Leader de la fronde contre Vincent Labrune, désormais aux côtés de Frank McCourt, Joseph Oughourlian est revenu sur tous les grands dossiers concernant le football français au cours d’un long échange avec “l’After Foot”, ce lundi soir. Le président-propriétaire réaffirme sa vision novatrice et prend la défense des « petits clubs » de Ligue 1.
La LFP ne travaille pas dans l’intérêt global selon Oughourlian
« On sent bien que la LFP ne travaille pas pour la Ligue, elle travaille pour quelques clubs (suivi d’une petite référence au PSG, ndlr). C’est devenu un secret de polichinelle, donc autant affronter ce sujet-là. Les Ligues qui ont le plus de succès sont celles qui, au contraire, ont été plus égalitaires, ont un président qui a défendu l’intérêt de la Ligue et de tous les clubs face aux gros clubs – je pense à Javier Tebas en Espagne, notamment. McCourt (propriétaire de l’OM) a une vue du monde qui est de dire : la valeur de mon club est plus élevé si la valeur de la Ligue dans laquelle on joue est plus importante.»
Ligue 1+, un enjeu majeur
« J’ai quelques objectifs. Le premier, c’est qu’on laisse vivre la chaîne Ligue 1+. On nous avait annoncé la catastrophe. Il n’y a pas d’autre solution ! Je vois bien qui peut avoir intérêt à tuer la chaîne (Canal+ et beIN Sports, ndlr), mais pas les clubs. Il y a des intérêts économiques en jeu, je comprends certains acteurs. Il va nous falloir du temps ! Ça ne va pas se faire d’un jour à l’autre. On a bousillé notre produit pendant cinq ans, ce n’est pas en trois semaines qu’on va se rabibocher avec nos “clients”. On part d’ailleurs avec huit matches sur neuf, ce qui est déjà un handicap (beIN Sports détient toujours les droits d’un match par journée, ndlr).
Ce n’est pas une vendetta personnelle vis-à-vis de Vincent Labrune. Son départ n’est pas le but de notre stratégie.
Le deuxième sujet, c’est la répartition. On est sur des extrêmes où les petits clubs n’ont littéralement plus rien du tout. Et qui n’ont pas les revenus commerciaux qu’on peut avoir à Lens. Frank McCourt y est complètement ouvert. Aujourd’hui, mon vrai espoir est que la proposition de loi Savin-Lafont prospère. (…) Je pense que ce changement (de gouvernance) aura lieu qu’on l’ait fait nous-mêmes, ou pas. Le politique agit aussi avec une proposition de loi en cours. Ce sont des choses qui vont se passer si on n’est pas capable de se prendre en main. »
La répartition, le nerf de la guerre en Ligue 1
« Ce n’est pas une vendetta personnelle vis-à-vis de Vincent Labrune. Son départ n’est pas le but de notre stratégie. Notre stratégie est centrée sur une amélioration de la gouvernance et des instances. Le but ultime, à terme, est que la chaîne Ligue 1+ puisse vivre et qu’on ait une meilleure répartition des droits domestiques et internationaux. Séparer ces droits étaient une erreur.
Les droits internationaux, c’est donner plus d’argent à ceux qui en ont le plus. (…) À l’époque, certains pensaient qu’on aurait un effet ruissellement vers les petits clubs. L’effet ruissellement, je l’attends toujours. À l’évidence, ça n’a pas marché. Quand on regarde la pyramide, on voit que ça commence à s’effondrer par le bas, avec des clubs de Ligue 2 ou de National qui font faillite. C’est une paupérisation de nos clubs qui nous attend. À Lens, on a dû vendre énormément de notre effectif juste pour faire face à nos besoins à court terme.

Canal+, un allié indispensable ?
« Je pense qu’il faut retourner voir Canal une fois qu’on a démontré qu’on a un produit. Il va falloir au moins deux saisons, avec une deuxième saison avec le deuxième match. (…) Il y a un plan économique qui espère qu’on arrive à 2 ou 2,5 millions d’abonnés et que le prix remonte, petit à petit, à 19 euros (par mois d’abonnement, ndlr). Avec ça, les clubs toucheront un niveau de revenus de l’ordre de 300-350 millions d’euros. Ça devient, il me semble, assez conséquent. C’est à échéance saison 3 (2027/2028, ndlr). Mais bien malin celui qui sait où on peut aller.
Sauf Canal qui a une analyse très fine sur ce sujet, personne ne savait vraiment qui s’abonnait à Canal pour le produit Ligue 1. On disait entre deux et trois millions d’abonnés. Depuis, Canal nous a fait la démonstration qu’il vivait très bien sans la Ligue 1. Dans le même temps, le produit a été dévalué : on n’a pas arrêté de changer de diffuseur, on a éclaté le produit, on a mis des prix ridicules l’an dernier… On a fait la totale de tout ce qu’il ne faut pas faire. On a perdu énormément de gens dans ces erreurs. Là, on a l’opportunité de repartir avec quelque chose de propre et d’intéressant, à un bon prix. Je suis assez optimiste. »
Source : After Foot
Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport
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Notre Président est quelqu’un de réfléchi. Bien sûr, c’est un businessman , pas un philanthrope mais ses idées sont très bonnes.
Malheureusement, le QSG et le corruptible président de la LFP sont avant tout des opportunistes. Leur devise: « après moi le déluge ».
La soupe est trop bonne et ils n’ont pas l’intention de quitter la table même si pour arriver à leurs fins, ils doivent empoisonner certains clubs.