En pleine « dégringolade » , l’Amiens SC suscite « une inquiétude qui n’est pas illégitime »

Ancien membre de la commission technique du district de la Somme et polémiste de l’émission La Tribune ici Picardie, Bruno Paris délivre son décryptage après chaque match de l’Amiens SC. Ce lundi, retour sur la nouvelle défaite sur la pelouse du Paris FC (1-0), samedi à l’occasion de la 18e journée de Ligue 2.

Bruno, peut-on parler de défaite encourageante pour l’Amiens SC ?

Non. Je partage l’avis d’Omar Daf. C’est un terme que je n’aime pas non plus. Par contre, il s’est passé quelque chose sur ce match. C’est sans doute la conséquence de ce qu’il s’est passé en amont dans la semaine, aussi bien sur le terrain qu’en salle de réunion. Cela a dû en réveiller quelques-uns et remobiliser le groupe. Il y avait aussi beaucoup de mauvaises nouvelles avant le match, entre la grippe de (Louis) Mafouta, les pépins de (Nordine) Kandil et (Elyess) Dao. Face à l’adversité, ils ont fait front ensemble. Il y a eu une réaction collective, sans doute d’orgueil, après le match contre Troyes. Il était temps de revoir Amiens remontrer le bout de son nez. Je suis étonné qu’on puisse passer de la production des deux derniers matches de Ligue 2 à ce match contre Paris. Cela laisse envisager quelque chose de positif pour la suite.

Ne pensez-vous pas que l’adversité et le scénario de match favorisent aussi ce visage plus cohérent de l’Amiens SC, qui n’a pas eu besoin de prendre le match à son compte ?

C’est vrai, aussi. C’est le genre de match qu’Amiens a su gagner la saison passée, notamment contre Saint-Etienne. Ce n’était pas très spectaculaire, mais on réussissait à décourager l’adversaire et même, parfois, à prendre les trois points. Omar est aussi rattrapé par les limites de son effectif et l’urgent besoin de résultats. On a effectivement revu un dispositif et une animation similaires à la saison dernière dans ce genre de match. Il faut aussi souligner qu’Amiens a manqué de réussite. Si Amiens ouvre le score, ce n’est plus du tout le même match. J’ai aussi trouvé l’adversaire bien moins flamboyant qu’au match aller, moins bien organisé. Ils devaient aussi se rassurer après sept matches assez quelconques. Amiens a bien joué son coup, mais la chance et l’arbitrage en ont décidé autrement.

Qu’avez-vous pensé du match de Louis Mafouta ?

La grippe n’a pas eu l’effet redouté. Maintenant quand on est dans la surface de réparation et qu’on a trois grosses occasions, sans faire son procès, il frappe deux fois sur le gardien et une fois sur la barre. Il ne fait pas exprès, mais on est en droit d’attendre au moins un but dans ce genre de situation. Au moins, on l’a revu dans la surface adverse, avec des espaces, et c’est là qu’il est le plus dangereux. En tout cas, il faut souligner son moral d’acier. Il a tenu sa place sur ce match alors qu’il était sans doute affaibli par sa grippe et sans doute touché par les critiques.

Finalement, ce match vous laisse-t-il des regrets ou pensez-vous que la meilleure équipe l’a finalement emporté ?

Sur l’ensemble du match, surtout en deuxième mi-temps, Amiens a souffert. C’est certain. On était tout de même dans des dispositions mentales et physiques bien meilleures qu’une semaine plus tôt. Heureusement qu’Amiens n’a pas montré le visage que face à Troyes. Cela reste une défaite amère avec les belles occasions de la première période. Le Paris FC a aussi montré ses qualités en faisant tout pour renouer avec la victoire et revenir au niveau qui était le sien il y a encore quelques semaines. De son côté, avec ses moyens, Amiens voulait surtout stopper l’hémorragie. Ce n’est pas le cas sur ce match, mais si tout le monde tire à nouveau dans le même sens, y compris l’équipe dirigeante, on peut espérer un résultat contre Bastia.

En attendant, Amiens continue de glisser au classement en étant désormais treizième. Faut-il commencer à avoir peur ?

La spirale négative est là, le brin de réussite fuit Amiens. C’est l’apanage des équipes en plein doute. Quand tu es dans ce genre de période, il faut que tout le monde en fasse encore plus et tire dans le même sens. C’est aussi la conséquence d’un effectif qui est très insuffisant. Tout le monde le sait, tout le monde le voit. Il faut donc éviter de prendre des décisions inconséquentes, qui peuvent ajouter encore plus de problèmes. C’est bien gentil de voir la direction descendre dans le vestiaire après Troyes. Mais quel discours est tenu alors que publiquement ça parle simplement de ventes ? Il faut redonner de la confiance à un groupe qui est en difficulté sur le plan qualitatif et qui peut commencer à douter. Quand on voit les changements possibles contre le Paris FC, ça fait peur.

Mais ça, on le savait déjà avant le début de la saison ! On tire sur la corde en permanence avec les mêmes et ça ne peut pas permettre de maintenir un niveau de performance constant. Pour toutes ces raisons, on assiste à une dégringolade depuis huit matches, hormis l’agréable surprise à Grenoble. Pour le maintien, on se rassure en regardant les équipes derrière nous. Maintenant, certaines équipes se reprennent comme Bastia et Grenoble. D’autres vont peut-être se renforcer pendant le mercato. On sait qu’il ne faut pas trop compter sur ça de notre côté. Il y a encore huit points d’avance, mais le simple fait de passer de la huitième à la treizième place suscite une inquiétude qui n’est pas illégitime. Maintenant, j’ai confiance en Omar Daf, qui est l’homme de la situation. Pour sortir la tête de l’eau, une victoire est impérative contre Bastia.

Propos recueillis par Romain PECHON

Crédits photo : Emilian Baldow/Icon Sport/Icon Sport