L’Amiens SC « n’avait peut-être pas les épaules assez solides »

Amiens SC
Christophe Saidi/FEP/Icon Sport

Battu le week-end dernier à Annecy au terme d’une prestation aussi catastrophique qu’affligeante, l’Amiens SC a sans doute atteint le point de non-retour dans sa quête des sommets. Et si une victoire contre Bordeaux, lundi en conclusion de la 25ème journée de Ligue 2, pourrait entretenir l’espoir d’un retour incroyable, Philippe Hinschberger semble proche d’abdiquer et de reconnaître les limites intrinsèques d’un effectif qui a aussi loupé des tournants décisifs. Décryptage.

Dijon, le point de rupture pour l’Amiens SC

En surrégime pendant les onze premiers matches ou plutôt en sous-régime depuis la mi-octobre ? La saison de l’Amiens SC – jusqu’ici coupée en deux – est aussi inexplicable qu’illisible, même si une tendance lourde ne cesse de se confirmer semaine après semaine : celle d’une équipe qui n’avait tout simplement pas le coffre pour lutter dans la course à la montée. « On n’a pas parlé d’objectif de monter dès le début de la saison, rappelle Régis Gurtner. C’est venu en cours de saison, tout le monde a commencé à en parler après une dizaine de journées, et ça nous a peut-être fait un peu défaut. » Auteur d’un début de saison canon et dépassant toutes les attentes, avec notamment sept victoires sur les onze premiers matches, l’Amiens SC a tout de même tutoyé les sommets à la fin de l’été.

Le tout avant de s’écrouler l’automne venu, la faute à un enchaînement Dijon-Nîmes fatal selon Philippe Hinschberger : « Ce match contre Dijon nous a fait du bien sur le coup mais aussi beaucoup de mal par la suite. Globalement, on s’est dit que c’était tapis rouge pour nous, qu’il pouvait nous arriver n’importe quoi, qu’on pouvait jouer à 10 contre 11, concéder un penalty, être mené, revenir au score et gagner sur une Madjer. Après ça, tu es à 50 centimètres au-dessus du plancher et le retour sur terre ne s’est pas bien fait. » Avec seulement deux victoires sur les douze matches suivants ce dernier succès à domicile, le club picard a tout simplement adopté le rythme d’un prétendant au maintien avec seulement dix points pris en douze rencontres.

Des espoirs définitivement éteints ?

De quoi penser que l’Amiens SC a fini par être rattrapé par l’enjeu, comme l’a laissé entendre un peu plus tôt Régis Gurtner ? « Avec le recul, je pense qu’on a surtout oublié une chose, c’est que pour rester en haut, il faut batailler, juge Philippe Hinschberger. C’est ce que fait Le Havre, qui gagne beaucoup de matches 1-0, dans les dernières minutes, ou qui égalise en fin de partie contre nous alors que ça doit faire 2-0 à la 40e. En ce qui concerne, c’est à l’image de notre match à Nîmes, qui pouvait nous faire basculer seul en tête et où on passe à côté. Peut-être qu’on n’avait pas les épaules et la tête assez solides. Je me suis peut-être aussi relâché, je me mets dans le lot, j’ai certainement fait des erreurs. »

Je pense qu’on n’est pas passé dans la bonne configuration, celle du Havre qui donne le sentiment que personne peut venir les chercher,

Un mea-culpa qui honore Philippe Hinschberger, dont la lecture de la situation est plus que limpide. Reste à savoir si l’Amiens SC est encore en mesure de « remonter les barreaux de l’échelle » et ainsi tenter de faire oublier un trou d’air sans doute déjà rédhibitoire. « Il fallait qu’on le fasse avant, je pense qu’on n’est pas passé dans la bonne configuration, celle du Havre qui donne le sentiment que personne peut venir les chercher, poursuit l’entraîneur amiénois. Je ne sais pas si c’est trop tard mais quand j’y repense, je me demande comment on a pu perdre à Nîmes en étant mauvais alors qu’il n’y avait aucune raison de l’être. On était premier et il y avait surtout l’envie de mordre ton os, que personne ne vienne te le piquer. On a oublié de le faire et de fil en aiguille on a perdu un peu le truc. »

Et abandonné au passage toutes ses illusions dans la course à la montée, à moins d’un miracle ou plutôt d’un retournement de situation de plus en plus improbable sans un tournant positif face à Bordeaux, lundi soir. « Par rapport à nos onze premiers matches, je n’aimerais pas finir quatorzième, je le dis tout de suite, clame Philippe Hinschberger. Il reste quinze matches à jouer, on a tout pour se faire plaisir ! Restons sur ce qu’on a fait de bien dans les dernières semaines en trouvant en plus de l’efficacité, si c’est possible. » Sans quoi la fin de saison pourrait bien s’apparenter, une fois encore, à un long tunnel sans issue pour l’Amiens SC, proche d’être irrémédiablement lâché par les équipes ambitieuses mais disposant d’une marge assurément certaine pour ne pas se retrouver plongé dans la lutte pour le maintien.

Les ingrédients d’une saison anodine, en somme, avec une entame idyllique aux allures de simple leurre. La faute aussi à une politique sportive difficilement défendable au regard des choix, dénué de toute forme de cohérence, effectués par la direction tout au long de la saison. Le cocktail parfait pour entretenir et renforcer encore un peu plus la frustration autour d’un club qui a désormais pris pour habitude de se saborder en cours de route. L’histoire d’un gâchis permanent…

Romain PECHON

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