Capitaine de l’US Camon, officiellement maintenu en Régional 1, Corentin Nagy a le sentiment que la Fédération française de football (FFF) a pris la moins mauvaise des décisions en procédant à l’arrêt des compétitions avec des montées et des descentes à la clé. Entretien.
Corentin Nagy, comment accueillez-vous cette décision d’arrêter les championnats ?
Dans le club, on est tous un peu déçus mais on comprend parfaitement et c’est tout à fait logique au regard du contexte actuel. On l’accueille bien. Finalement, pour une première saison en Régional 1, on se maintient assez tranquillement, donc on est contents. Dans le même temps, on est un peu déçus parce que notre âme de footeux voulait aller au bout, mais on voit bien que ce n’est pas possible. Il y a des choses tellement plus importantes en ce moment que le foot passe au deuxième voire troisième plan.
Vous n’êtes pas directement concernés, mais que pensez-vous de ce système de montées et descentes ? Est-ce que ça paraît logique sur le plan éthique ?
C’est à eux de gérer toutes ces choses-là et on n’a pas notre mot à dire. En faisant comme ça, certains trouvent le système juste, d’autres non. Ils auraient fait autrement, il y aurait eu les mêmes problèmes. Dans tous les cas, il fallait un compromis, ils ont choisi celui-là et je trouve qu’il est plutôt bon. Il y a sûrement des déçus, mais il me paraît assez juste et ils ont bien fait les choses.
Beaucoup d’acteurs du foot amiénois plaidaient pourtant pour une saison blanche parce qu’il est difficile de faire des montées et descentes avec parfois moins de la moitié des matches joués…
On avait même pas notre fini notre phase aller, il nous restait encore Noeux-les-Mines à jouer ! La saison blanche était sûrement trop compliquée financièrement et politiquement. Ils ont fait de leur mieux, ils ont choisi ça, certains montent et sont contents, d’autres descendent et sont déçus. Ça ne nous concerne pas directement, et ça ne nous change pas grand-chose. La petite chose que l’on peut soulever c’est qu’il y a deux ans on descend à cause de cinq descentes dans notre groupe de R1, et cette année beaucoup de clubs ne sont pas bien et il n’y a qu’une descente. Ils ont essayé de faire au mieux.
Voir Saint-Omer potentiellement en N3, alors que vous avez été à la lutte avec eux, vous donne-t-il des regrets quant à votre début d’année 2020 ?
Je pense qu’au niveau du quotient, c’est plus le début de saison qui nous pénalise avec cinq matches nuls d’affilée. Par rapport à la montée, ce n’était pas un objectif, le coach et le président étaient clairs, on a construit un effectif pour faire bonne figure. Ça s’est bien passé, on avait une bonne alchimie, mais le début d’année civile a été plus compliqué. Je pense qu’on était à notre place dans le top 4. Saint-Omer a été meilleur dans la régularité et félicitations à eux. Je n’ai pas de regrets parce que quand on voit la poule qu’il y aura en N3 l’année prochaine, était-ce vraiment la bonne année pour monter, quand on voit Croix et Lille descendre ? Je ne sais pas. On a appris cette année, on sera sûrement meilleurs l’année prochaine pour mener à bien l’objectif que le club a depuis longtemps : celui de monter au niveau National.
Cette demi-saison doit servir de base de travail pour continuer à progresser et jouer les premiers rôles l’an prochain…
Je pense que c’est ce que le coach et le président ont en tête. C’était une bonne base. Il ne faut pas oublier que l’on vient de Régional 2, on est montés avec une année assez folle. On s’est stabilisés en R1. On a montré qu’on n’avait pas grand-chose à envier aux clubs du Nord au niveau de la qualité du football. Maintenant, c’est à nous de garder cette base de travail, tout en la renforçant pour pouvoir être meilleurs et ne pas rester dans une succession de matches nuls mais d’être réguliers pour espérer peut-être monter l’année prochaine.
On promettait le pire à Camon et Longueau au regard des dernières saisons, mais vous avez su tenir la dragée haute au Nord, ce doit être une vraie fierté…
C’est dans l’esprit commun de penser que le Nord est meilleur et mieux équipé. C’est une certitude qu’ils sont mieux équipés en matière d’infrastructures, mais pour le vivier de joueurs, on est dans le bassin amiénois et il y a énormément de très bons joueurs de foot. Je ne suis pas surpris que Longueau ait réussi à se maintenir et qu’on ait réussi à tenir tête aux équipes du Nord. Je pense qu’on n’a pas à rougir face à eux. Par contre, on ne peut que s’inspirer d’eux dans la gestion d’un club et des infrastructures dans notre département. En ce qui concerne la qualité de jeu, on n’a rien à leur envier. On ne peut que rivaliser avec eux.
Tout en sachant que l’accession pourrait être plus compliqué l’an prochain avec potentiellement trois groupes de R1…
On a vu qu’il y avait pas mal de descentes et on est parti dans cette idée de trois groupes. Ça me semble plutôt clair. Cette année, il y avait que deux équipes qui montaient au maximum dans un groupe, l’année prochaine il n’y en aura qu’une, c’est sensiblement pareil, même si la deuxième place ne servira plus à grand-chose si une équipe s’envole. Pour faire une montée, il faut être le meilleur, le plus régulier et ne pas se contenter d’une deuxième place. Ce sera plus corsé, plus dur, mais on fera de notre mieux et on verra où ça nous mène.
En tant que capitaine, aimeriez-vous que le club reparte avec le même groupe l’an prochain, avec très peu de changement ?
Ça me semble essentiel de garder l’ossature actuelle et ne pas repartir dans le changement comme le club a pu longtemps le faire. C’est vrai que quand je suis arrivé, on était une vingtaine de recrues au club, et pour moi, c’est impensable de construire un groupe stable et espérer avoir des objectifs élevés en changeant toute une partie de son équipe. On l’a fait cette année parce que ça s’imposait, on a réussi à se stabiliser et il faut garder cette ossature d’équipe. On est très soudés, on commence à bien se connaître. Je pense qu’il faut renforcer la base, parce qu’on a vu que ce n’était pas forcément suffisant, mais il faut garder l’ossature qui est très bonne et cohérente.
Allez-vous rester ?
Je vais avoir une discussion avec Titi Buengo et le président, mais je ne me vois pas partir étant donné que tout m’amène ici. J’ai mes études qui continuent sur Amiens, le club me convient, j’ai de bonnes relations avec tout le monde. Je pense être sûr de rester à l’US Camon l’année prochaine.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
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