Auteur d’une prestation remarquée et remarquable lundi soir à Valenciennes, Gaël Kakuta a peut-être bien posé les jalons d’une deuxième partie de saison où son apport sera décisif dans la quête de sommet de l’Amiens SC. En attendant, le meneur de jeu congolais suscite beaucoup de crainte chez les adversaires du club picard. Explications.
Kakuta a marqué les esprits à Valenciennes
Buteur opportuniste, moteur des transitions offensives et point d’ancrage du jeu collectif de l’Amiens SC, Gaël Kakuta était « dans tous les bons coups » à Valenciennes pour la reprise du championnat. « On ne sait jamais où il est, c’est un électron libre intelligent qui se déplace au bon endroit au bon moment, juge Nicolas Rabuel, l’entraîneur du club nordiste. Même quand on est sur lui, c’est difficile parce qu’il a la qualité technique pour faire la différence. C’est vraiment un top joueur. » « On sait le talent qu’il a et l’importance qui est la sienne dans le jeu de son équipe, poursuit Quentin Lecoeuche, formé avec lui à Lens. Quand tu as un joueur comme ça en dix en face de toi, il faut se méfier de tous les appels, parce que tu sais que le ballon va être mis au bon endroit et au bon moment. »
Une justesse qui aurait pu faire encore davantage de dégâts face au VAFC si ses coéquipiers s’étaient montrés un peu plus inspirés. « En première période, sur le décalage de Gaël, si Iron (Gomis) fait un bon contrôle il marque. Maintenant, c’est exactement ce genre de projection que je veux voir autour de Gaël quand il joue 9 1/2, précise Philippe Hinschberger. Si j’avais des attaquants prompts à prendre la profondeur, je pourrais le mettre derrière deux attaquants, ce serait très intéressant. » A défaut, le coach de l’Amiens SC a donc décidé de tout miser ou presque sur son numéro 96 : « Aujourd’hui, c’est celui qui a le plus de talent offensif pour initier et finir nos actions, je veux donc le voir proche du but. Et plus il sera proche du but, plus il fera peur à l’adversaire. »
Et ce n’est surement pas Quentin Lecoeuche qui dira le contraire. « On a le sentiment d’avoir réussi plus ou moins à bien le museler, même s’il a pas mal de situations à certains moments du match et notamment cette frappe sur la barre en première période, se remémore le latéral gauche valenciennois. Pour les adversaires, c’est bien de se mesurer à un joueur comme ça. C’est la classe, un talent pur, la crème du championnat. Pour la Ligue 2 dans son ensemble, c’est bien d’avoir un joueur de ce talent. Un joueur comme ça devrait jouer au-dessus. C’est une chance pour Amiens d’avoir un tel joueur dans son effectif. »
Le facteur X de la deuxième partie de saison de l’Amiens SC ?
« Quand je l’ai vu venir, je me suis dit que ça pouvait changer la face de notre saison, confie Mamadou Fofana. C’est un plus pour nous, je suis sûr qu’il fera beaucoup de belles choses et qu’on fera de belles choses tous ensemble. A Valenciennes, il a fait un très bon match, il a marqué et j’espère que ça va continuer comme ça. Il apporte beaucoup de choses positives, c’est vraiment un super joueur qui permet à l’équipe de se procurer de bonnes situations. » Reste à savoir si Gaël Kakuta pourra maintenir un tel niveau de performance et surtout s’il sera enfin épargné par les blessures après une année 2022 riche en événements dans ce domaine.
Il a aussi fallu que je réfléchisse bien à son utilisation par rapport à l’équipe et l’équilibre – Philippe Hinschberger.
La saison dernière, c’est à cette période que le meneur de jeu de 31 ans a commencé à accumuler les pépins physiques, avec une première blessure au mollet à la mi-décembre avant le genou, les ischios et le tendon d’Achille en deuxième partie de saison. De quoi expliquer les débuts assez poussifs de Gaël Kakuta avec l’Amiens SC, à l’exception de son « entrée d’extraterrestre » contre Dijon. « C’était plus compliqué par la suite, reconnait son entraîneur. Il a aussi fallu que je réfléchisse bien à son utilisation par rapport à l’équipe et l’équilibre. La coupure et la préparation hivernale ont aussi permis de le faire travailler et de voir comment on pouvait s’organiser avec lui. »
Dès lors, l’idée de faire jouer Gaël Kakuta en tant que deuxième attaquant a commencé à germer dans l’esprit de Philippe Hinschberger. Dans l’optique de préserver un équilibre d’équipe autour d’un milieu de terrain que le technicien de 63 ans estime performant et complémentaire, tout en sachant que ce dernier n’était aussi pas vraiment satisfait de la production de son duo d’attaquants (Tolu-Cissé), plus que jamais sur la pente descendante avant la trêve. Ayant le sentiment d’avoir fait le bon choix, l’entraîneur de l’Amiens SC veut désormais avancer dans cette voie sans envisager de préserver le Congolais en dépit des matches rapprochés : « Je le sens bien physiquement et à partir du moment où on me donne le feu vert sur le plan médical et que je le vois bien à l’entraînement aussi, je ne me pose pas de questions. »
Et en attendant le potentiel recrutement d’un mercato durant le mercato d’hiver, qui ouvrira ses portes le 1er janvier prochain, Gaël Kakuta apparaît comme la réponse aux nombreux maux offensifs de l’Amiens SC. Mais aussi talentueux soit-il, l’ancien Lensois aura besoin de soutien pour permettre au club picard de se mêler à la course à la montée. Encore faut-il que l’état-major amiénois en soi bien conscient et agisse en conséquence dans les prochaines semaines…
Romain PECHON
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