L’Amiens SC est en train de gagner la bataille médiatique

La décision de la Ligue professionnelle de football (LFP) de stopper le championnat, puis d’acter le principe de deux descentes pour deux montées a eu le temps de faire du chemin dans l’esprit de beaucoup de ses représentants. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette idée ne fait pas l’unanimité au sein du football français.

Amiens a pris le taureau par les cornes

Ainsi, depuis quelques semaines, l’Amiens SC jette ses dernières forces dans une bataille épique contre une décision pour le moins surprenante. La réalité du classement est effectivement logique, le club picard est dix-neuvième. En revanche, être privé du droit de concourir en amputant dix journées ne l’est pas. Chacun a bien compris qu’Amiens ne luttait pas pour une place européenne mais pour la dignité du football français. La dignité qui implique de prendre les bonnes décisions sanitaires et de ne pas faire souffrir des clubs dans un contexte économique global très difficile.

Qu’il soit en Allemagne, Espagne, Angleterre où en France, le déconfinement n’est qu’un cap mental à franchir pour aider ceux qui souffrent d’isolement et de perspectives. En réalité, la situation sanitaire est loin d’être résolue. Les tests qui seront nécessaires pour la population française doivent l’être aussi pour les footballeurs. Ce secteur va se restructurer mais reste encore en tension. Nous resterons en tension au moins jusqu’à l’année qui vient voire 2022.

L’administration de l’Amiens SC a lancé une grande offensive médiatique comme on en connaît peu avec de nombreuses personnalités du football français au secours du relégué : Blanc, Roche, Larqué, Fernandez, Savidan… Le dernier en date s’appelle Jean-Michel Aulas. Le président de Lyon est un homme d’affaires accompli qui connaît tous les rouages pour défendre son club contre vents et marées. Avec des bonnes et des mauvaises décisions mais au moins avec un vrai mérite : celui de faire bouger les lignes, d’apporter du débat au sein du football français alors que les décisions peuvent sembler rigides. L’uniformité c’est la mort de la pensée.

Prenons l’exemple du rugby français. La ligue a étudié trois scénarios possibles menant même jusqu’en août avec des phases finales. Rien de cela n’a été appliqué. Aucune descente et aucune montée. Bien sûr, on peut comprendre les frustrations puisqu’on annule une somme d’efforts et de sacrifices pour être bien classé mais une chose peut apaiser : le dialogue. Or, de dialogue il n’y a point eu contrairement aux autres pays qui veulent reprendre. Ce sera le cas de l’Allemagne dès la semaine prochaine. Mais, il ne faut tomber dans le « à qui mieux mieux » pour empocher toujours plus de recettes publicitaires. Les grands clubs vivent à crédit. La France pourrait exploiter ce temps figé avant septembre pour mieux dialoguer et inventer un protocole de jeu sain.

Un soutien profitable

Amiens a lancé une pétition qui cherche à prendre le peuple picard à témoin d’une vraie injustice sportive. C’est un droit et il est inattaquable quand bien même les instances opposent à cela un silence assourdissant. Il ne faudra pas non plus se cacher en reconstruisant ce club sans ruses ni déguisements. Des investissements, des partenaires à consolider, des joueurs et un public soudé. Cette crise reflète la société française qui doute d’elle-même et qui veut être entendue. Qu’un club comme Lyon soutienne le dix-neuvième de Ligue 1 entraîne la suspicion. Qu’il veuille à tout prix accrocher l’Europe sur le terrain aussi. Si ce n’est pas possible, on ne peut pas ranger aussi rapidement cette saison dans un tiroir.

Peu de clubs s’émeuvent du sort des derniers ou des non qualifiés. Amiens est à quatre points, Toulouse est encore plus loin, Lyon échoue pour si peu…  soit. Il fallait mieux jouer diront certains. Peut-être oui mais pas au poker. Il fallait être solidaire pour répondre de façon exceptionnelle à une crise majeure. Ça n’a pas été le cas mais ce n’est pas encore trop tard. Jean-Michel Aulas a témoigné du respect pour la mobilisation des supporters amiénois. J’y vois l’avènement de bonnes relations avec le dirigeant lyonnais.

En tout cas, le soutien (même nuancé dans un second temps) du président lyonnais a apporté un vrai coup de projecteur sur la pétition amiénoise, avec pas moins de deux mille signataires supplémentaires dans la foulée de son partage. Bernard Joannin a donc tout intérêt à mutualiser son combat avec lui, même si les intérêts sont divergents, pour déployer ses arguments et être entendu. Ce n’est pas la première fois qu’on assisterait à un « braquage à l’amiénoise »

Dans tous les cas, il faudra mûrir les décisions. L’avenir se prépare et cette « guerre sanitaire » a dévoilé les vrais visages. Il ne faut pas prendre le risque de provoquer des fractures irrémédiables. En tout cas, Amiens ne compte pas en rester là !

Pierre-Alexandre CARRE

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2 Commentaires

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  1. où sont les Toulousains dans cette affaire.
    Résignés ???? alors qu’ils devraient se battre avec la même ardeur qu’Amiens
    merci Mr Kombouaré pour votre combat sans limite. Un exemple pour le football français.
    Vous avez toujours été d’une grande humanité et d’une grande intelligence. Merci encore.

    • Toulouse, 28 matchs joués, 3 victoires, 4 nuls, 21 défaites pour un total de 13 points.
      ils ont peut-être choisi de ne pas se ridiculiser davantage, et se préparent sérieusement pour une saison en ligue 2 qui va s’avérer difficile….

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