Juve de 2018 où ça finit à 3-1 (3-4 en cumulé). La Juve mène 3-0 et concède un penalty à la dernière seconde (90+7′). Ça a été un moment très, très dur, parce que cette Juve était très forte et pouvait aller très loin. »
Le rapport de force face au LOSC
« Je m’attends à un match très dur. La Juve a été prévenue, lors du dernier match à domicile face à Stuttgart, qu’il n’y a pas d’équipes moins fortes ou plus fortes dans cette compétition. En Ligue des champions, tu dois absolument jouer avec la bonne mentalité. Le LOSC reste une équipe avec des individualités plutôt intéressantes, même si elles ne sont pas forcément mondialement connues. Mais en Italie, des Jonathan David ou des (Edon) Zhegrova font très peur. Il y a beaucoup de qualités, et c’est une équipe qui arrive aussi à bien défendre.
Ce sera un vrai rapport de force, avec un stade qui sera bouillant. Ce sera un match très serré, sans énormément de buts. En termes de qualité d’effectif et d’histoire, la plupart diront que la Juve est favorite. Mais le LOSC est une équipe avec beaucoup de qualités, qui sera en plus chez elle. Si je dois donner un pourcentage, je dirais 60-40 pour la Juve. Mais s’il y a une équipe à ne pas sous-estimer dans cette Ligue des champions, et elle l’a démontré lors des deux derniers matches, c’est le LOSC. »
Propos recueillis par Enzo PAILOT
Crédits photo : Icon Sport