A l’arrêt depuis la fin octobre, en raison du deuxième confinement décidé pour lutter contre la pandémie de la Covid-19, le football amateur pourrait bien reprendre ses droits courant janvier. Néanmoins, les incertitudes perdurent au sujet du maintien de la coupe de France et du format des championnats. Pas opposé à l’hypothèse de play-offs, Hicham Andasmas estime que la priorité doit être donnée aux championnats, lui qui est leader de son groupe de Régional 1 avec les féminines de l’Amiens SC. Entretien.
Comment vivez-vous cet arrêt forcé qui a brisé votre élan positif de ce début de saison ?
C’est vrai que ça nous a bien stoppés. Maintenant, il y avait aussi de la fatigue qui s’accumulait. Je n’avais pas forcément les possibilités pour procéder à un gros turn-over et certaines filles avaient besoin de souffler. D’un côté, ça a donc permis de leur offrir du repos après une reprise intensive au retour du premier confinement. On a eu cinq semaines de préparation intensive, avec beaucoup de matches amicaux. Finalement, on a fini par ressentir les effets de cette reprise chargée, qui plus est après une période d’inactivité au printemps, vers la fin octobre. Même si on n’a pas eu de grosses blessures, à l’exception de Tiffany Vassant (ischios), on a vu les petites blessures se multiplier. A ce moment-là, on jouait tous les week-ends, entre le championnat et la coupe de France, c’était assez intense. Maintenant, les résultats étaient là et c’est bien l’essentiel.
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Parvenez-vous à garder le lien avec vos joueuses durant ce nouveau confinement ?
Oui, on communique beaucoup depuis un mois et demi. Déjà, j’ai pris le temps de faire un premier bilan, après un tiers de championnat en gros. J’ai pris une heure pour chaque joueuse, pour échanger avec chacune d’entre-elles, à la fois sur le football mais aussi tout le reste. Notre préparateur physique, Quentin Hédé, a également mis en place beaucoup de choses, en se basant sur notre expérience du premier confinement, tant sur le plan physique que psychologique. A partir de cet état des lieux, on a donc réadapté le programme individuel qu’elles doivent suivre à domicile. On travaille aussi sur du renforcement musculaire pour pallier les lacunes de bases qu’elles peuvent avoir au niveau des ischios et on ajoute à cela de la course. Les filles ont bien adhéré et ont bien bossé jusqu’ici.
Ce sérieux est dans la lignée de votre bon début de saison sur le terrain…
Avant la coupure, les résultats étaient positifs, c’est une certitude. On venait notamment de gagner un match important face à une grosse équipe du championnat (ndlr : Calais). Maintenant, je souhaite insister sur la personnalité de chaque joueuse, sur la vie de groupe et sur ce que chacune peut apporter à l’équipe dans ce domaine. Outre les résultats, c’est vraiment la satisfaction de ce début de saison. Le groupe vit bien, on est vraiment satisfait de son expression sur le plan humain. Cette saison, on n’avait pas forcément le besoin de mettre en priorité l’aspect sportif. C’est une nouvelle équipe, il faut lui laisser du temps pour que ça prenne, que le projet de jeu se mette en place. Finalement, ça a pris plus vite que prévu. Je ne m’attendais pas à ce que ça prenne aussi vite. Je connais le potentiel de ce groupe mais je ne pensais pas que ce serait si rapide.
je n’ai pas envie de reprendre courant janvier pour de nouveau s’arrêter un mois plus tard.
On imagine donc que vous êtes impatient de pouvoir retrouver les terrains…
Tout à fait. Maintenant, le plus compliqué est qu’on n’a aucune vision à propos d’une éventuelle reprise. Aujourd’hui, on a aucune information précise, en raison de l’incertitude sur la situation sanitaire, c’est donc difficile de se projeter. On doit travailler sur tous les scénarios possibles, d’une reprise mi-janvier à une reprise fin février, c’est hyper compliqué. Ce qui est sûr, c’est qu’on a tous besoin de se revoir, de passer des moments ensemble, de retrouver des repères techniques, de retravailler tout simplement. C’est compliqué. D’un autre côté, je n’ai pas envie de reprendre courant janvier pour de nouveau s’arrêter un mois plus tard. Même si je sais que c’est difficile d’anticiper ce genre de choses, je préférerais autant reprendre plus tard mais le faire de manière certaine et définitive. Il y a encore beaucoup trop d’interrogations.
C’est notamment le cas au niveau des championnats, avec l’évocation de plusieurs scénarios de reprise. Que pensez-vous de tout ça ?
Plus le temps passe, plus je suis dubitatif sur la possibilité de terminer les championnats selon le modèle initialement fixé, à savoir des matches aller et retour. A partir du 17 janvier, on n’avait déjà que 19 week-ends pour 21 matches. Maintenant, si on reprend plus tard, ça va devenir impossible. Les play-offs deviennent donc une alternative et je pense que c’est une meilleure solution que le quotient qui ne représente rien, qui n’a aucune valeur pour un championnat arrêté à l’instant T. Peu importe la formule, il faut que ça se joue sur le terrain, avec des équipes qui disputent le même nombre de matches, ce qui n’était pas le cas l’an dernier. Sinon, on va encore opter pour une situation scandaleuse. Et je dis ça alors que je suis à la première place et que la formule avec play-offs ne me serait peut-être pas avantageuse, que ma première place ne signifierait plus grand-chose. Après, ce n’est pas trop dans nos habitudes de disputer des play-offs, à voir comment ce serait perçu. Je pense qu’il faut avoir vécu ça pour se rendre compte de ce que ça implique.
Pourriez-vous comprendre que l’on sacrifie la coupe de France pour pouvoir mener à terme les championnats ?
Même si la coupe de France est un symbole et une grande fête pour le football amateur, il faut que le championnat soit la priorité. Je peux comprendre que ça embête les clubs qui sont encore qualifiés, notamment chez les garçons où les recettes deviennent importantes après le sixième tour. Même si la question de la coupe de France est délicate., on ne pourra pas tout sauver et s’il faut faire un choix. C’est finalement compréhensible de prioriser les championnats.
Tous propos recueillis par Romain PECHON