Muet depuis trois matches, l’Amiens SC est globalement à la peine sur le plan offensif depuis le début de la saison. Exception faite des 20 dernières minutes de folie contre Guingamp, avec trois des huit buts inscrits à la clé, la formation d’Omar Daf apparaît stéréotypée et en manque d’imagination. Décryptage.
L’Amiens SC reste assez inoffensif
Zéro, c’est le chiffre à la mode du côté de l’Amiens SC. En effet, l’actuel sixième de Ligue 2 a marqué zéro but sur les trois derniers matches (zéro victoire à la clé) et n’a cadré aucun tir sur le dernier contre Ajaccio, mardi dernier. « Mais on a encore eu une vingtaine de centres. Il manque juste de la justesse technique et de la détermination, juge Omar Daf. On se projette, on touche pas mal de ballons dans le dernier tiers du terrain. A partir du moment où on amène ce ballon dans cette zone, il faut y mettre un peu plus de folie. »
Et s’il y aurait parfois à redire sur la phase de construction, il est vrai que c’est principalement aux abords de la surface de réparation adverse que le bât blesse. Que ce soit avec ou sans Gaël Kakuta, son absence contre Ajaccio ne pouvant pas expliquer à elle seule l’incapacité de se montrer dangereux, l’Amiens SC peine de plus en plus à déstabiliser ses adversaires. « C’est une histoire de séries, même les très grands joueurs à haut niveau peuvent être un peu moins en réussite, estime le coach amiénois. Il faut simplement continuer à travailler comme nous le faisons depuis le début. »
Mais là encore, on ne peut pas vraiment dire que le début de saison de l’Amiens SC fut flamboyant sur le plan offensif. Lors de la première journée, contre une équipe de QRM qui n’a depuis marqué que deux petits points, les Picards ont attendu le temps additionnel et une déviation heureuse de Mathis Touho pour faire sauter le verrou adverse. Avant ça, il avait fallu se contenter d’une timide frappe cadrée de Gaël Kakuta. Contre Auxerre (1-0), c’est sur une frappe supersonique de ce dernier – à l’occasion de l’unique tir cadré de la rencontre – que le match a basculé.
Un projet de jeu trop attentiste ?
Et alors que le match contre Bastia, avec deux buts à la clé en 17 tentatives (6 cadrées), avait pu donner le sentiment que l’ASC montait en puissance offensivement, le soufflé est donc retombé depuis. En prenant en compte les matches contre le Paris FC (défaite 3-0), le VAFC (0-0) et Ajaccio (0-0), les véritables occasions de faire trembler les filets se comptent sur les doigts d’une seule main. Le tout en raison d’un manque « de rapidité dans l’exécution de nos gestes » selon Omar Daf. « Il y a des séquences où on peut frapper de 30 mètres, centrer plus tôt. Il faut se poser moins que questions, ne pas toujours chercher la position idéale. »
Encore faut-il que l’Amiens SC se mette réellement dans les meilleures dispositions pour y parvenir. Depuis le début de saison, la formation d’Omar Daf semble davantage animée par l’ambition de bien défendre que de chercher à créer le surnombre offensivement. Une tendance qui semble encore plus se matérialiser depuis la claque prise contre le Paris FC, où la formation samarienne était – comme rarement – partie à l’abordage. De quoi susciter une certaine forme de retenue depuis ?
« Sincèrement non, on ne reste pas derrière, réfute Omar Daf. On est costaud, oui, ça fait deux matches qu’on ne prend pas de but et c’est la base. Offensivement, on met nos schémas de jeu en place, le ballon circule et on arrive à amener le ballon dans les 25 derniers mètres. Après, c’est le talent individuel qui parle et il faut aussi se lâcher. » Et c’est peut-être bien là le cœur du problème : trop compter sur le talent individuel des joueurs à l’approche de la zone de vérité.
Du sang frais nécessaire
A l’image de ce qui se passe sur le côté droit, où tout repose sur la capacité de débordement et de centre d’Antoine Leautey, l’Amiens SC est devenu assez prévisible pour ses adversaires. Et si Gaël Kakuta est toujours attendu comme le messie, il ne semble plus en mesure de faire la différence de manière régulière. Et quand le côté gauche se montre défaillant, comme c’est souvent le cas depuis le début de saison, il devient plus aisé pour l’adversaire de contrôler le potentiel offensif amiénois.
Et si Andy Carroll est jusqu’ici assez neutre, notamment lors de son entrée en jeu sans impact à Troyes contre le Paris FC ou lors de sa première titularisation sans relief contre Ajaccio, il va bien falloir trouver des solutions pour apporter un peu plus de poids à cette animation offensive. Encore bien loin de son meilleur niveau athlétique, Maxime Do Couto est une solution à moyen terme pour animer le couloir gauche et tenter de rééquilibrer le tout.
Il faudra aussi que le reste de l’équipe se montre plus décisif. Naturellement tourné vers l’avant, Kylian Kaïboue peut faire partie des joueurs qui viennent s’inviter dans le dernier tiers adverse, sa bonne frappe contre Valenciennes en est la parfaite illustration. Quant aux défenseurs, ils ont aussi le droit de venir prêter main forte à leurs attaquants, notamment sur les phases arrêtées – l’une des vrais points noirs de l’Amiens SC ces dernières saisons.
Ce qui est sûr, c’est qu’il va falloir impérativement passer la seconde offensivement, sous peine de voir Amiens glisser sûrement mais doucement au classement. La bonne tenue défensive n’étant pas suffisante pour avancer, sans au moins un but inscrit ici ou là.
Romain PECHON