Fort de son bon début de saison, avec deux victoires en championnat et un succès plein de promesses en amical contre une équipe hiérarchiquement inférieure, l’Amiens SC (f) aborde le derby contre l’Amiens Portugais dans les meilleures dispositions. Le tout dans un contexte de travail qui fait le bonheur d’Hicham Andasmas, son entraîneur. Entretien.
Dans quel état d’esprit abordez-vous ce derby ?
C’est un derby mais je ne l’aborde pas forcément comme ça parce que ça ne reste qu’un adversaire du championnat. Je ne mets pas plus d’accent sur Porto que sur Calais ou Beauvais. Il fallait surtout préparer les joueuses à une atmosphère particulière et mon rôle c’est de faire en sorte qu’elles soient prêtes à ça en jouant à travers les émotions durant la semaine via des jeux, des exercices. L’atmosphère du match, c’est le seule petit truc qui fera la différence par rapport à d’habitude, sinon on l’aborde de la même manière. J’ai encore quelques absentes mais on travaille dans la bonne humeur, on prend du plaisir et c’est le principal.
Parce que vous allez être attendues…
C’est sûr qu’on le sera. On a gagné nos deux premiers matches, certains prennent en compte l’amical contre Saint-Maur aussi. On doit rester prudent sur tout ça, garder énormément d’humilité parce qu’on n’a fait que deux matches contre des adversaires qui, je pense, ne seront pas dans le haut de tableau. Il faut prendre du recul. On sait qu’on va jouer un adversaire qui ne va rien lâcher, mais nous non plus et j’espère que ça va donner un bon match.
Ce n’est tout de même pas rien d’être satisfait du contenu contre Saint-Maur…
C’est sûr, oui. On peut gagner, mais il faut aussi le faire avec la manière. On a été très adaptatifs dans ce match et c’est ce qui m’a plu puisqu’on a fait le dos rond pendant les temps faibles en laissant passer les vagues sans s’énerver. Sur nos temps forts, on a été capables de faire mal quand il fallait, jouer dans le dos ou garder le ballon quand il fallait aussi. Tous les curseurs ont été mis au bon niveau à chaque fois. C’est ce qui fait qu’on a réussi à gagner parce qu’au début de rencontre, on surprend l’adversaire avec un pressing haut, on récupère des ballons, on marque. Paradoxalement, on a gagné ce match à l’expérience malgré la moyenne d’âge très basse de notre équipe. C’était très positif dans les attitudes. Maintenant, est-ce que les attitudes auraient été différentes si on avait été mené, je ne sais pas et je n’espère pas. En tout cas, contre un adversaire on est capable d’embêter, de prendre les choses en main sans forcément s’inquiéter. On a joué sans pression et donc libéré et c’est là que l’on voit l’équipe faire de belles choses. J’ai vécu ce match comme un coach, forcément, mais aussi comme un supporter parce que j’étais très content des buts marqués et des joueuses. C’était vraiment positif.
Cela ressemble à un collectif soudé et fort…
Individuellement, on a peut-être perdu de la qualité, mais collectivement on a un groupe avec des joueuses qui se complètent énormément. Avant, si on se faisait transpercer trop facilement, les milieux haussaient le ton sur les attaquantes, et les défenseures faisaient pareil avec les milieux. Si on prenait le but, la gardienne criait sur les défenseures aussi. Là, on a totalement changé d’état d’esprit et on est plus dans le « si vous vous faîtes transpercer devant, on est là derrière, on sert à ça ». Quand je parle d’expérience, je parle aussi de moi parce que j’en ai pris aussi vu que c’est ma quatrième année. Je suis totalement différent dans la gestion du groupe. Je peux être beaucoup plus proche des joueuses parce que c’est un groupe sain. Les choix sont discutées en amont avec le staff mais aussi avec les joueuses le vendredi. Celles qui ne sont pas prises dans le groupe ne sont pas surprises parce que tout est clair et carré. C’est forcément un régal de travailler avec des joueuses comme ça. Je ne sais pas jusqu’où on ira, et je reste prudent là-dessus parce qu’on voit ce dont on est capables dans les moments compliqués et j’attendrai le groupe quand on y sera, mais très sincèrement, je n’ai vraiment pas d’inquiétude par rapport à tout ça.
L’an dernier vous donniez le sentiment de ne pas vous reconnaître pleinement dans l’équipe, au contraire de cette saison…
Je pense, sans arrogance, que je commence à avoir une petite touche personnelle sur le groupe parce que ça fait quatre ans qu’elles sont avec moi et qu’elles savent exactement l’état d’esprit et la philosophie que j’ai envie de mettre en place. Finalement, je m’adapte aussi à elles parce qu’il ne faut pas que l’on soit trop décalé. Parfois, on a eu un trop grand décalage avec le groupe sur les années précédentes. Cette année, on réussit à être sur la même longueur d’ondes. Après, est-ce que l’organisation ne fait pas aussi la différence ? Je n’ai plus de responsable sportif, et c’est moi qui ai vraiment composé le groupe et les équipes. Avant, j’avais un responsable du recrutement, je demandais un profil de joueuse, mais, humainement, ce n’était pas forcément ce à quoi je m’attendais. Je pense que c’est l’erreur que j’ai faite en tant que jeune entraîneur. J’ai trop vite mis de côté l’aspect humain. Pour cette saison, j’ai essayé de mettre ça en priorité parce que je voulais surtout que l’on prenne du plaisir. Au final, on se rend compte qu’avec le plaisir, on peut avoir aussi des résultats et c’est une bonne chose. J’ai beaucoup plus de facilité avec ce groupe parce que je peux m’exprimer un peu plus, je peux expliquer mes choix alors que ce n’était pas forcément jouable avant. On tire vraiment tous dans le même sens.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
AMIENS PORTUGAIS – AMIENS SC
Troisième journée de Régional 1 Féminin
Dimanche 27 septembre, 15 heures
Stade du Grand Marais, Amiens
Arbitre : M. Charlet