Bien moins prolixe et plus tendu qu’à l’accoutumée, Philippe Hinschberger refuse de noircir le tableau avant le déplacement de l’Amiens SC à Grenoble, samedi pour le compte de la 28ème journée de Ligue 2. S’il reconnaît une période plus difficile, le coach amiénois estime que certains motifs d’espoir subsistent. Entretien.
Philippe, comment s’est déroulée cette trêve internationale pour l’Amiens SC ?
On a travaillé avec les gens qui étaient là. On a fait cinq séances la semaine dernière, avant une semaine classique après une reprise lundi après-midi. C’est toujours un peu particulier quand on n’a pas de match de préparation. Globalement, ça s’est plutôt bien passé et maintenant on regarde devant. Cela ne sert à rien de ressasser les derniers mauvais résultats, les dernières défaites contre Paris et Rodez. On a évacué tout ça et on a focalisé sur les dix matches restants à préparer.
N’est-ce pas quand même un peu compliqué de préparer un match aussi important avec huit joueurs en moins ?
Non, on savait que la semaine dernière allait permettre de faire des rappels sur la préparation athlétique. Cette semaine, on a pu compléter avec des jeunes du centre de formation, c’est tout. Par contre, on n’a pas pu faire travailler vraiment notre défense, d’autant qu’ils ne sont pas tous rentrés encore. On vient aussi de faire neuf mois de championnat et ce n’est pas la misère de devoir faire sans eux pendant une semaine.
Même s’il a manqué du monde ces derniers jours, avez-vous déjà vu les effets de la discussion post-Rodez ?
On verra ça sur les dix derniers matches. En attendant, on s’est éloigné du stade, on a pensé un peu à autre chose, histoire de voir d’autres images plus positives. C’était important.
A titre personnel, comment vivez-vous la situation actuelle ?
Je vis très bien la situation… Je suis peiné, parce que comme tout le monde j’aspirais à beaucoup mieux par rapport à notre début de saison, à nos trois premiers mois où on est resté longtemps dans les cinq premiers. Dire que je le vis très bien non, mais je continue à avancer et à travailler. Bien sûr, je suis déçu après les matches, il y a des répétitions de bêtises qui font que c’est frustrant. Il reste deux mois et il faut les attaquer bille en tête, ce qui est mon rôle.
Il y a des choses concrètes à corriger, on ne peut pas continuer comme ça.
L’objectif de la fin de saison de l’Amiens SC est désormais de se maintenir au plus vite ?
Oui, on a encore quelques matches à gagner sur les dix derniers. Il faut faire attention et ouvrir le parapluie de la sécurité. A un moment, on avait tellement d’avance sur les relégables qu’on ne regardait pas trop. Maintenant, il est clair qu’il faut faire très attention et vite se dépêcher pour regagner au moins un match et repartir sur quelque chose de positif.
Cette équipe de l’Amiens SC est-elle suffisamment armée pour cette lutte ?
Il vaut mieux !
N’est-ce pas compliqué pour certains de changer d’objectif, notamment pour ceux qui ont rejoint le club pour jouer le haut de tableau ?
C’est dans la nature humaine de changer d’objectif. Ce n’est pas toujours facile, c’est plus facile dans l’autre sens. Maintenant, c’est notre réalité et je n’ai pas de souci avec ça. Si on regarde bien nos matches depuis janvier, mis à part le Paris FC qu’on perd après une faute de main de notre gardien qui lance le Paris FC, Annecy où on n’a pas été bons, le reste on va lever les yeux au ciel. Même la première mi-temps contre Rodez, on peut virer en tête sans deux arrêts miraculeux de leur gardien. Je ne suis pas là pour tout jeter avec l’eau du bain. On a eu quelques loupés, c’est clair, mais globalement il nous manque surtout un petit truc pour basculer nos nuls en victoires et nos défaites en nuls. On ne peut pas non plus tout le temps être en train de s’alarmer par rapport à notre jeu.
Vous ne voulez pas mettre de pression négative à votre équipe…
Il faut avant tout rester en éveil et basculer nos objectifs sur la nécessité de vite prendre six points pour se mettre à l’abri définitivement d’un éventuel retour de derrière. Cela n’empêche pas de s’alerter sur les deux derniers résultats, avec six buts pris en deux matches. Il y a des choses concrètes à corriger, on ne peut pas continuer comme ça. Avant les deux derniers matches, on était à zéro de goal-average, on est à -5 désormais. A moi de trouver les solutions pour être plus hermétique, prendre moins de buts, qu’on transforme nos occasions.
Le problème est que ce constat vous le faites de semaine en semaine et hormis quelques timides sursaut, la situation ne change pas…
Je connais votre constat, il est logique. C’est vrai, parce qu’on fait toujours la petite faute. Encore une fois, je vais me répéter, sans me ravir des derniers matches, on peut s’arracher les cheveux mais on a aussi fait plus de la moitié du temps de bonnes choses. Cela va finir par rentrer dans l’ordre. On est là pour avancer aujourd’hui. Quand tu fais bien les choses, tu finis par être récompensé.
Propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Eddy Lemaistre/FEP/Icon Sport