En dépit d’un mercato estival imparfait, en grande partie à cause de l’absence de doublure à Jonathan David, le LOSC pointe à la cinquième place en Ligue 1. À mi-parcours, l’heure est venue de tirer le bilan des recrues estivales. Décryptage.
Nabil Bentaleb, l’incontournable
Sa venue au LOSC a pris du temps et longtemps relevée de l’incertitude, après qu’un problème a été détecté lors de sa visite médicale. Finalement, après plus d’un mois d’attente, les Dogues officialisaient à la toute fin du mercato le retour du milieu algérien dans son club formateur. De quoi entraver l’intégration de l’ancien Angevin, en plus gêné par des pépins physiques. Ainsi la première titularisation du Fennec (43 sélections) est-elle seulement intervenue à la fin octobre. Pour ne plus jamais quitter le onze lillois.
Son profil d’homme à tout faire dans l’entrejeu nordiste l’a rapidement érigé comme l’une des clés de voûte du système de Paulo Fonseca. Prépondérant à la récupération du ballon, omniprésent dans le volume de jeu et véritable garantie technique à la construction, le milieu de 28 ans s’est rapidement imposé comme une évidence, alors que son avènement correspond à la montée en puissance du LOSC. Dernière copie cinq étoiles en date : la réception du PSG, où Nabil Bentaleb a brillé de mille feux. Un impact on ne peut plus percutant sur tout un collectif qui ne peut lui valoir que des louanges.
Mention : félicitations
Tiago Santos, la montée en puissance
Son nom ne disait rien à beaucoup de suiveurs lillois. Curiosité parmi d’autres du mercato nordiste, Tiago Santos n’a pas mis bien longtemps à démontrer toutes ses qualités. Profitant d’un vestiaire lusophone idéal pour parfaire son intégration, le latéral de 21 ans s’est vu confier les clés du couloir droit dès le début de la saison, alors que Leny Yoro et Alexsandro ne s’étaient pas encore imposés et que Samuel Umtiti soulevait déjà quelques doutes concernant sa condition physique.
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Un baptême du feu que le Portugais a plutôt bien négocié. Aussi intéressant offensivement qu’encore limité défensivement, celui qui était attaquant dans sa jeunesse a vu Paulo Fonseca lui remonter les bretelles à ce sujet et a même été écarté au cours du mois d’octobre. Il n’en reste pas moins qu’à seulement 21 ans, Tiago Santos s’est rapidement plié aux joutes de la Ligue 1 malgré sa jeunesse et son peu d’expérience du côté d’Estoril, modeste club de première division portugaise. Des débuts qui promettent pour la suite.
Mention : encouragements
Vito Mannone, la doublure idéale
Benoit Costil parti, le LOSC se devait de trouver une doublure d’expérience pour encadrer l’indiscutable Lucas Chevalier. Les Dogues ont jeté leur dévolu sur Vito Mannone, expert du statut à Monaco ou à Lorient, où il avait montré de beaux restes pour combler la longue indisponibilité de Yvon Mvogo la saison passée. À 35 ans, l’Italien connaît son rôle et le joue parfaitement en accompagnant Lucas Chevalier, de treize ans son aîné. L’ancien d’Arsenal a même été récompensé en assurant dans les cages contre Klaksvik (0-0 à l’aller, 3-0 au retour), en Ligue Europa Conférence. Irréprochable.
Mention : satisfaisant
Ivan Cavaleiro, l’homme de devoir limité
Joueur inconstant au parcours cabossé, Ivan Cavaleiro suscitait bon nombre d’interrogations à son arrivée après six années plutôt décevantes en Angleterre et un prêt peu concluant à Alanyaspor (Turquie). Recruté début août, l’Angolais s’est finalement imposé sur le côté gauche de l’attaque lilloise, bien aidé par les défaillances de début de saison de Rémy Cabella et Hakon Haraldsson.
