A désormais un peu plus de trois mois du lancement de la saison 2024/2025, l’identité du futur diffuseur de la Ligue 1 n’est toujours pas connue. Alors que les clubs attendent avec impatience l’officialisation, notamment dans l’optique de monter leur budget prévisionnel, les négociations seraient sur le point d’aboutir selon Daniel Riolo, éditorialiste de RMC Sport. Mais cela ne serait pas forcément une bonne nouvelle pour l’ensemble du football français. Explications.
Le double-jeu dangereux de beIN Sports et du PSG ?
Un peu moins de quatre ans après le fiasco Mediapro, le football français est encore en situation d’urgence a sujet de ses droits TV. Six mois après l’appel d’offres infructueux de la Ligue de football professionnel (LFP), le consommateur ne sait toujours pas à quelle(s) chaîne(s) il devra s’abonner la saison prochaine pour continuer à suivre la Ligue 1. Et alors que les négociations de gré à gré semblent s’embourber, Daniel Riolo assure que les droits sont déjà « vendus » et que ce ne sera pas « dingo ».
« On a une très belle fin de championnat avec du suspense un peu partout. C’est le moment d’aller vendre la Ligue 1. Le problème, c’est que c’est vendu et que ça ne va pas être ‘dingo’. La grosse tendance est beIN Sports avec un bout de Canal+ en distribution, précise l’éditorialiste de RMC Sport. Ce qui bloque en ce moment, c’est que beIN Sports dit : « OK, on va mettre l’argent mais dans la distribution, on veut qu’une grosse partie aille dans les poches du PSG ». Je ne trouve pas que ce soit très heureux de la part du PSG de demander ça comme condition. C’est peut-être la direction qu’on est en train de prendre. Déjà pour CVC, le gros bout du gâteau, c’est le PSG qui l’a pris alors si pour les droits, on casse un peu les accords de répartition…«
Canal+ pourrait en profiter pour rester dans le jeu
Sachant que le propriétaire du PSG et beIN Sports est identique, la question « d’une possible rupture d’égalité » se pose selon Stéphane Guy, ancien commentateur de la Ligue 1 pour Canal+. « Ce serait scandaleux », ajoute ce dernier. « Sauf si c’est ça ou quedal« , répond Daniel Riolo. Et c’est bien là que réside le problème pour la LFP qui espérait récupérer un milliard d’euros pour les droits télévisuels du championnat de France. Une somme hypothétique au regard de l’état du marché, entre un acteur historique vexé (Canal+) et qui préfère grossir son portefeuille de droits avec d’autres acquisitions (Premier League, coupe d’Europe) et des GAFA (Amazon, DAZN) qui n’ont pas les reins assez solides pour investir les sommes demandées.
A ce petit jeu, beIN Sports et donc le PSG pourraient en ressortir vainqueurs, tout en laissant miroiter une intervention dans l’intérêt général du football français. Quant à Canal+, la perspective de ramasser les miettes et de conserver de la Ligue 1 – qui reste un produit d’appel intéressant – sans avoir besoin de négocier en direct avec la Ligue, mais simplement en étant sous-licence de beIN Sports, comme c’est actuellement le cas pour les deux matches diffusés par la chaine cryptée, est assez tentant. Au milieu de ce jeu de dupes, le football français pourrait encore une fois en ressortir affaibli.
D’autant que 13% des droits TV iront directement dans la poche du fonds de pension CVC, qui a fait main basse sur une partie des revenus de la société commerciale de la Ligue, sans possible retour en arrière. Un deal dans lequel le président de la Ligue, Vincent Labrune, s’est lui-même accordé une prime de 3 millions d’euros, en qualité d’apporteur d’affaires…Après tout, c’était sans doute « ça ou quedal« …
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