Alors que l’AC Amiens est officiellement relégué en Régional 1 après dix-sept saisons consécutives (2006/2023) en championnat national, Azouz Hamdane reconnaît un certain essoufflement de son club. Pour autant, il estime que cela s’inscrit dans un processus global défavorable au territoire amiénois, qui ne doit pas non plus faire oublier tous les aboutissements de ces dernières années. Entretien.
Azouz, comment accueillez-vous cette descente de l’AC Amiens, attendue depuis plusieurs semaines et désormais effective ?
Le deuil est fait depuis un certain nombre de semaines. Aujourd’hui, je m’en suis plutôt remis et je suis surtout en train de réfléchir à l’avenir. Bien sûr, ça fait bizarre après autant d’années au niveau national. On s’est mis un peu seuls dans cette dynamique, cette relégation nous pendait au nez depuis deux, trois ans. On n’arrivait pas à avoir pour ambition qu’autre chose que de faire un bon championnat. Et quand on n’a que cette simple ambition, pendant que les autres équipes se renforcent, pendant qu’ils ont une dynamique et une énergie différentes de nous, il se passe ce qui se passe aujourd’hui. Malheureusement, on paie cash tout ça. Il faut savoir l’accepter. On a surfé sur une sacrée dynamique pendant les dernières années, ça se passait très bien pour l’AC Amiens et ça se passe beaucoup moins bien aujourd’hui.
Dans votre malheur, vous avez effectivement le temps pour anticiper et préparer votre rebond…
C’est un peu ça, oui. Le coup de massue est passé. Maintenant, il faut très vite penser à l’avenir. Ce qui compte est de savoir relever le nouveau défi et, je sais que c’est le mot à la mode, faire acte de résilience. Cela va dépendre de nous mais pas seulement. Une association sportive est tellement multi-partenariales, surtout avec notre particularité. On est très tributaire de l’appui et de l’accompagnement des institutions publiques. Le monde privé a du mal à coller son image au contexte dans lequel évolue notre club. Cela les regarde. De notre côté, je ne peux que constater la réalité. En tant que coach, il y a tellement de paramètres que nous ne maîtrisons pas et nous devons faire avec les moyens qui nous sont donnés.
J’ai l’impression que la Picardie n’existera plus. Et les réformes qui arrivent ne vont pas aider non plus.
Il y a le staff, les dirigeants mais aussi les institutions publiques et savoir ce qu’elles veulent mettre en place comme politique générale. On est dans ce cas de figure, mais nous ne sommes pas les seuls. Camon est aussi en grande difficulté, c’est aussi le cas de la réserve de l’Amiens SC, même si c’est un autre contexte. Ils ont encore leur destin entre leurs mains et je leur souhaite de s’en sortir. On est responsable de nos résultats, mais il y a une débandade collective qui ne dépend pas uniquement de nous. Il faut aussi questionner les instances du football sur le plan local. Il faut se questionner sur les moyens donnés aux clubs de la Somme pour essayer de rivaliser avec certains clubs du Nord. Bientôt, j’ai l’impression que la Picardie n’existera plus. Et les réformes qui arrivent ne vont pas aider non plus.
A vos yeux, ce qui se passe aujourd’hui c’est plus que la simple résultante de résultats sportifs. C’est avant tout la fin d’un modèle pour beaucoup de clubs locaux ?
Bien sûr ! Quand on a des moyens, on peut aller chercher des joueurs d’un certain niveau, qui vont nous permettre de faire ce qu’on a fait par le passé. On avait un noyau de cinq ou six joueurs formés à l’Amiens SC, qui pour des raisons diverses et variées n’avaient pas pu signer professionnels. Ils sont venus chez nous et ils avaient l’état d’esprit pour évoluer avec le club. Je remonte à l’époque où on était en Régional 2, l’ancienne Promotion d’Honneur. Plus on est monté, plus ils ont progressé avec l’équipe. Je pense à des Chouaib Sagouti, Farid Bouras, Yohane Moreira, Benoît Sturbois ou encore un Kévin Martinez qui est venu plus tard, à l’époque du CFA2 (National 3). On a su les entourer de joueurs qui étaient beaucoup plus expérimentés, aussi parce qu’on avait les moyens à l’époque, qui ont permis à notre socle local de progresser. C’était ça notre modèle. Quand on est descendu de National 2 à National 3, c’est après être parti sur un recrutement plus régionalisé, plus local. Il ne faut pas rêver, localement on n’a pas le niveau de joueurs pour jouer à ce niveau.
