L’Amiens SC et l’échec de l’opération dégraissage

Ce mercato d’hiver devait être l’occasion pour l’Amiens SC de réduire un effectif beaucoup trop conséquent, avec près de 30 joueurs à la disposition de Philippe Hinschberger en intégrant les gardiens de but. Il n’en a finalement rien n’été. Décryptage. 

Une incapacité à sortir des joueurs

Gaoussou Traoré, Mamadou Fofana (6), Amadou Ciss, Adama Diakhaby, Jack Lahne et Chabel Gomez. A eux six, ils ne cumulent même pas 2000 minutes de temps de jeu depuis le début de saison, soit à peine plus de trois matches de moyenne pour chacun d’entre eux sur la première partie de saison. Sur le papier et dans l’esprit de Philippe Hinschberger, ils étaient donc les premiers candidats à un départ durant le mois de janvier. Or, ils font encore tous partie de l’effectif de l’Amiens SC à l’issue de ce mercato hivernal, même si certains marchés (Suisse, Israël, Amérique du Sud…) restent encore d’actualité.

Une issue assez prévisible au regard de la situation contractuelle et/ou sportive des intéressés, même si, interrogés par des agents à l’entame de la deuxième quinzaine de janvier, John Williams affirmait alors que « sa magie allait finir par opérer« , dans l’optique de trouver un nouveau point de chute aux indésirables du stade de la Licorne. Force est de constater que de magie il n’y a pas eu. Peut-être bien parce qu’aucun club ne veut d’un Amadou Ciss transféré pour plus d’un million d’euros à l’été 2020 et auquel il reste encore plus de deux ans de contrat en Picardie. La donne est la même pour un Jack Lahne qui a coûté près de trois millions d’euros à Amiens et qui sort de deux prêts peu reluisants en Suède.

Quant à Adama Diakhaby, son salaire XXL a de quoi freiner les ardeurs de prétendants qui ne se bousculent pas au portillon pour récupérer un joueur en situation d’échec depuis plusieurs saisons. Soit autant de dossiers au point mort qui illustrent aussi une politique sportive faite de paris et d’incertitudes plus que jamais à bout de souffle aujourd’hui. Et que dire de la gestion de Gaoussou Traoré, prolongé durant la précédente intersaison après de multiples atermoiements à son sujet et alors que Mamadou Fofana, un joueur au profil similaire (jeune à confirmer), venait d’être recruté. Résultat des courses, les deux sont en situation d’échec au sein d’un secteur de jeu surpeuplé.

Des départs discutables

A défaut, l’Amiens SC s’est donc résolu à laisser partir Iron Gomis, de nouveau prêté à Dunkerque dans les dernières heures du mercato. S’il n’était plus une option de choix dans l’entrejeu, le Marseillais de naissance restait une rotation intéressante (24 apparitions) et peut-être bien une alternative au poste de piston droit, comme il l’a montré en coupe de France à Nancy le week-end dernier. D’autant plus si le départ de Mickaël Alphonse pour le Maccabi Haïfa était amené à se confirmer dans les prochaines heures. Dès lors, Philippe Hinschberger pourrait se retrouver avec le seul Owen Gene pour terminer la saison, à moins de réinventer une nouvelle reconversion à l’un de ses joueurs actuels.

En attendant, l’effectif de l’Amiens SC est toujours aussi déséquilibré avec une défense bancale, où certains milieux (Lomotey, Lachuer et Gene) doivent jouer les pompiers de service, un milieu de terrain toujours aussi garni (Lachuer, Lomotey, Traoré, Lusamba, Benet, Ganhoré, Zungu, Fofana) et une attaque où la situation n’est guère plus confortable pour l’entraîneur avec pas moins de neuf joueurs (Diakhaby, Bamba, Akolo, Dossevi, Tolu, Badji, Lahne, Chabel Gomez, Sangaré) pour seulement deux à trois places dans le onze de départ en fonction de la configuration choisie (3-4-3 ou 3-5-2).

Nul doute que Philippe Hinschberger doit attendre avec impatience la saison prochaine, dans l’espoir de pouvoir travailler au quotidien dans de meilleures dispositions. La dizaine de fins de contrats devrait aider et éviter de devoir compter sur un hypothétique tour de magie.

Romain PECHON