ENTRETIEN LE 11 – Quatrième de Ligue 2 à un mois de la longue trêve et avant de recevoir l’AS Saint-Etienne, l’Amiens SC s’est offert le droit de jouer les premiers rôles et pourquoi pas de croire en une possible remontée en Ligue 1. S’il refuse de prononcer ce mot, Jessy Benet n’en est pas moins équivoque au sujet des ambitions décuplées du club picard.
Jessy, on imagine que l’Amiens SC est animé par une envie de rebondir après la défaite à Nîmes…
C’est certain ! On a tous envie de renouer avec la victoire tout de suite. En plus, ce sera un gros match, contre une équipe de Saint-Etienne qui arrive en étant plutôt mal classée. Par rapport à leurs ambitions, ils ont raté leur début de saison. Nul doute qu’ils vont venir avec des ambitions mais on a montré jusqu’ici qu’on était plutôt à l’aise à domicile. Il faudra donc mettre les mêmes ingrédients pour faire un gros match.
Ce match contre Saint-Etienne est très attendu par les observateurs et les supporters. Est-ce aussi un match un peu à part pour les joueurs ?
Juste par le nom, Saint-Etienne c’est différent, c’est un club historique ! Même ici, à Amiens, il y a sans doute des supporters de Saint-Etienne. C’est un club qui a une grosse histoire, qui est suivi partout en France. C’est forcément un match spécial. En plus, ce sera un match qu’on va disputer un samedi à 15 heures. On peut parler de « match de gala », contre un club qui descend aussi de Ligue 1. On peut s’attendre à voir beaucoup de monde dans le stade. Ca peut décupler la motivation mais il ne faut pas non plus que ça se transforme en n’importe quoi. Il faut rester la tête froide, serein et jouer avec nos qualités.
Même si vous connaissez par cœur ce championnat et sa complexité pour les clubs qui descendent de Ligue 1, n’êtes-vous pas un peu surpris de voir Saint-Etienne autant en galère depuis le début de saison ?
Oui et non. On s’attendait peut-être à voir Saint-Etienne marcher tout de suite au regard du recrutement, du coach choisi. Ils avaient aussi de grosses ambitions, maintenant repartir en Ligue 2 ce n’est jamais facile. Amiens le sait parfaitement pour l’avoir vécu il y a deux ans. Pour le haut de tableau, je ne sais pas si c’est encore possible. Par contre, je sais qu’ils ne vont pas lâcher et une bonne série peut toujours arriver et les relancer. A nous de ne pas être cette équipe qui leur permet de lancer une série positive d’ici la trêve.
Saint-Etienne ? Entre guillemets, on est favori mais il faut plutôt aborder ce match avec humilité.
Pour Robert Malm, l’Amiens SC est le favori de ce match de gala. Partagez-vous cette opinion ?
Quand on fait un début de championnat comme le nôtre, où on est en haut du championnat, nos adversaires nous attendent et se disent qu’on est favori. A la maison, où on est intraitable jusqu’ici, on ressent aussi une crainte chez nos adversaires qui peuvent changer leur façon d’aborder les matches. Entre guillemets, on est favori mais on ne peut pas revendiquer le fait d’être au-dessus de Saint-Etienne en se basant uniquement sur la lecture du classement. Sur un match, on n’est jamais à l’abri et on l’a très bien vu à Nîmes. On était deuxième, on affrontait le dix-neuvième et pourtant on ressort de là avec une défaite. Il ne faut pas non plus qu’on se focalise sur ce statut de favori, il faut plutôt aborder ce match avec humilité parce que c’est ce qui fait notre force depuis le début de saison.
Même si le contexte sera différent, ce match à Nîmes est finalement le bon avertissement pour ne pas se laisser griser avant de recevoir Saint-Etienne…
C’est totalement ça. On savait qu’on n’allait pas gagner tous les matches, mais ça reste une bonne piqure de rappel. Quand on gagne les matches, on peut parfois oublier qu’on ne fait pas tout bien. Contre Dijon, on peut se retrouver mené 3-0 à la mi-temps et il n’y a rien à dire. Au final, on s’en sort et on remporte même le match. A partir de là, on peut avoir tendance à ne pas prêter attention à certaines erreurs. Là, quand on a la défaite au bout, ça a le mérite de nous rappeler qu’il ne faut pas être suffisant, qu’il faut toujours garder en tête qu’on ne fait pas tout bien et surtout qu’il faut constamment travailler.
Avec du recul, vous avez vraiment senti un relâchement à Nîmes dans l’approche de la rencontre et les attitudes pendant le match ?
