Lancée par une victoire en trompe l’œil contre Nancy, qui n’a toujours pas gagné le moindre match depuis, la saison 2020/2021 de l’Amiens SC ressemble jusqu’ici à s’y méprendre à celle qui vient tout juste de ramener le club en Ligue 2. Le temps n’est plus à se cacher derrière de fausses excuses mais bel et bien à agir pour éviter une terrible catastrophe, une double relégation qui serait sans doute fatale au club picard.
Dans la continuité de l’an dernier
Si l’onde de choc de la relégation en Ligue 2 a fait oublier à bon nombre de supporters la saison pathétique que livrait l’Amiens SC avant la pandémie de la Covid-19, le début d’exercice 2020/2021 a très vite rappelé à tout le monde que le club présidé par Bernard Joannin filait un mauvais coton depuis un bon moment. Contre le Paris FC, on a ainsi revu le même film que la saison dernière, à savoir une équipe qui ronronne, qui offre des buts à l’adversaire et qui se réveille quand le match lui a déjà filé entre les doigts. Les mêmes causes produisant à nouveau les mêmes effets. Une équipe ou plutôt une somme d’individualités qui n’honore plus du tout le maillot amiénois.
Il est loin le temps où les onze joueurs titulaires au coup d’envoi, ou même ceux qui prenaient place sur le banc, faisaient la fierté de leurs supporters. Aujourd’hui, l’Amiens SC n’a plus d’identité, plus aucune âme. La faute à des mercenaires qui jouent uniquement parce qu’aucun autre club ne veut répondre favorablement à leurs exigences démesurées (Mendoza) ou tout simplement parce qu’ils n’ont plus le niveau qu’ils pensent encore avoir (Konaté, Chedjou). La faute surtout à des dirigeants – John Williams en tête – qui ont déconstruit tout ce qui avait fait le succès du club picard entre 2015 et 2019.
L’échec de John Williams
S’il était naturel de modifier l’effectif saison après saison en sacrifiant progressivement les héros de l’épopée des Braqueurs, Amiens a clairement pris le mauvais chemin tout en pensant donner la leçon au reste du football français. En finalité, le recrutement exotique de John Williams n’a pas porté ses fruits, très peu de joueurs ayant donné satisfaction sur les deux dernières saisons, certains continuant même de décevoir en Ligue 2 comme Juan Otero, Chadrac Akolo et Saman Ghoddos, tous plus décevants les uns que les autres. Et comme si la leçon n’avait pas été retenue, le directeur sportif de l’Amiens SC continue de procéder avec la même stratégie, recruter tardivement, à moins frais, de préférence à l’étranger, des joueurs qui ne seront que de passage.
Ainsi, outre le fait d’être « une des plus jeunes d’Europe« , dixit un Luka Elsner de plus en plus irrité par la situation, la ligne défensive de l’Amiens SC est à nouveau composée de trois joueurs sur quatre qui n’appartiennent pas au club (Lewis, Wagué, Opoku). Il en est de même avec l’attaquant recruté pour faire trembler les filets adverses (Odey). Sans remettre en cause la qualité intrinsèque de ces joueurs, cette façon de faire ne fait que diminuer un peu plus le sentiment d’appartenance des supporters à cette équipe. Et si cette stratégie de recrutement pouvait encore s’entendre en Ligue 1, où Amiens était l’un des plus petits budgets du championnat, il est bien plus difficile d’adhérer à celle-ci depuis le retour en Ligue 2 et la vente historique de Serhou Guirassy à Rennes.
Une stratégique qui pose question
Et même si certains dossiers en cours de négociations (Zungu, Ghoddos, Konaté) fragilisent la position de l’Amiens SC sur le marché des transferts, cette incapacité à construire une équipe dès la préparation ne date pas de cette saison. Avant même la descente en Ligue 2, cette fâcheuse habitude de procrastiner, en attendant les dernières minutes pour agir quitte à manquer les transferts pour une poignée de minutes, était déjà présente. Avant même la descente en Ligue 2, cette fâcheuse habitude de donner le sentiment de repartir de zéro ou presque chaque saison, la faute à des joueurs uniquement de passage, était déjà bien présente.
Tandis que la relégation aurait pu permettre de repartir sur des bases plus saines, en reconstruisant un groupe pour viser la montée sur deux ans, l’Amiens SC donne à nouveau le sentiment d’être dans le court-termisme. Cette addition de joueurs venus d’horizons divers, propulsés dans l’équipe du jour au lendemain comme si la notion d’intégration n’existait plus, cette addition de mercenaires relancés au compte-gouttes faute de mieux, et cette incertitude permanente sur l’avenir de certains cadres – à commencer par Alexis Blin pourtant capitaine depuis le début de la saison – ne font qu’entretenir un sentiment d’insécurité à propos de l’avenir du club.
Au milieu de tout ça, Luka Elsner tente de faire front, en première ligne, se prenant bon nombre de balles perdues dont il ne devrait pas forcément être la cible. Car s’il est acquis que le technicien slovène ne fait pas tout bien depuis son arrivée en Picardie, il est aussi et surtout la victime collatérale d’un système à bout de souffle. Un système qui fait qu’Amiens joue avec le feu depuis de nombreux mois, un système qui est peut-être bien en train de consumer à petit feu l’ASC. Espérons que l’avenir nous donne tort…
Romain PECHON
A lire aussi :
Valentin Gendrey (Amiens SC) : « Tout le monde a envie de bien faire »
Enfin une analyse objective…l’équipe technique qui était en place a fait du très bon travail notamment en maintenant l‘ASC avec un effectif en L1 la première année. Ne l’oublions pas. Pelissier a tout résumé. Le „miracle amiénois“ ne pouvait pas se répéter indéfiniment et le verdict est tombé. Certains dirigeants n‘ont plus touche terre. Ils ont souvent cité Angers comme exemple … en appliquant une stratégie opportuniste opposée…Au final, c‘est le terrain le juge de paix. Nous jugerons sur pièce les résultats des deux équipes A et B et quels sont les jeunes sortis de la formation qui ont eu leur chance ces dernières années ? Certainement le moment de repenser une politique sportive globale différente et constructive.
bravo pour cette analyse complète et vraie.Avant de porter un jugement ou sur les joueurs ou l’entraîneur il faudrait regarder du coté du staff de recrutement.N’est-ce pas M.WILLIAMS
Rien à ajouter, Monsieur Pélissier a raison quand il parle te turn-over répété
Une analyse claire, franche et lucide. Le mot « mercenaires » est employé et il résume bien l’impression générale de l’an dernier et de ce début d’année, où on ne sent pas la volonté de réussir pour le club et de « mouiller le maillot » comme le réclament les supporters. Dans ce club qui a fait notre bonheur ces dernières années, on parle beaucoup mais a-t-on une vraie stratégie pour le haut niveau ??? Recruter un attaquant qui n’a mis aucun but l’an dernier, ce n’est sûrement pas une idée géniale
Bon analyse