On a des joueurs de Régional 1, Régional 2 voire de bas de tableau National 3. Mais pour pouvoir réellement exister dans des niveaux comme cela, il faut autre chose, d’autres compétences que beaucoup de joueurs n’ont pas aujourd’hui. Ce n’est pas pour rien que la métropole amiénoise n’aura plus aucun club en National 3 la saison prochaine, c’est notre plafond de compétences. Aucun club amateur du coin n’a les moyens pour former les joueurs à même d’évoluer en National 3 ou en National 2. On n’a ni les structures ni les éducateurs pour y parvenir. Quand on rencontre des équipes qui disposent de staff technique à temps plein dans leurs clubs… Dans le bassin lillois ou parisien, il y a des multiples clubs professionnels qui peuvent recruter localement et qui inondent ensuite le monde amateur. De notre côté, on n’a que l’Amiens SC qui a déjà fourni pas mal de joueurs à nos clubs. Tout ça joue aussi contre le football local. Sauf exploit exceptionnel, comme Longueau l’an passé, c’est difficile d’aller pointer le bout du nez en National 3.
Comprenez-vous quand même que cette descente en Régional 1 de l’AC Amiens soit vécue comme un échec ?
Il ne faut pas perdre de vue que c’est exceptionnel ce qu’on a fait pendant 20 ans. Cela fait 22 ans que je suis entraîneur et cela fait 18 ans que nous sommes en championnat de France ! Pour un club comme le nôtre, avec le particularisme exposé précédemment, réputé comme un club de quartier, dans l’ombre d’un club professionnel, c’est plus qu’exceptionnel ! Je ne suis pas sûr que ça existe ailleurs en France, dans une ville moyenne comme Amiens. L’AC Amiens étant l’AC Amiens, dans l’absolu peu importe le niveau dans lequel on évoluera. On continuera de garder notre identité, notre histoire. Ce n’est pas le problème. La question est plutôt de savoir comment on veut exister.
Et quelles sont vos réponses sur ce sujet ?
Ce n’est pas simple. J’ai peut-être cette vision plus globale parce que mon environnement professionnel me le permet. Il y en a pour qui ça ne veut rien dire ce que je peux affirmer. Et c’est difficile de discuter si on ne parle pas le même langage, si on ne dresse pas le même diagnostic. C’est difficile de trouver un langage commun pour faire avancer les choses. Tout le monde a ses intérêts, je le comprends, il n’y a pas de soucis. Tant qu’on ne trouvera pas un projet commun et collectif à réaliser, ça risque d’être compliqué.
Pour reprendre vos mots, tout le monde dresse-t-il le même diagnostic au sein du club, déjà ?
Oui. Au sein du club, on est assez d’accord sur tout ça. Après, il n’y a pas que nous qui souffrons de mauvais résultats. En plus des résultats, il faut aussi empiler les difficultés de l’environnement social, socio-professionnel, socio-géographique des endroits où on s’entraîne. C’est pour ça qu’il ne faut pas banaliser tout ce qu’on a fait ces dernières années. Il faut voir les conditions dans lesquelles on a travaillé ! Avec le recul, l’expérience et le réseau que je peux avoir, je ne suis pas sûr que beaucoup de clubs auraient pu réaliser ce qu’on a réalisé. Quand je regarde des clubs comme Arras ou Le Touquet, qui sont les premiers clubs de leur ville, ils n’ont jamais fait ce que l’AC Amiens, cantonné au statut de petit club de quartier, a réussi à faire ! Je suis très fier d’avoir fait ça avec un petit club de quartier. Personne ne pourra nous retirer ce qui a été fait, en bien ou en mal. Maintenant, on peut agir positivement sur l’avenir en trouvant un projet collectif.
A titre personnel, êtes-vous en questionnement au sujet de votre rôle au sein du club ?
On se questionne toujours ! J’ai toujours envie d’entraîner mais je suis aussi fatigué. C’est une discussion qu’on aura avec le président (ndlr : Rachid Hamdane). Il a aussi son point de vue et il faut aussi prendre en compte celui des dirigeants. Est-ce que je continue à la place d’entraîneur, est-ce que c’est à une autre place ? L’avenir nous le dira.
Prendre un peu de hauteur est donc envisageable ?
Ou travailler différemment ! Je pense avoir encore des choses à partager. On va voir dans quel cadre ça peut s’inscrire. Cela dépendra surtout des besoins du club. Si le club a besoin que je continue à entraîner, ce sera le cas. Sinon, je verrais à quelle place je peux être utile.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
Bonjour
je trouve aussi qu il y ai des problèmes depuis 2 années que je les suis
l année dernière ils avaient Yohan un bon coach qui savait vraiment ou mener ses joueurs les motiver
Mais cette saison à été un flop total
J’ai connu l’époque avant les frères Hamdane Rachid le Président et Azouz l’entraîneur emblématique et je tiens tout particulièrement à les féliciter du travail et de la stabilité du club D’Amiens Nord qui est devenu l’ AC Amiens. Il est certain que sans moyens et projet commun il est impossible de progresser à ce niveau-là j’espère que cette doublette restera au club et que les sponsors et municipalité les accompagneront pour un retour en national rapidement il le mérite