Division 2 : L’Amiens SC (f) est clairement dans le dur

Relégable à mi-parcours, l’Amiens SC (f) a connu une première partie de saison excessivement difficile. Pour autant, Hicham Andasmas continue de croire aux chances de maintien de son équipe. Entretien.

Comment jugez-vous le bilan à mi-parcours ?

On s’est trop baladés sur les matches de préparation que l’on a pu faire. On n’a fait des amicaux que contre des équipes de D2, et en termes de résultats ce n’était pas affolant. Je pense que tout le monde s’est dit qu’en championnat ce serait ce rythme et cette intensité. Le début de championnat nous a fait très mal parce que depuis, on est à un point par match, ce que l’on voulait faire. Les trois premières défaites nous font très mal. J’avais un petit pressentiment après Grenoble où je me suis dit que c’était vraiment le match qu’il ne fallait pas perdre, et finalement, Grenoble est devenu un concurrent direct. C’est négatif à cause du début de championnat où il aurait fallu prendre des points. On n’est pas morts aujourd’hui, on a sept points et je ne suis pas plus inquiet que ça. On garde notre énergie pour se dire qu’on va réussir à se maintenir si on fait le boulot. Au vu de l’état d’esprit qui règne aujourd’hui, on a tous confiance les uns en les autres, on va se battre jusqu’au bout, et il n’y a pas de raison que ça ne paye pas.

Est-ce qu’Amiens n’est finalement pas confronté à ses limites de recrutement ?

Bien sûr que si parce qu’on a fait un recrutement malin, mais comme d’habitude. Déjà en Régional, on était sur cette stratégie-là. On n’a pas non plus les moyens de tous les autres clubs. Maintenant, oui, forcément, c’est compliqué. A chaque fois, il y a une ou deux joueuses en face capables de faire la différence. C’est ce qui nous manque un peu aujourd’hui. Quand on regarde notre équipe, elle est plutôt homogène mais il faudrait une ou deux joueuses qui sortent du lot pour se sortir de certaines situations compliquées. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas mais on est censés gagner en équipe, et j’espère que ça sourira en deuxième partie de saison.

Avez-vous bon espoir d’avoir des renforts ?

J’espère, en tout cas on fait le maximum au niveau du club pour recruter quelqu’un. On sait quel budget on a au niveau du club pour faire la saison. Aujourd’hui, on n’a pas grand chose pour recruter vraiment à la trêve. Je pense qu’on n’aura pas spécialement d’arrivées, mais tout peut se passer. J’aurais espéré avoir quelqu’un mais je me suis fait à l’idée que j’allais faire avec ce groupe et je ne me fais pas plus d’illusion que ça mais ça va le faire. On reste à l’affût de toute opportunité, tout en dépendant aussi de l’équipe première des garçons. La priorité, c’est qu’on mette le budget pour le maintien en Ligue 1. C’est tout ce contexte qu’il faut prendre en compte. En tout cas, on est à l’affût, j’ai déjà des noms, des contacts, j’ai des filles qui veulent nous rejoindre, mais on verra bien si on est capables de les rémunérer comme il faut.

Vous parliez de leader technique parce que c’est dans le secteur offensif qu’il faudrait un ajout ?

Oui, c’est devant. Aujourd’hui, sur deux ou trois matches, Marine Julian nous a fait beaucoup de bien en mettant le pied sur le ballon parce qu’on le perd trop vite. Elle s’est fait mal contre Le Havre et elle nous manque. Les recrues sont là finalement, ce sont les joueuses qui doivent revenir en janvier. Je compte sur ces filles-là et j’espère qu’elles reviendront au top parce que j’en ai besoin. On a parlé d’un leader technique et de vestiaire, Marine Julian et Sarah Naïm sont vraiment les profils qu’il nous faut. J’espère qu’elles vont se rétablir et pourront enchaîner les matches derrière pour apporter tout leur savoir-être et leurs qualités au groupe.

Vous considérez toujours ce match contre Le Havre comme un match référence ?

Je ne pense pas qu’on ait vraiment eu de match référence parce que derrière ce genre de match, on est censé confirmer. Le problème c’est que derrière, ça n’a pas du tout été le cas. Est-ce qu’on s’est relâchés ? Je n’en sais rien mais je ne pense pas. On a un groupe relativement friable et on pêche mentalement. C’est une des limites de ce groupe. Il y a du talent mais on manque de ressources mentales, on a énormément de mal à sortir de notre zone de confort. Contre Yzeure et Arras, même s’il y a eu des défaites, on a su se mettre dans le dur, bien défendre ensemble. Ce n’est pas toujours la tâche préférée des joueuses, mais on a pris conscience qu’on devait mieux défendre et surtout en équipe pour mieux attaquer derrière. Sur les deux derniers matches, on a changé de système et d’animation et les filles ont beaucoup adhéré puisqu’on a senti qu’on était moins en difficulté défensivement, même si on a pris des buts. Maintenant, ça ne va pas fonctionner comme ça, ça demande du travail, du temps et on espère que ça paiera en deuxième partie de saison.

