Fier du visage affiché par ses joueurs face à l’ogre Chelsea, Jocelyn Gourvennec louait hier le comportement exemplaire de son groupe. Défait par plus fort, l’entraîneur du LOSC mesurait l’écart abyssal entre les deux équipes sur le plan financier et donc sur le terrain.
Quel bilan faire du match de ce soir et du parcours en Ligue des Champions ?
Le parcours est réussi et magnifique. Il était de toute façon réussi avant le huitième de finale. Il fallait être à la hauteur de l’événement contre le champion d’Europe et du Monde. On l’a été deux fois. On n’a pas été suffisamment dangereux à Stamford Bridge malgré un match plein et cohérent. Ce soir, on a haussé le niveau. On a fait vaciller Chelsea, mais ils ne sont pas tombés. Comme c’est une grande équipe, ils ont su faire face et ils sont quand même passés. Je trouve qu’on a fait une grande première mi-temps, avec beaucoup d’intensité, de pressing et de justesse. Après, il y a trois tournants. D’abord, on négocie mal notre temps additionnel. On ne fait pas beaucoup d’erreurs ce soir, mais on en a fait une petite de placement sur le but de Pulisic. Après, il y a le poteau à l’heure de jeu de Xeka qui change forcément la donne du match. Dans la foulée, on a nos deux défenseurs qui se blessent en même temps. Il a fallu nous réorganiser. Malgré ça, le public a été grand ce soir. On a senti le cœur, le courage et la volonté, même dans la difficulté. L’équipe a beaucoup donné ce soir. Les joueurs peuvent être fiers. Ils n’ont jamais lâché.
Quel a été votre message à la mi-temps ?
C’était un coup dur. C’est toujours difficile de se faire remonter au score dans le temps additionnel. On s’est appuyé sur la grosse première mi-temps qu’on venait de faire. Après avoir marqué une fois, on en était encore capable. Il fallait qu’on ait quelques ajustements pour jouer dans leurs dos. Le message était qu’on n’avait plus que 45 minutes pour mettre autant de buts qu’au début du match. Mais on devait être capable de le faire parce que le public sera à fond derrière et tout peut se passer. Ça peut devenir irrationnel. On était à deux doigts de voir ça, d’avoir un scénario grandiose. Ça ne bascule pas pour nous. C’est très dur de perdre ce match. On ne méritait peut-être pas de la perdre. On méritait au moins le match nul compte tenu de ce qu’on a produit.
Avez-vous des regrets après ce match ?
Bien sûr, parce que je pense qu’on méritait nettement mieux. Ils font un match à 0,5 xG et ils marquent deux fois. Ils ont été cliniques. On ne leur a pas donné grand-chose, mais ils passent. Il faut les féliciter parce qu’ils sont dans une situation dramatique sur le plan administratif, mais ils ne lâchent pas. Même si on les a secoués, ils ont des grands joueurs et ça passe. C’est l’expérience qui fait basculer le match de leur côté, malgré toutes les excellentes choses qu’on a pu faire ce soir.
L’écart de moyens n’a-t-il jamais été aussi important ?
Il y a à peu près 300 à 400 millions d’écart de budget. C’est mécanique. Les clubs anglais ont une puissance financière qu’aucun club dans le monde n’a, mise à part les deux espagnols (FC Barcelone et Real Madrid). Ces clubs peuvent s’offrir des grands talents et des salaires mirobolants. Il achète la qualité. Les entrants sont de très grands joueurs qui peuvent être titulaire à Chelsea et dans tous les meilleurs clubs du monde. La différence se fait là. Ça ne rend que plus beau notre parcours. Lille est un club important en France, avec un budget conséquent, mais qui reste toujours en deçà des clubs que l’on a pu jouer. On aura toujours ce déficit, mais il peut se gommer. On l’a prouvé lors de notre campagne européenne.
Comment vont Zeki Celik et Sven Botman ?
Zeki a un problème au psoas droit. Il ne semble pas s’être blessé. C’est juste monté crescendo et il était gêné. On ne sait pas trop pour Sven. Il est gêné dans le haut de la fesse. On va faire les examens. C’était un peu confus. Lui-même ne sait pas si c’est un coup ou autre chose. C’était un peu bizarre, mais il ne pouvait pas continuer. On espère les récupérer assez vite.
Propos recueillis par Romain PECHON