Fidèle adjoint de Philippe Hinschberger, Francis De Percin a lui aussi connu une saison particulière pour leur première année en commun à la tête de l’Amiens SC. Conscient de la nécessité de poser « un cadre plus rigoureux« , il demeure confiant quant à la capacité du club à inverser la tendance la saison prochaine. Entretien.
Francis, cette première saison à l’Amiens SC aura été votre cinquième année en commun avec Philippe Hinschberger après quelques mois à Créteil et trois saisons à Grenoble. Quel regard portez-vous sur votre binôme ?
Philippe sait que je suis quelqu’un de loyal, qui sait rester à sa place. En un regard, on se comprend, ce qui fait gagner du temps sur énormément de choses. Il me délègue la partie entraînement, ce qui lui permet de prendre un peu de recul, de prendre les meilleures décisions. Je suis vraiment là pour lui rendre la tâche la plus facile possible, pas pour lui mettre des peaux de banane.
On peut imaginer que votre mode de fonctionnement a évolué au fil des années…
Au début, on faisait les entraînements ensemble. Petit à petit, il m’a laissé la partie terrain-entraînement. Il m’a aussi responsabilisé sur la partie vidéo et supervision de l’adversaire, cette saison avec Maxime Bouffaut. C’est un sacré travail, je passe pas mal d’heures à visionner les adversaires. L’objectif est d’avoir quinze jours d’avance, ce n’est pas simple mais quand la passion est là c’est plus simple. Mes missions se sont diversifiées au fil des années, c’est vraiment intéressant. C’est plaisant de travailler avec Philippe, parce qu’à partir du moment où il fait confiance c’est une confiance totale. Il n’a pas peur de déléguer aux gens qui l’entourent et à prendre en compte leur avis.
En tant qu’adjoint quel rôle avez-vous joué entre Philippe et son groupe, sachant que ça n’a pas forcément été simple cette saison à l’Amiens SC ?
C’est une très bonne question. Mon rôle était de faire en sorte que les choses se passent le mieux possible, aussi bien au sein du staff qu’entre ce dernier et les joueurs. On va dire que cette saison a été assez particulière. Certaines choses sont sorties dans la presse et ça m’a un peu dérangé. J’aurais préféré qu’on lave notre linge sale en famille, c’est ce qu’on m’a toujours dit de faire dans ce genre de situation. On aurait pu agir en hommes pour régler nos problèmes internes. Par moments, ça a été difficile de lire certaines choses, même si tout ce qui se passait n’était pas normal.
Justement, Philippe Hinschberger était peut-être arrivé à une certaine forme d’exaspération nécessitant un besoin d’extérioriser sa frustration…
Oui, bien sûr. C’était aussi lié à la déception de nos résultats. Philippe est quelqu’un d’intègre, de droit. Par rapport à nos résultats, très loin de ce qui était attendu et espéré, il s’est ajouté certaines attitudes qui expliquent peut-être aussi pourquoi on est quatorzième en dépit de la qualité présente au sein du groupe. Je pense que ça va nous servir pour le futur, en sachant qu’il faudra mettre un cadre et être très rigoureux par rapport aux joueurs qui vont arriver et qui vont constituer notre effectif la saison prochaine. Il faudra éviter à nouveau ce genre de débordement.
On peut imaginer que cette situation a nourri bon nombre de discussions entre les membres du staff de l’Amiens SC…
Entre l’ensemble du staff et les dirigeants. C’est quelque chose qu’on n’a pas envie de revivre tout simplement. On sortait aussi de Grenoble où les joueurs se connaissaient depuis plusieurs saisons, en ayant vécu des aventures positives ensemble. Le groupe est forcément porté par un élan positif. A Amiens, la spirale était inverse, le contexte bien plus compliqué. Quand je suis arrivé ici, je ne m’attendais pas à avoir la même ambiance qu’à Grenoble pendant trois ans. A nous de faire en sorte de créer du lien, une dynamique et de rester positif. On a besoin de positivité au sein et autour du club pour réenclencher quelque chose et avancer.
Et tout ça ne se fait pas en l’espace de quelques semaines…
Tout à fait. Philippe a aussi pointé du doigt quelque chose. Dans les clubs où ça marche, l’effectif n’est pas aussi conséquent qu’à Amiens. Moins il y a de joueurs, moins on crée de la frustration dans le vestiaire. On a eu un effectif trop conséquent en début de saison, ce qui amené Philippe à laisser trop de joueurs sur le côté à chaque match. Quand les résultats sont là, la frustration est plus facile à gérer que quand les résultats ne sont pas là. Le staff est là pour être le lien entre le coach et le vestiaire, anticiper les conflits. Maintenant, on ne peut pas tout envisager et ça n’a pas toujours été simple.
Ce poste de numéro 2, vous l’occupez maintenant depuis quelques années. Comment voyez-vous la suite ?
Tant que je suis avec Philippe, cette situation me convient très bien et cette question de numéro 1 ne va pas m’effleurer l’esprit. J’ai toujours apprécié travailler avec lui, sa confiance n’a pas de prix. Par la suite, je n’écarte pas la possibilité de faire le grand saut. Il y a certains principes de jeu que j’aimerais mettre en place, j’en discute beaucoup avec Philippe. Quand je serai numéro 1, je pourrai le faire à ma façon.
Est-ce indispensable qu’un numéro 1 et un numéro 2 soient toujours en phase ou bien est-ce enrichissant d’avoir des sensibilités qui peuvent varier sur certains aspects ?
C’est important d’avoir la même réflexion globale. Sinon, ça ne peut pas le faire selon moi. On ne peut pas avoir un numéro 1 offensif avec un numéro 2 défensif, c’est important d’avoir la même vision d’ensemble, de parler le même football.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
Pas très instructif cet article : on n’apprend rien