Parmi les nombreux duels qui auront lieu dimanche prochain pour ce 116e derby du Nord, l’un d’eux opposera deux entraîneurs aux destins différents, mais à la pensée commune. Côté lillois, il s’agira du premier derby pour Paulo Fonseca, qui va découvrir un match au symbole fort. Côté lensois, Franck Haise, lui, manie depuis quelques années l’ambiance de cette rencontre.
Franck Haise, l’attaque avant tout
S’il y a bien une chose que l’on ne peut rapprocher au RC Lens de Franck Haise, c’est d’aller de l’avant. Peu importe le résultat et le match, les Artésiens ne s’arrêtent jamais d’attaquer. Et ça, ils le doivent à la philosophie d’un coach qui n’abandonne jamais. Le meilleur exemple ? Le seizième de finale de Coupe de France la saison passée. Menés 2-0 par le LOSC, les Artésiens ont terminé le match dans un 4-3-3 aux allures parfois de 4-2-4 avec Corentin Jean et Jonathan Clauss dans les couloirs à des endroits très élevés du terrain, quitte à défendre avec seulement deux joueurs. Une leçon de volonté, d’envie et de courage que l’ancien pensionnaire de Lorient a transmis à ses joueurs.
Toujours volontaires, jamais résignés et toujours avec une envie de marquer un but de plus que l’adversaire, les Lensois continuent d’impressionner chaque semaine. Le tout, dans plusieurs schémas. Tantôt en 3-4-1-2, parfois en 3-5-2 quand Florian Sotoca redescend comme un milieu de terrain et bien plus souvent en 3-4-3 depuis le début de la saison – mais également à quatre derrière suivant le contexte du match comme évoqué précédemment – les Sang et Or savent tout et bien faire. Les Artésiens sont en quête permanente de possession mais pas simplement pour le plaisir des statistiques.
Portés donc par l’envie d’attaquer, les joueurs de Franck Haise surprennent par la qualité constante des combinaisons offensives mais également par le mouvement constant des joueurs autour du ballon mais également de celui faisant l’appel pour tout de suite se rendre disponible, peu importe le moment du match. A toute cette palette offensive, les Artésiens ont ajouté cette année une solidité défensive nouvelle, articulée autour d’un trio défensif plus fort que jamais – malgré la perte de Jonathan Gradit – ainsi qu’un Brice Samba plein de sérénité et dont le jeu au pied semble faire passer un cap aux Lensois.
Auteur d’une véritable révolution dans le jeu qui s’est traduite dans les résultats, Franck Haise s’est imposé comme une référence dans son métier en Ligue 1. Le tout grâce à son jeu enthousiaste, spectaculaire et toujours porté vers l’avant, peu importe l’adversité.
Paulo Fonseca, pour l’amour de l’attaque
Depuis son arrivée au LOSC, Paulo Fonseca a marqué les esprits. Du Portugais à Jocelyn Gourvennec, il y a un gouffre dans la philosophie. Alors que la défense était une force par le passé, elle est aujourd’hui reléguée au second plan. En effet, le nouveau technicien des Dogues est un amoureux de l’attaque et du jeu vers l’avant. Il veut absolument avoir la possession de balle afin de dominer et de créer le danger. Dès la première journée, lors de la victoire contre Auxerre (4-1), le ton est donné par l’entraîneur portugais. Possession, attaque, débordements : tout y était. En adoptant un 4-2-3-1, il décide de miser sur des ailiers comme Jonathan Bamba.
Pour autant, Paulo Fonseca sait s’adapter. Personne ne sait s’il le fera pendant le Derby du Nord, mais il l’a fait. Lors de la septième journée de Ligue 1, à Marseille, le dispositif a changé, mais pas les intentions. En adoptant un 3-4-3, l’entraîneur du LOSC a mobilisé ses latéraux en piston et n’a pas laissé seul David. Même si c’est une défaite au bout, l’intention y était et Lille n’a pas été à l’encontre de ses valeurs.
Malgré des situations difficiles, cette équipe a la capacité à avoir la possession et à toujours créer le danger, et ce, même si l’adversaire est supérieur. En leader, Jonathan David fait le job en pointe avec sa finition, en renard des surfaces. Au milieu, Benjamin André et Angel Gomes sont de véritables plaques tournantes et distillent la majorité des passes. Sans oublier quelques changements, comme l’intronisation de Lucas Chevalier. Plus rassurant que Jardim dans les cages, il pourrait contribuer à améliorer les prestations de la défense lilloise. Car oui, la défense est souvent un rempart lésé dans le système de Paulo Fonseca, très offensif.
Si les résultats ne suivent pas encore totalement, l’intention de jeu, elle, est bien présente. En voulant avoir la main mise sur le ballon pour créer, Paulo Fonseca donne le ton offensivement. Face à une équipe lensoise qui va de l’avant, il faudra aussi bien défendre. Le Derby du Nord s’annonce haletant et spectaculaire, à l’image de ces deux équipes.
Adrien ROCHER et Pavel CLAUZARD