Dans l’ombre de l’agitation médiatique autour du transfert d’Aliou Badji, qui attend que l’Amiens SC honore sa parole en le laissant partir pour Auxerre, un autre joueur est actuellement dans une situation difficile. Sur le point de s’engager avec Nancy, Mustapha Sangaré a du faire machine arrière. En cause, une indemnité de dernière minute qui dépasse le cadre sportif. Explications.
Sangaré « pris en otage »
Le 19 juillet dernier, Mustapha Sangaré officialisait son départ de l’Amiens SC dans un tweet où il remerciait le club picard « de [l’]avoir accompagné pour [ses] débuts dans le monde professionnel. » Présent à Nancy depuis plusieurs jours, l’attaquant disposait alors d’un accord avec John Williams pour être libéré de sa dernière année de contrat et ainsi s’engager librement avec le club relégué en National, avec lequel il est entré en contact par le biais du directeur sportif de l’ASC. Un dossier tellement avancé que le joueur avait passé la visite médicale, participé à quelques entraînements et même trouvé un logement. Sauf que le transfert n’ira jamais à son terme, la faute à une injonction présidentielle de toute dernière minute.
Alors que Nancy était dans l’attente de la lettre de sortie actant la résiliation de Mustapha Sangaré avec l’Amiens SC, Bernard Joannin est intervenu en personne pour bloquer l’opération. La cause de ce revirement de dernière minute ? La volonté du président amiénois de se faire rembourser les frais occasionnés par les débordements des supporters de Nancy au printemps dernier, soit un montant d’un peu plus de 37 000 euros. De quoi faire bondir les dirigeants nancéiens qui disposaient d’un accord de principe avec le directeur sportif de l’Amiens SC depuis plusieurs jours. De quoi reporter l’annonce de la signature du joueur alors que le communiqué officiel était déjà prêt.
Le précédent El Hajjam
Inflexible sur le sujet, alors que Mustapha Sangaré est poussé vers la sortie depuis la fin de saison dernière, Bernard Joannin a ainsi décidé de régler ses comptes avec Nancy et plus précisément son président Gauthier Ganaye, à l’occasion du transfert de l’infortuné unique buteur de l’Amiens SC à Auxerre en mai dernier. Si sur le fond la démarche peut être compréhensible, Amiens souhaitant obtenir réparation de dommages commis par les supporters nancéiens un peu plus tôt dans l’année, la forme laisse clairement à désirer. Pourquoi laisser Mustapha Sangaré aller aussi loin dans les démarches avec le club lorrain pour finalement ajouter cette condition bloquante en dernière minute – qui n’est même pas une indemnité de transfert correspondant à une dernière année de contrat, et ainsi faire du joueur un instrument d’une brouille entre deux clubs ?
Il aurait été tout aussi simple et beaucoup plus respectueux de mettre un veto initial et en finalité ne pas amener le joueur dans une position aussi indélicate. Il y a trois ans de cela, c’est Oualid El Hajjam qui se retrouvait bloqué au moment de signer avec Troyes, là encore pour un montant avoisinant les 40 000 euros. De quoi amené l’intéressé à monter au créneau dans la presse pour obtenir gain de cause : « Le club n’a aucune raison de me retenir. Il me reste un an de contrat, et je n’ai aucune proposition de prolongation. C’est une honte pour moi ce qu’on me demande aujourd’hui. C’est inadmissible, s’exclamait celui qui est désormais au Havre. On me demande de baisser mon salaire dans mon futur club pour payer mon transfert ? C’est dérisoire. Incompréhensible. »
De retour sur Amiens depuis quelques jours, Mustapha Sangaré se retrouve donc bloqué par un club qui s’était initialement engagé à le libérer et qui ne compte clairement plus sur lui. Le tout pour régler un contentieux dans lequel il n’est même pas une partie prenante mais une simple victime collatérale. Une occasion de plus de se demander où est passé le club familial si souvent dépeint par Bernard Joannin, qui répète également à outrance ne « jamais vouloir se mettre en travers de la carrière des joueurs« . Pour ce coup-ci, c’est clairement raté.
Romain PECHON
C’est quoi cette méthode ?
En principe, dans un monde « normal »…. ce genre de contentieux passe par le Tribunal et/ou les assurances.
Une fois qu’on a dit ça, effectivement il n’est pas normal que Nancy n’ait pas non plus indemnisé l’ASC suite aux dégradations, le club étant responsable de ses supporters en déplacement.
Mais prendre en otage Sangaré à cause de ça, clairement c’est nul.
Et si L’AS Nancy Lorraine avait réglé les frais occasionnés par les exactions de ses supporters depuis le temps qu’ils ont eu lieu, ç’aurait été une bonne idée aussi, pas vrai ?
Après, le pauvre Sangaré se retrouve là un peu couillon malgré lui mais bon…
Pas fier d’être amiénois quand je lis ça.
Il y a les tribunaux !!!!