Kévin Martinez (AC Amiens) : « Il faut sonner la révolte »

Cadre de l’AC Amiens depuis plus de dix ans, Kévin Martinez a vécu sur le flanc la première partie de saison, la faute à une douleur récalcitrante dans le bas du dos. De retour à la compétition depuis le début d’année civile, le défenseur ne peut que constater les dégâts au sujet d’une équipe qui reste sur huit défaites consécutives. Pour autant, la résignation n’est pas à l’ordre du jour. Entretien.

Kévin, avant toute chose comment allez-vous après avoir connu une longue période d’indisponibilité en première partie de saison ? 

Ca va mieux. J’ai eu une hernie discale, mon nerf était comprimé et ça me provoquait des douleurs dans la fesse, dans l’ischios, le mollet jusqu’à même avoir des fourmillements dans la plante de pied. Il a donc fallu que je me fasse infiltré sous scanner dans le bas du dos, à l’endroit précis où mon nerf était touché. La première infiltration n’avait pas fonctionné. Les soucis sont derrière moi depuis la mi-novembre et ma deuxième infiltration. J’ai pu reprendre la course à la mi-décembre, avant de reprendre collectivement fin décembre. J’ai pu faire la préparation hivernale avec tout le monde et physiquement je me sens bien, je n’ai plus du tout de souci.

Si ça va mieux pour vous, ce n’est pas le cas de l’AC Amiens empêtré dans une série de défaites depuis le mois d’octobre. Comment expliquez-vous cela ? 

Quand on regarde les matches, les contenus sont différents les uns des autres. Contre Vimy, on ne mérite pas forcément de perdre, on a eu des situations et où on a fait plutôt un bon match collectivement. Par contre, sur les matches de Longueau et Marcq ont de gros trous d’air et à chaque fois ça nous coûte des buts sur des erreurs individuelles, des placements, un manque de concentration ou un déficit de maturité collective. C’est compliqué, on a l’impression que même en faisant les bonnes choses ça ne veut pas tourner en notre faveur.

Etes-vous un peu gagné par la fatalité, un sentiment de résignation face à ce constat ? 

Non, on a toujours envie d’y croire ! On a forcément loupé un peu le coche contre Vimy et Longueau, des adversaires « à notre portée » pour prendre des points et réduire l’écart sur le premier non relégable. Plus le déclic va mettre de temps à arriver plus ce sera compliqué, forcément. Maintenant, on ne perd pas espoir car on sait qu’il suffit de ne pas grand-chose. Quand on fait ce qu’il faut, on est bien mais on ne le fait pas suffisamment longtemps sur la durée d’un match pour espérer prendre des points. Il ne faut pas être résigné, il ne faut pas baisser la tête et continuer de se battre tant que c’est possible.

On a tous envie que le club reste encore à ce niveau la saison prochaine, il faut sonner la révolte, aider les uns les autres, rester positif et trouver les solutions pour s’en sortir.

Vous y croyez encore mais l’inquiétude est quand même de rigueur au regard de votre situation…

Forcément, oui. On est aussi inquiet parce qu’on a dit points de retard sur le premier non relégable. On sait que plus le temps avance plus ça devient compliqué. Maintenant, il ne faut pas qu’on perde espoir. Si on ne se dit pas qu’on peut y arriver, personne ne va le faire à notre place. Il faut au moins prendre un point rapidement, faire un match nul, arrêter cette série de défaites. Ca peut être un déclic pour ensuite espérer enchaîner. On sait que ça dépend aussi des autres et de leur capacité à prendre des points. De notre côté, il faut prendre match par match et voir ce qu’il en est.

Sans dire que le groupe est abattu, on l’imagine très marqué par la situation actuelle…

Pas abattu mais forcément marqué, oui. Ca paye toujours cash contre nous et à l’inverse on n’arrive pas à profiter de ce que l’adversaire peut nous offrir. Ca ne tourne jamais en notre faveur mais il faut insister, car à force de faire les efforts on sera forcément récompensé. Il faut aussi être plus mature et arrêter de faire des erreurs.

Diriez-vous que la situation est aussi alarmante qu’en 2019/2020 avec cette entame de saison catastrophique avant l’interruption des championnats ? 

Non, parce que le groupe était différent. A l’époque, on a commencé par six matches, six défaites et on ne ressentait pas de cohésion d’équipe, c’était très compliqué. Là, on reste soudé malgré la défaite. C’est aussi aux plus anciens d’apporter leur expérience, de tirer vers le haut les plus jeunes. On a tous envie que le club reste encore à ce niveau la saison prochaine, il faut sonner la révolte, aider les uns les autres, rester positif et trouver les solutions pour s’en sortir.

Votre entraîneur estime que l’AC Amiens joue avec le feu depuis trop longtemps. Est-ce également votre sentiment ?

Je suis d’accord avec lui. C’est vrai qu’on joue avec le feu depuis trois ans maintenant. On espérait profiter de la trêve pour se remettre les idées en place et repartir de l’avant. Or, ce n’est pas le cas puisqu’on est reparti sur trois défaites. On joue avec le feu et avec le reformatage des championnats avec cinq descentes à la clé, ce n’était pas vraiment la saison pour le faire. On est là où mérite de l’être mais on va faire les efforts pour recoller aux équipes devant nous.

Voir l’AC Amiens en Régional 1, je ne veux pas y croire et je me battrai jusqu’au bout pour éviter ça.

Sans dire que Feignies est déjà le match de la dernière chance, il est urgent de stopper la spirale même si c’est face à un gros morceau en l’occurrence le leader…

C’est une très belle équipe, ce sera un gros match. C’est aussi toujours plus facile de se « motiver », d’être au niveau qui doit être le nôtre. J’ai vraiment hâte d’être à ce match pour voir si on peut se mettre au niveau pour prendre des points. Ce match peut vraiment faire office de petit déclic si on prend un point ou si on signe une victoire. On sait qu’on peut faire de bonnes choses, il faut le prouver. Il reste encore douze matches et beaucoup de points à prendre. L’an dernier, on avait su faire une série et prendre un nombre important de points à cette période de l’année. Si on veut se maintenir, il faudra en faire de même cette saison.

Il y a quatre ans de cela, il était assez inimaginable de se projeter vers une descente de l’AC Amiens en Régional 1, après tant d’années à lutter pour les premières places en National 2. Aujourd’hui, cette perspective est concrète. Comment appréhendez-vous cette situation ?

Je n’arrive pas à me le mettre en tête. C’était compliqué d’être blessé et de ne pas pouvoir aidé l’équipe. Je reviens et je vois que ça continue dans cette mauvaise spirale, c’est compliqué à vivre. Maintenant, c’est le football, il y a parfois des moments difficiles. Par contre, voir l’AC Amiens en Régional 1, je ne veux pas y croire et je me battrai jusqu’au bout pour éviter ça.

Tous propos recueillis par Romain PECHON

AC AMIENS – FEIGNIES/AULNOYE

15ème journée de National 3

Samedi 11 février, 18 heures

Stade Jean Bouin, Amiens

Arbitre : M. Darcy

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