S’il y a bien un domaine dans lequel Philippe Hinschberger n’a toujours pas trouvé la solution depuis son intronisation à la tête de l’Amiens SC, c’est bel et bien l’animation des couloirs. D’abord désireux de trouver des doublettes avec des ailiers rentrant à l’intérieur, l’ancien technicien du GF38 a revu sa copie depuis quelques semaines avec un système faisant la part belle aux pistons, seuls animateurs des couloirs. Le tout pour un bilan offensif toujours aussi sporadique. Explications.
La faillite des ailiers
Si l’Amiens SC a inscrit neuf buts en quatre matches en novembre, un seul l’a été en championnat où le club picard n’a pas trouvé le chemin des filets sur quatre de ses six dernières rencontres. Et si le manque d’efficacité de ses attaquants – Aliou Badji et Tolu Arokodare en tête – a souvent été pointé du doigt, c’est l’ensemble de l’animation offensive qui toussote depuis le début de la saison. Auteur d’une excellente préparation estivale, avec quatre buts à son actif, Adama Diakhaby était attendu comme le fer de lance de l’attaque picarde. De retour d’un prêt peu concluant en Allemagne, Chadrac Akolo devait être son pendant dans le couloir gauche et enfin s’affirmer sous la tunique amiénoise, deux ans après son arrivée en club.
« Ce sont les deux garçons qui se détachent à mes yeux, affirmait Philippe Hinschberger en juillet dernier. Adama m’a dit qu’il était revenu pour jouer, pour avoir du temps de jeu. Je pense que c’est un garçon qui a son niveau, avec de l’efficacité, doit tout exploser. Chadrac, je le trouve vraiment bien dans l’esprit. Il fait des choses plutôt sympa à l’entraînement. J’espère pouvoir les amener avec moi dans leur envie. Parfois tu as envie de te demander pourquoi ils sont à Amiens. » Cinq mois plus tard, la donne est bien différente. Après une entame de saison décevante, les deux joueurs ont tout simplement perdu leur place de titulaire A tel point que les dirigeants amiénois ont décidé de recruter deux titulaires en puissance à leurs postes dans les toutes dernières heures du mercato d’été, à savoir Matthieu Dossevi et Kader Bamba.
Et si le premier n’a pas encore eu l’occasion de s’exprimer, freiné dans son élan par une blessure à la cheville nécessitant une opération et l’éloignant des terrains au moins jusqu’en janvier 2022, le second est rapidement devenu le principal atout offensif de l’Amiens SC. En l’espace de trois matches, Kader Bamba a réussi à faire ce que ni Chadrac Akolo ni Adama Diakhaby n’étaient parvenus à réaliser sur une longue période, c’est-à-dire représenter une menace permanente pour l’adversaire et surtout être décisif. Et si le Nantais performait individuellement parlant, l’Amiens SC a continué à avancer au ralenti, peinant à trouver un joueur aussi performant dans le couloir droit. A tel point qu’Iron Gomis était de nouveau essayé à ce poste à Nîmes, Chadrac Akolo débutant sur le banc et Adama Diakhaby n’étant même pas du voyage dans le Gard.
Le recours aux pistons
Sans solution avec le 4-3-3 et dos au mur, avec une seule victoire au compteur après douze journées, Philippe Hinschberger décida alors de changer son fusil d’épaule en optant pour un 3-5-2 pensé avant tout pour apporter de nouvelles solutions dans le domaine offensif plutôt que pour se rassurer défensivement : « J’utilise rarement ce schéma, c’était aussi pour me réveiller et réveiller un peu tout le monde. Après le match à Dijon je priais pour espérer que ça aille mieux ou bien je tentais quelque chose. C’était aussi pour changer notre animation offensive et jouer avec deux attaquants plutôt complémentaires. Enfin, il fallait mettre les joueurs dans les meilleures dispositions, comme monter un peu nos pistons. »
Une évolution qui devait notamment être profitable à Mickaël Alphonse, naturellement porté vers l’avant et chez qui les qualités de contre-attaquant prennent le pas sur celles du défenseur à proprement parler. Utilisé dans ce schéma en tout début de saison à Dunkerque, Harouna Sy semblait lui aussi en mesure de se fondre parfaitement dans le moule imaginé par son entraîneur, à savoir de joueur capable de répéter les efforts sur les côtés, apporter de la vivacité et centrer. Or, le compteur statistique des deux joueurs est resté désespérément vierge en plus d’une impression générale assez neutre voire négative. Or, les pistons ont une importance capitale dans ce genre de système où la largeur n’est possible que par le biais de leurs montées dans les couloirs.
« C’est vrai qu’on n’est pas plus performant offensivement en jouant à trois derrière alors que c’était une motivation en changeant de système, rappelle Philippe Hinschberger. Pourtant, dans mon esprit, j’avais des joueurs qui correspondaient entre Harouna et Mickaël. On peut aussi spéculer sur le fait que l’on prend peu de buts, mais si on veut gagner, il va falloir que l’on se déséquilibre, que l’on prenne des risques et que l’on attaque. Aujourd’hui, mes pistons sont chargés d’être très offensifs. » Un visage visible contre Cambrai en Coupe de France, où Harouna Sy a fait son meilleur match depuis son arrivée en Picardie et au cours duquel Owen Gene a trouvé le chemin des filets. Maintenant, l’opposition, à savoir un club de Régional 1, plaide pour la prudence à ce stade.
Avec seulement quinze buts inscrits après seize journées de championnat, l’Amiens SC demeure une des plus mauvaises attaques à ce stade de la saison. La faute à des attaquants qui n’affolent pas les compteurs, le meilleur buteur n’étant qu’à trois réalisations. La faute aussi à des pistons trop timorés, peu dangereux et clairement pas décisifs depuis le passage en 3-5-2. Et si cela suffit pour ne plus perdre, avec une victoire et trois matches nuls en Ligue 2 depuis le changement de système, cela demeure insuffisant pour enchaîner les victoires et ainsi sortir de la zone rouge. Or, le temps urge pour une formation amiénoise qui pourrait bien rester sur le carreau à force de jouer avec le feu.
Romain PECHON
Amiens n’apprend pas de ses erreurs !!
2 ans plus tard nous sommes 19eme avec la COVID qui s’enflamme.
En espérant que cette fois le championnat ne s’arrête pas avant terme… Et que l’on ne revive pas une nouvelle descente administrative !!
Bougez-vous avant la trêve !!!