S’il veut encore croire en un possible maintien, au regard du règlement spécifique mis en place par la Fédération française de football à propos du sort du championnat de Division 2, Hicham Andasmas se prépare tout de même à une confirmation de la relégation des féminines de l’Amiens SC. Entretien.
Comment avez-vous accueilli la décision de la FFF de stopper votre championnat, sans pour autant donner toutes les modalités en ce qui concerne les montées et les descentes ?
A l’approche de cette date, j’étais content d’avoir enfin les décisions de la Fédération à propos de notre championnat. Finalement, c’est encore un peu le flou pour nous, en raison de la spécificité de notre championnat, avec le système d’accession entre le R1 et la D2. Certains disent que nous sommes maintenus, d’autres qu’on descend. En ce qui nous concerne, dans nos têtes, on est en R1. Maintenant, on attend encore les précisions de la Fédération pour avoir la certitude, pour pouvoir travailler et préparer la prochaine saison. Pour autant, je tiens à préciser que leur travail est tout sauf simple, je n’aurais pas aimé être dans leur position avec la nécessité de trouver la moins mauvaise des solutions. Je ne suis pas sûr que j’aurais fait mieux qu’eux. J’ai tout de même le sentiment que la Fédération s’est rendu compte au dernier moment de la spécificité de championnat et de la nécessité de proposer une règlementation différente. Aujourd’hui, ils ne savent même pas ce qu’ils vont faire.
Avez-vous sollicité la Fédération afin d’avoir une réponse précise en ce qui vous concerne ?
La direction s’en est occupée. Elle nous a dit qu’on était dans l’attente de ce retour. On espère avoir une réponse la semaine prochaine, tout en sachant qu’il y a de très fortes chances pour qu’on se retrouve en Régional 1, comme l’a précisé le président-délégué Bertrand Leriche dans un message qu’il a envoyé à l’ensemble de l’équipe. Effectivement, si on lit tout bêtement le règlement qui stipule que les descentes et les montées s’effectuent en fonction de ce qui était prévu en début de saison, on est assuré d’être en R1 la saison prochaine.
Cette situation doit être assez difficile à vivre…
C’est hyper compliqué à vivre ! On espérait être fixé, on ne l’est pas. Que ce soit un maintien en D2 ou une descente en R1, on aimerait savoir ! On n’attend pas les décisions de la fédération pour préparer la suite, on a deux plans bien distincts, mais ça fait un mois qu’on attend pour savoir lequel on doit activer. Aujourd’hui, on est le seul championnat pour lequel les choses ne sont pas claires. Ce n’est vraiment pas évident à vivre. On laisse les gens dans l’incompréhension, nous sommes le seul championnat dans cette situation.
Tout cela fait suite à une saison qui pourrait vous laisser des regrets si la descente pressentie était confirmée…
La déception sera grande parce qu’on commençait à bien s’aguerrir à ce championnat, à prendre conscience de l’intensité à proposer, du vice qu’il faut avoir sur certains matches. On a pris un coup sur la tête à notre arrivée dans ce championnat, en observant la régularité qu’il fallait avoir pour exister. On avait réussi à corriger nos défauts avec le temps. Le contenu des matches était de plus en plus cohérent, il nous donnait de l’espoir pour cette fin de saison où on devait encore jouer Arras et Nice, nos deux concurrents directs pour le maintien, qui plus est sur les deux prochains matches à disputer. On pensait qu’on avait plus de temps pour aller chercher des points. On n’a que quatre points de retard sur Nice, avec un match contre elles, on avait la possibilité de revenir dans le match en cas de victoire. A l’aller, on avait réussi à ramener un point, avec un déplacement très long et après avoir été menées au score. Quand on prend en compte tout ce contexte, c’est difficile à vivre. Je pense sincèrement que notre voie vers le maintien était tracée, qu’on avait notre avenir entre nos pieds. Au regard de l’énergie déployée, des ressources mobilisées, face aux difficultés rencontrées cette saison, on méritait mieux que cette finalité.
C’est d’autant plus cruel que la montée en Régional 1 résulte d’un véritable parcours du combattant. Et une fois ce but atteint, vous n’avez pas été en mesure de défendre vos chances jusqu’au bout…
C’est deux ans de travail. On a rassemblé des joueuses venues d’un peu partout, qui ne se connaissaient pas spécialement, il a fallu créer un groupe, une équipe, des automatismes. Tout ce travail a porté ses fruits sur la fin de la deuxième saison commune, on s’est donné les moyens pour accéder à la D2. Le marathon a accomplir pour monter (ndlr : avec des barrages à disputer), n’est pas forcément réalisable chaque saison. La première année, on avait rencontré Le Havre, tout sauf un cadeau. L’an dernier, on a eu un plus de chance au tirage mais il a fallu aller la chercher quand même. En R1, c’est parfois difficile de garder le groupe motivé et rigoureux chaque semaine quand ton équipe a mis dix buts le week-end précédent. Aujourd’hui, après une phase d’apprentissage, on a su se mettre au niveau requis pour exister en D2. C’est pour toutes ces raisons qu’une relégation serait un vrai coup dur pour l’ensemble de mon staff et mes joueuses. Je suis avant tout déçu pour elles.
Justement, comment vivent-elles la situation actuelle ? Quel sentiment prédomine chez elles ?
Elles sont partagées entre abattement et espoir. Elles sont à fond, elles échangent constamment sur les groupes WhatsApp, elles nous sollicitent pour avoir des informations. Tant qu’il n’y a rien d’officiel, elles veulent y croire mais il ne faut pas non plus avoir trop d’espoir, l’ascenseur émotionnel peut aussi faire très mal si la Fédération confirme notre descente. Globalement, elles sont fatiguées de cette situation, elles aimeraient avoir une réponse définitive, elles aussi. Il faut aussi se rendre compte que c’est difficile à vivre pour les équipes qui attendent de savoir si elles vont monter de R1 en D2. Beaucoup trop de joueuses sont dans l’incertitude aujourd’hui.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
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