En difficulté depuis trois saisons, l’Amiens SC a bon espoir de lancer « un nouveau cycle de conquête et d’ambition sportive » selon les propos tenus par Bernard Joannin. Contestant vigoureusement les critiques sur sa gestion du club et sa communication, le président amiénois a tenu à apporter quelques éclaircissements. Entretien.
Bernard, en mai 2019 lors de la présentation de Luka Elsner vous parliez « de début de nouveau cycle qui devait permettre de franchir un nouveau cap, de briser un plafond de verre ». En avril 2021, vous évoquiez un « nouveau cycle de trois ans de conquête et d’ambition sportive ». En mai dernier, vous avez à nouveau parlé de « nouveau cycle » suite au départ de Luigi Mulazzi et la restructuration du club. Peut-on légitimement lancer un nouveau cycle par an et espérer avoir des résultats ?
Une nouvelle fois, vous êtes dans la critique et je l’accepte. La France est un beau pays où tout le monde doit s’exprimer. La vie est un éternel recommencement. Je commence un cycle, je vois des choses qui se passent mal, pas comme je le désire, je prends donc une autre orientation. Si, un jour, vous êtes un chef d’entreprise de qualité, c’est quelque chose que vous verrez et vous serez obligé d’agir. J’ai à peu près 1500 personnes sous mes ordres et je commence souvent mes réunions en leur disant : ce que je vais vous dire aujourd’hui, je vous dirai peut-être le contraire demain. Parce que nous sommes dans un monde qui bouge à une vitesse incroyable et il n’y a que les gens réactifs, performants et travailleurs qui réussissent. Je donne donc de nouvelles orientations et je continue le cycle de volonté et d’ambition sportive. Le club a toujours eu une ambition sportive. Je ne l’exprime peut-être pas comme vous le souhaitez mais je trace mon chemin comme je l’entends. Et la direction d’hier n’est pas forcément la bonne aujourd’hui. Je bifurque.
En juin 2019, le club sortait d’une saison en finissant quinzième en Ligue 1. Trois ans plus tard, il vient de terminer quatorzième en Ligue 2. Il est difficile de nier que le club est sur une pente savonneuse et que les différentes orientations prises depuis n’étaient pas les bonnes. Pourquoi seriez-vous dans le vrai aujourd’hui ?
Je ne comprends pas vos propos. Votre description des faits n’est pas la bonne ! Une entreprise, quelle qu’elle soit, a des hauts et des bas. Elle a eu des hauts, on est monté en Ligue 1 et personne ne l’avait fait avant. Elle est redescendue, elle a dû faire face à des décisions financières qui semblent vous échapper en permanence. On a su surmonter tout ça, je dirais presque avec talent. Parce que nos pairs, c’est-à-dire tous les présidents de club, reconnaissent le travail effectué à Amiens. Et s’ils m’ont élu président du collège de Ligue 2, c’est qu’ils reconnaissent une forme de performance dans notre travail. Cela vous échappe, j’en suis navré. Nous préférons être positif, avancer. Nous savons que le sport n’est pas quelque chose que nous pouvons écrire à l’avance. Nous avons été quatorzièmes l’an dernier, parce que nous avions une palette de bons joueurs mais nous n’avions pas une équipe. C’est pour ça que j’ai insisté sur l’esprit collectif à mettre. La victoire dépend énormément du collectif. Et je le répète encore une fois, les victoires ne se décrètent pas mais se construisent.
Peut-être que vous êtes en projet d’acheter un club et de me montrer votre talent. Je ne sais pas si vous avez la volonté et les moyens pour le faire. Je vais donc vous expliquer comment ça se passe dans le football.
Justement, les victoires se construisent et pour obtenir des victoires c’est toujours plus évident quand on construit un groupe assez tôt dans une saison. Cela peut-il vous amener à apporter des modifications à votre traditionnel mode de fonctionnement, à savoir recruter assez tardivement, sachant qu’il y aura en plus quatre descentes cette saison ?
Vous êtes décidément dans le bonheur ! Aujourd’hui, 90% de l’effectif est là ! Les attaquants Tolu et Badji sont là, mon piston droit (Antoine Leautey) est là et mes lignes arrières sont complètes. J’ai encore une abondance de milieux de terrain, avec un exceptionnel joueur formé au club qui est Iron Gomis et un deuxième exceptionnel joueur également formé au club qu’est Mathis Lachuer. On a Jessy Benet, Owen Gene… L’équipe est au complet, je vous incite à venir la voir !
Bernard, on sait pertinemment que des joueurs vont partir, comme Formose Mendy et Aliou Badji…
Vous avez des informations dont je ne dispose pas ! Si vous pouvez aussi me donner le montant du transfert, je suis à votre écoute ! Si vous voulez un exposé du mercato, n’oubliez pas que j’ai été professeur pendant quinze ans, je sais donc mener une discussion et expliquer les choses. Nous sommes dans un monde où la vérité d’aujourd’hui n’est pas celle de demain. Et ça, vous ne pouvez pas l’anticiper. Peut-être que vous êtes en projet d’acheter un club et de me montrer votre talent. Je ne sais pas si vous avez la volonté et les moyens pour le faire. Je vais donc vous expliquer comment ça se passe dans le football. Pensez-vous qu’un joueur qui est chez vous, qui gagne une certaine somme, on lui propose trois fois cette somme et on propose au club une somme pour un transfert, serait-il responsable pour un président de refuser à un joueur l’évolution de sa carrière ? Je ne l’ai jamais fait et je ne le ferai pas. Je ne suis pas là pour me mettre en travers des carrières des joueurs. C’est juste à moi de réorganiser le club, c’est le monde du football qui est comme ça.
A partir de là, quelle est donc la feuille de route pour le recrutement ?
On ne peut pas avoir de feuille de route. C’est le marché qui dicte la feuille de route !
Considérez-vous aussi que l’Amiens SC est « encore petit à l’échelle du monde professionnel » et si oui comment comptez-vous passer un cap supplémentaire ?
En se structurant, simplement. On met de jeunes talents aux manettes, à commencer par Patrice (Descamps) qui a montré toute sa rigueur au niveau du centre de formation. J’ai toujours pour habitude de faire évoluer mes entreprises, peut-être pas comme vous le souhaitez, mais je suis assez fier du parcours et de ces onze ans à la tête du club. Vous qui aimez les faits, les faits sont là. On est passé d’un million à quinze millions de fonds propres. On n’était jamais monté en Ligue 1, on est monté en Ligue 1. On a un stade refait, des terrains d’entraînement hybrides. On aurait sans doute pu être encore meilleurs, mais l’avantage est qu’on peut encore progresser !
Propos recueillis par Romain PECHON
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Il en a rien à faire des critiques c moi le meilleur. On va encore avoir une équipe opérationnelle en novembre… le coach fais toi entendre.