C’est vraiment l’axe de travail…

A chaque fois il faut être solide derrière, mais les seules références que l’on a, c’est en R1 et la philosophie à ce niveau c’est que la meilleure défense c’est l’attaque, et plus on va marquer, plus on est à l’abri. Sur deux ans on a fini deux fois meilleure défense et meilleure attaque. Là, on s’est vite rendu compte que ce n’est pas la même chose en D2. C’est vraiment bien défendre pour mieux attaquer derrière. Quand le socle n’est pas assez solide et que les fondations sont fragiles, c’est difficile d’aller marquer. Tout va ensemble. Il faut vraiment que l’on se dise que l’on est capables de bien défendre. On a joué des équipes qui n’étaient pas exceptionnelles dans le jeu, mis à part Saint-Etienne et Yzeure. En face, les équipes sont souvent à l’affût de la moindre erreur pour marquer. On doit devenir ce genre d’équipes plutôt que d’essayer de jouer en se découvrant. On verra que contre ceux qui nous ont battus en début de saison, qui ne sont pas forcément capables de trouver les décalages dans notre bloc, on devra être capables de les contrer. C’est à partir de ce moment qu’on espère que ça marchera stratégiquement parce qu’on a perdu nos matches que comme ça.

Il faut donc changer les mentalités, ce qui n’est pas simple…

Ça demande du temps ! Ce qui m’attriste le plus dans le foot, c’est que ça arrive dans le foot féminin parce que tout le monde s’en mêle. Il y a trois cents coaches autour du terrain qui pensent détenir la vérité. Le problème, c’est que si les joueuses se dispersent trop par rapport à ça, on va être embêté. C’est là qu’il faut rester lucide. Aujourd’hui, le patron du jeu, c’est l’entraîneur avec le staff. Ça ne sert à rien de trop se disperser sinon on n’aura pas un vrai ADN d’équipe. En termes d’état d’esprit, il va falloir se battre les unes pour les autres, qu’elles fassent les choses ensemble, parce qu’en sortant de sa zone de confort et étant dans le dur, il y a des masques qui tombent. Ça a été le point négatif quand on a enchaîné les défaites.

Ce qui a suscité certains doutes au sein de l’environnement du club…

Beaucoup de critiques sont tombées. Maintenant, je vais retenir les deux derniers matches dans le positif et ça laisse présager du bon. Les joueuses que j’ai sont de très bonnes gamines, je n’ai pas de problème de gestion avec elles. Elles sont à l’écoute, mais c’est tout l’entourage qu’elles doivent essayer de canaliser. Il faut faire une union, même avec les gens qui viennent regarder les matches. Peut-être qu’ils doivent aussi garder leur énergie à encourager l’équipe plutôt que faire leurs choix eux-mêmes parce qu’aujourd’hui, je suis l’entraîneur, je fais les choix, et rien ne changera. C’est surtout ça que j’attends. Je veux que les gens autour encouragent encore plus et que les filles ne se dispersent pas. Globalement, les gens autour des terrains commencent à être un peu plus derrière l’équipe, on le sent et c’est sur ces bases qu’il faudra repartir en deuxième partie de saison. On aura besoin de cette unité pour s’en sortir.

Tous propos recueillis par Romain PECHON et Adrien ROCHER

Le meilleur souvenir sportif 2019 d’Hicham Andasmas

« Aujourd’hui, le foot féminin à Amiens, c’est Jacques Hénot. Ensemble, on a vraiment posé les fondations avec derrière le président Leriche aux commandes du financier, qui nous autorisait ou non certaines choses. On s’est beaucoup investis, on a passé énormément de temps, et finalement en très peu de temps on a fait du super boulot. Je pense à des clubs comme Strasbourg, Caen, Lorient ou Troyes qui sont encore en R1, veulent monter en D2 mais n’y arrivent pas depuis plusieurs années. Au bout de deux saisons, on a réussi à le faire, je pense que le club ne s’attendait pas non plus à ce que l’on monte aussi vite. Aujourd’hui, tout ça c’est grâce à lui. On a réussi à avoir chacun notre carnet d’adresses, et à la fin ça a donné un projet ambitieux qui a attiré le regard de tout le monde. C’est quelqu’un à qui l’on doit beaucoup.

Cette montée en D2, il voulait que ce soit moi qui en sois à l’origine, j’ai réussi, et je suis vraiment content pour lui. C’est pour ça que le maintien me tient vraiment à coeur sur le plan personnel. Aujourd’hui, dans les moments difficiles comme ça, on aurait aimé qu’il soit là parce que c’était un peu notre guide et on doit faire sans lui. Aujourd’hui, c’est Benoit Godaut qui m’épaule, et il me montre son soutien. J’espère pour Jacques que l’on fera le nécessaire cette saison. J’ai un gros pincement au coeur qu’il ne puisse pas vivre ça. Je pense que tout le monde aurait aimé qu’il soit là, qu’il voit les filles monter en D2. Il a malheureusement raté ça, mais c’est un signe qu’il nous a laissé en nous montrant qu’il avait laissé les fondations du projet. Il nous a fait confiance pour nous soutenir, et il n’a plus qu’à se régaler et à nous regarder de là-haut. En tout cas, j’espère qu’on lui montrera une belle image en deuxième partie de saison. »

Le vœu d’Hicham Andasmas pour 2020

« Je vais parler du maintien parce que j’ai l’intime conviction que si on fait le travail, on va réussir à se maintenir, malgré tout ce que je peux entendre et voir. Je suis quand même un des acteurs qui vit en permanence avec ce groupe, je sais quels ressorts sont là, quels axes de travail mettre en place. Aujourd’hui, je mettrais une pièce sur le maintien en fin de saison, que ce soit avant ou pendant les barrages. S’il faut que ce soit en barrages, on le prendra cent fois, sans aucun problème. Je pense que cette équipe a les ressources pour aller chercher quelque chose. En tout cas, il y a vraiment cette envie et cet enthousiasme de se battre ensemble. »

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