Le coach nous a dit qu’il y avait eu moins de courses et que ça se voyait dans les statistiques. Sur le plan offensif, on n’a pas mis suffisamment de courses pour les déstabiliser par exemple. A l’inverse, Nîmes a sans cesse cavalé et nous a fait mal sur nos pertes de balles et comme on a pas mal perdu le ballon en première période…. Quand on ne met pas ce qu’il faut dans un match, on peut jouer n’importe quelle équipe, on sait désormais ce que ça donne.

En dépit de cette dernière défaite, l’Amiens SC réalise un bon début de saison. Comment expliquez-vous ce niveau de performance ?
C’est un très bon début de saison et peut-être qu’on nous attendait pas ici par rapport à la saison dernière. Maintenant, Amiens est quand même un club plutôt ambitieux. A domicile, ça marche très bien (ndlr : 5 victoires et 1 nul) et il y a aussi ce petit facteur réussite qui entre en ligne de compte. Contre Dijon, on peut vraiment perdre le fil du match en première période et on passe entre les gouttes. Derrière ça, on retrouve de la solidarité, on court les uns pour les autres et on gagne ce match. C’est vraiment ce qui fait notre force depuis le début de saison, il ne faut vraiment pas qu’on perde ce fil conducteur. On ne maîtrise pas toujours tout, on n’est pas une équipe qui a une totale maîtrise du jeu, mais on a cette capacité à lutter tous ensemble. Globalement, on a aussi une force défensive. Sur nos sept victoires, on gagne cinq fois 1-0, ce n’est pas un hasard. L’an dernier, par moments, on maîtrisait plus notre sujet mais on était incapable de tuer le match et un 1-0 se transformait en 1-1 par exemple. Il faut continuer sur cette lancée-là, surtout à domicile.
Comme après Metz et Caen, l’Amiens SC se retrouve en quête de rebond après la défaite à Nîmes. Jusqu’ici, c’est plutôt positif à chaque fois avec trois victoires consécutives à la clé. Ca aussi ça change beaucoup de choses cette saison…
Totalement. Il vaut mieux gagner trois matches et faire une défaite plutôt que de faire quatre matches nuls consécutifs, comme on a pu le faire l’an dernier. On a besoin de séries pour avancer et on doit surtout être capable de relancer la machine après une piqure de rappel. Il y a beaucoup de compétiteurs dans le groupe et on est vraiment vexé après une défaite. Là après Nîmes, on a constaté lundi tous ensemble tout ce qu’on avait mal fait. On est reparti au travail avec l’envie de démontrer qu’on pouvait encore rebondir.
L’objectif est d’engranger des résultats d’ici la trêve parce qu’on a envie de réussir quelque chose de grand !
Dans la lignée de son bon début de saison, l’Amiens SC a aussi attiré un peu plus la lumière en allant chercher un joueur comme Gaël Kakuta. A l’intérieur du groupe, avez-vous accueilli ce mouvement comme une volonté de la direction de jouer les premiers rôles et d’assumer un nouveau statut ?
Gaël nous apporte des choses différentes, c’est certain. Au départ, on était déjà performant sans lui, on est donc avant tout content d’avoir un bon joueur de plus qui va aider l’équipe et permettre de continuer ce qu’on avait déjà bien entamé. Quand on est sur une dynamique comme la nôtre, même s’il y a eu une défaite à Nîmes, les ambitions arrivent forcément. Pour l’instant, on est dans le bon wagon et on pense à jouer le haut de tableau jusqu’à la fin de la saison ! L’appétit vient en mangeant et on ne va pas se priver de rester dans le haut de tableau ! Ma seule interrogation reste un peu la coupure en novembre, je ne sais pas trop ce que ça va donner à la reprise. Cela peut briser des dynamiques, que ce soit pour nous ou les clubs à la lutte avec nous, soit permettre de souffler et repartir encore plus fort. D’ici là, il reste trois matches de championnat et potentiellement deux de coupe de France si on passe le septième tour et l’objectif est d’engranger des résultats d’ici la trêve parce qu’on a envie de réussir quelque chose de grand !
Au sein du vestiaire de l’Amiens SC, on commence clairement à parler de montée ?
Franchement, non. On ne prononce pas le mot « montée » entre nous. On est vraiment focalisé sur la performance et la nécessité d’enchaîner les bons résultats pour rester là où on est aujourd’hui. Ce championnat est aussi très homogène, on est dans un paquet de trois équipes à 23 points, à un point du leader et avec seulement un point d’avance sur le cinquième. Il n’y a pas une ou deux équipes qui dominent le championnat de la tête et des épaules cette saison. En attendant de voir si ça finit par se détacher après la trêve, il faut tout faire pour rester dans le wagon de tête.
Tous propos recueillis par Romain PECHON