L’Amiens SC et le péril des jeunes

Souvent vanté la saison dernière, la jeune garde de l’Amiens SC a quasiment disparu depuis le début de ce nouvel exercice. Entre ventes, prêts et mise au ban(c), la jeune garde formée au club n’a clairement plus la cote. Décryptage. 

Des départs en masse chez les jeunes

Samedi, pour la première fois depuis bien longtemps, l’Amiens SC a terminé la rencontre sans le moindre joueur formé au club sur la pelouse, après les sorties conjointes de Iron Gomis et Mathis Lachuer. Incarnation d’une jeunesse faisant la fierté de tout un club la saison dernière, le premier peine à confirmer les bonnes prédispositions entrevues sous les ordres de Luka Elsner et Oswald Tanchot, étant même à deux doigts de quitter le club dans les dernières heures du mercato estival. Censé être l’incarnation d’une seconde vague de talents issus du centre de formation, le second est pour sa part bien loin du niveau entrevu lors de la préparation estivale, à l’image de son erreur débouchant sur une action en or pour Rodez en tout début de rencontre.

Résultat des courses, l’Amiens SC semble progressivement revenir en arrière à propos de sa politique de promotion des jeunes talents du club, dont le temps de jeu s’avère de moins en moins important au fil des rencontres. Une situation qui a poussé bon nombres d’entre eux à quitter la Picardie durant l’été. Soit pour aller chercher davantage de temps de jeu à l’échelon inférieur pour tenter de confirmer un quelconque potentiel, à l’instar de Florian Bianchini, Darell Tokpa, Youssouf Assogba et Ayman Ouhatti, soit parce qu’on leur a fait comprendre qu’il était dans leur intérêt de quitter le club, comme Valentin Gendrey et Nathan Monzango.

Une inflexion de la stratégie, vraiment ?

Le tout alors qu’ils avaient tous les deux rendus de fiers services l’an passé et que l’effectif de l’Amiens SC ne compte aujourd’hui que six défenseurs de métier, dans l’attente du retour de blessure de Nicholas Opoku et en incluant le très jeune et inexpérimenté Matthéo Xantippe. Pourtant, Luigi Mulazzi assurait encore en juillet dernier que « faire jouer les jeunes faisait partie de l’identité de l’Amiens SC« . « C’est une vraie fierté, s’exclamait alors le vice-président de l’ASC. C’est là qu’on voit tout le travail réalisé par le centre de formation et la qualité du centre de formation. La jeunesse, les joueurs du centre de formation, ont vocation à jouer avec Amiens. »

Moins de deux mois plus tard, seul Mathis Lachuer semble en mesurer de challenger une place de titulaire au sein d’un effectif où la place des jeunes semble de plus en plus menacée, des prêts en National étant encore envisagés pour certains d’entre eux. Certes, l’Amiens SC avait besoin d’expérience et de certitude avec des joueurs plus rompus aux joutes du haut niveau. Néanmoins, ce recrutement en masse dans les dernières heures du mercato, avec pas moins de quatre renforts entre le 31 août et le 7 septembre, ne prouve-t-il pas que cette jeunesse amiénoise était finalement trop tendre pour la Ligue 2 ? Surtout, cela ne démontre-t-il pas que la promotion des jeunes la saison passée était finalement un choix par défaut et non pas une volonté farouche de la direction de miser sur sa formation ?

Ce qui est sûr c’est que pour entamer son nouveau « cycle de conquête et d’ambition sportive« , l’Amiens SC a décidé de faire un pas de côté – à défaut d’un pas en retrait – au sujet de sa politique de mise en avant des jeunes joueurs issus du centre de formation. Preuve que la caution jeune n’était finalement qu’un leurre pour mieux faire passer la pilule d’une saison autant morose que mal préparée par l’état-major du club.

Romain PECHON