Manquant d’impact offensif dans à peu près tous les domaines, l’ancien Monégasque souffre de la comparaison avec son pendant côté droit, Edon Zhegrova, vers qui le jeu penche largement et logiquement. Néanmoins, celui qui détient aussi la nationalité portugaise demeure un rouage important pour le collectif, lui qui ne rechigne jamais à l’effort et reste appliqué à chacune de ses sorties. De quoi masquer, au moins en partie, ses limites individuelles.
Mention : passable
Samuel Umtiti, le grand nom qui ronge son frein
Sept ans après son départ de Lyon et cinq ans après s’être sacrifié pour son pays lors de la Coupe du monde 2018, Samuel Umtiti faisait son retour en France, en optant pour le LOSC plutôt que l’OL ou encore le Stade Rennais. Une arrivée en grandes pompes pour venir combler le départ du légendaire José Fonte, 39 ans cet été. Et si l’expérience du champion du monde 2018 n’est sans doute pas étrangère à l’explosion conjointe de Leny Yoro et Alexsandro, le rendement purement sportif du natif de Yaoundé est bien en-deçà des attentes.
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Malgré une saison plutôt complète à Lecce l’an passé, Samuel Umtiti est retombé dans ses travers. En difficulté à l’heure de retrouver une condition physique optimale, faute de ne pas pouvoir enchaîner les matches – l’avènement de Leny Yoro et Alexsandro n’aidant pas non plus -, l’international français (31 sélections) a en plus été coupé dans son élan par un protocole commotion cérébrale contre Reims (2-1), le 26 septembre. Date à partir de laquelle le train Yoro-Alexsandro entrait en gare pour ne plus s’arrêter, et ainsi laisser à quai Samuel Umtiti.
Mention : avertissement physique
Hakon Haraldsson, le volcan prometteur rapidement endormi
Recrue la plus chère du mercato estival du LOSC, Hakon Haraldsson, débarqué contre un chèque d’une quinzaine de millions d’euros, n’avait pas perdu de temps pour prouver sa valeur. Étincelant en pré-saison, auteur d’un triplé contre le Cercle Bruges (7-2) et d’un doublé ainsi que d’une passe décisive contre Le Havre (3-2) quatre jours plus tard, l’Islandais n’a cependant jamais pris le pli de la Ligue 1 et de sa dimension athlétique nouvelle pour l’arrivant de Copenhague, au Danemark.
Progressivement écarté du onze, puis même de la rotation, après des premières semaines éminemment poussives, le milieu offensif de 20 ans – dont l’adaptation à l’environnement lillois s’avère compliquée, de son aveu même – repointé le bout de son nez depuis la fin novembre afin de retrouver une confiance qui s’est évaporée en un rien de temps. Pas encore au niveau en Ligue 1, Hakon Haraldsson n’a pas non plus profité de ses apparitions en Ligue Europa Conférence pour se faire la main. Du temps est demandé, et rien que du temps.
Mention : avertissement niveau
Ignacio Miramon, le traumatisme lorientais
Successeur désigné de Benjamin André, Ignacio Miramon, dont le profil ressemble comme deux gouttes d’eau à celui du capitaine du LOSC, n’a néanmoins pas pu le démontrer. La faute à une intégration manquée, mais presque aussi prévisible tant le vestiaire lillois n’est pas modelé pour accueillir un jeune Argentin hispanophone qui débarque de son pays natal à 20 ans, qui plus est sans avoir disputé la pré-saison.
Inutilisé lors des deux premières rencontres, l’ancien de Gimnasia de la Plata était titularisé à Lorient (4-1, J3). Un véritable après-midi cauchemardesque, puisque « Nacho » enchainait les erreurs et se voyait remplacé avant même la pause par Paulo Fonseca (39′). Mis au ban par la suite, il n’est apparu qu’une petite minute contre Le Havre (2-0) et n’en a disputé que 25 à Klaksvik (0-0), où le technicien portugais avait pourtant entrepris une profonde rotation. Ignacio Miramon ne pouvait sans doute pas imaginer pire départ au LOSC, bien qu’il revêtisse avant tout un pari pour l’avenir.
Mention : avertissement niveau
Enzo PAILOT
Crédits photo : Icon Sport