Mené contre le cours du jeu face à une équipe de Reims très défensive, le RC Lens semblait bien mal embarqué avant de vivre un nouveau scénario de dingue avec le but libérateur de Seko Fofana dans le temps additionnel (1-2). Une finalité qui a fait sortir de sa réserve Franck Haise, qui a vécu « un truc de malade« . Entretien.
Franck, c’est encore un scénario un peu fou même si on a l’habitude…
On ne s’habitue jamais trop mais on prend. Le scénario est fou parce qu’on se met nous-mêmes en difficulté sur le peu de choses obtenues par Reims en première période. On n’est pas suffisamment agressif et concentré sur la transition qui amène le but. On a maîtrisé la première période, même s’il a manqué d’agressivité et de spontanéité dans les vingt derniers mètres. Le groupe a confiance en lui et a une force mentale. Le premier but arrive dans un bon moment pour nous, le deuxième but intervient dans le seul moment peut-être un peu plus compliqué pour nous. Mais les joueurs ont été le chercher quand même, au-delà du jeu il y a beaucoup de valeurs et de force mentale.
Comment vivez-vous ce but en fin de match ?
Ce but, je le vis comme tous les coaches, c’est une vraie décharge d’adrénaline. Je pète un peu un plomb sur le côté. Il faut prendre cette décharge, même si elle retombe après 20 secondes. En fait, vous ne me connaissez pas vraiment. En tant que coach, il y a une forme de masque pour contrôler les choses mais quand ça lâche ça lâche. Je suis comme mes joueurs, je suis un compétiteur, je suis un guerrier mais un guerrier de 51 ans. Ce geste du poing, c’est juste un guerrier qui ne peut plus courir mais qui est avec ses joueurs et avec son staff pas plus.
Quand vous vivez ce genre d’émotion avec le RC Lens, avez-vous le sentiment d’être un privilégié ?
Tout ce que je vis depuis 26 mois, avec les joueurs, le staff et les dirigeants, est un privilège. Entraîner Lens est un privilège, même s’il ne tombe pas du ciel non plus. C’est un truc de malade, quelque chose de malade, ce qu’on a vécu avec les supporters est encore dingue. Là c’était Reims, ce n’est pas loin, mais il y avait déjà beaucoup de monde à Monaco en début de saison, on les avait entendus aussi et pourtant il y a beaucoup de kilomètres. On a un public en or et ils ont une équipe en or.
Encore une fois un entrant a fait la différence. Chaque semaine ou presque, vos entrants ont un impact. Cela doit être plaisant quand on est entraîneur…
C’est la force d’un groupe, en fait. J’ai dû faire un choix sur le 21ème, sachant qu’ils méritaient tous d’être là. Il fallait faire un choix, j’ai fait celui de Massadio (Haidara), parce qu’il y a d’autres joueurs que ce soit dans l’axe ou à gauche. Si j’ai la chance d’avoir tout le monde la semaine prochaine, ce sera un autre choix. Il était avec nous, il était déçu de ne pas être dans le groupe mais heureux du résultat. Quand un 21ème est heureux, ça en dit long sur un groupe.
Est-ce la victoire de l’audace face à une équipe qui n’avait plus rien à jouer mais qui a fait le choix de défendre face au RC Lens ?
En tout cas, j’aime l’audace et les audacieux. Parfois, il faut être pragmatique et l’un n’empêche pas l’autre, même si je préférerais toujours l’audace au reste. Tant mieux si c’est l’équipe la plus joueuse dans la durée qui a remporté ce match.
Propos recueillis par Romain PECHON