Arnaud Binet (AC Amiens) : « J’avais besoin d’un nouveau défi »

Après quatre saisons à l’AC Amiens, Arnaud Binet a décidé de se lancer un nouveau défi en rejoignant Furiani, promu en National 2. Au-delà de l’aspect sportif, le défenseur central de 26 ans voulait également se mettre en situation de défi sur le plan personnel. Entretien.

Arnaud, pourquoi quittez-vous l’AC Amiens pour Furiani ? 

Je cherchais depuis quelque temps à trouver un club de National 2. Je pensais avoir fait un peu le tour en National 3 et je voulais aller voir un peu au-dessus. C’est aussi un moyen de me fixer de nouveaux objectifs, de relever un nouveau défi, de vivre une nouvelle expérience sur le terrain mais aussi une nouvelle expérience de vie. Je sors complètement de ma zone de confort. Je pense que c’était la meilleure option pour continuer à progresser. J’avais besoin d’un nouveau défi. Entre l’AC Amiens et mes années de formation à l’Amiens SC, ça faisait douze ans que j’étais sur Amiens. Je connaissais tout ici et j’avais vraiment besoin de voir autre chose, à la fois en tant que football qu’en tant qu’homme. Je suis content d’avoir trouvé le projet qu’il me fallait avec Furiani.

Comment en êtes-vous arrivé à signer pour un club corse ? 

Je connais très bien le capitaine de Furiani, Thibault Valery avec qui j’ai joué à l’Amiens SC et on a évoqué la possibilité de jouer ensemble là-bas. Il m’a mis en contact avec le club et les choses se sont faites plutôt naturellement. Tout s’est intensifié après leur montée en National 2. Ils ont organisé un match d’essai à Compiègne après la saison, ils m’ont contacté pour y prendre part, pour me voir physiquement après avoir eu des contacts par téléphone. J’y suis allé, ça s’est plutôt bien passé et deux jours après le coach m’a expliqué que c’était bon pour lui sur le plan sportif.

Je quitte ma zone de confort pour une belle expérience

La décision ne dépendait alors plus que de moi, de savoir si je voulais aller au bout de l’idée ou pas. Dans ma tête, à partir du moment où on trouvait un terrain d’entente, c’était assez clair que je voulais travailler avec ce club. J’en ai entendu énormément de bien de la part de Thibault mais aussi de Yohan Baï, qui a aussi joué là-bas par le passé. On en a discuté ensemble et ça n’a fait que renforcer mon envie d’y aller. Je quitte ma zone de confort pour une belle expérience.

A 26 ans, c’était maintenant ou jamais pour faire ce grand saut…

C’est totalement ça. A la fin de la saison, on a fait un point sur mes perspectives avec mes proches. C’était une année charnière, soit j’arrivais à aller jouer au-dessus et j’allais encore m’offrir deux ou trois ans sur un nouveau projet, soit je restais sur Amiens et il m’aurait fallu commencer à réfléchir à un autre style de vie, à l’image du choix fait par Miri (Siradjidini). Sans pour autant quitter l’AC Amiens mais il aurait fallu faire des choix. Le temps passe très vite, je n’ai plus vingt ans. C’était vraiment le bon moment pour tenter cette aventure.

Vous avez parlé de Miri, c’est la première fois depuis l’adolescence que vos chemins se séparent…

Quitter Miri, quitter Charly (Rosso) alors qu’on est ensemble depuis qu’on a quatorze ans, ce n’est pas facile non plus. On a passé dix ans de nos vies à se voir plus que nos familles. Je me suis longtemps demandé si c’était la bonne option de partir tout seul. Maintenant, comme Miri l’a dit, on grandit, on prend chacun des chemins de vie différents mais ça ne va certainement pas rompre le lien entre nous. Même à 1000 kilomètres de distance, je sais qu’on va continuer à se donner des nouvelles, à prendre soin les uns des autres. Quand tu es ami avec quelqu’un pendant plus de dix ans, que tu as connu des hauts mais aussi des bas avec, ça forge les liens. Personnellement, je n’aurais pas eu le courage de faire le même choix que lui, de vraiment quitter un cadre un peu « haut niveau » en s’entrainant tous les jours et en continuant de faire du football sa priorité. J’aurais aimé qu’il aille jouer le plus haut possible, qu’il devienne professionnel mais ce qui compte, c’est qu’on soit heureux dans l’orientation choisie.

Quel regard portez-vous sur votre passage à l’AC Amiens ?

Je suis arrivé dans un club où je connaissais une bonne partie de l’effectif, en même temps que de nombreux anciens de l’Amiens SC. Quant à ceux que je ne connaissais pas, à l’image de Landry (Matondo) qui m’a accueilli comme un petit frère, j’ai très vite noué des liens avec eux. Je ne remercierai jamais assez l’AC Amiens de m’avoir tendu la main en 2018, à la fin de mon aventure au centre de formation de l’Amiens SC. Je sors d’une grosse blessure m’ayant éloigné des terrains pendant six mois. Je n’ai aucun club et Azouz (Hamdane) me tend la main.

Arnaud Binet face à la réserve de l’Amiens SC en mars dernier

Quand je lui ai annoncé la nouvelle de mon départ, je lui ai dit que je lui serai reconnaissant toute ma vie. C’est peut-être lui qui a fait que je n’ai pas arrêté le football à ce moment-là. L’AC Amiens restera un club important, pour lequel j’ai tout donné sur le terrain. Maintenant, je pars un peu avec des regrets parce qu’on n’a pas atteint l’objectif fixé. J’aurais adoré faire partie d’une montée en National 2 avec eux. Malheureusement, ça n’a pas été fait et je ne peux que leur souhaiter tout le bonheur du monde pour la saison prochaine. J’espère vraiment qu’ils pourront atteindre cet objectif.

La saison qui peut vous laisser des regrets est forcément la toute première avec cette lutte à trois pour la montée face à Saint-Quentin et Beauvais, tous deux en National 2 aujourd’hui…

Forcément. Dans mes années séniors, c’est tout simplement ma meilleure année en termes de plaisir pris. Que ce soit humainement ou sportivement, c’était un régal. On était un groupe incroyable, une équipe incroyable. J’ai encore des regrets aujourd’hui, oui, encore plus quand on voit où Beauvais et Saint-Quentin sont. C’est vraiment dommage.

Derrière, ça a été plus difficile avec notamment cette saison 2020/2021 interrompue par le Covid après six défaites en autant de journées…

C’était des années difficiles à vivre, avec des instances qui nous ont baladés de gauche à droite sans vraiment prendre de décision pendant de longs mois. La première saison Covid, on est sur onze matches sans défaite. On ne saura jamais comment ça aurait pu se terminer. Par contre, l’année suivante, l’arrêt des compétitions nous sauve complètement. L’entame était catastrophique et ça a fait du bien de pouvoir rejouer une saison entière et de poser une très bonne base de travail pour le coach en vue de la saison prochaine.

Je repars de zéro, j’ai tout à me prouver et tout à leur prouver aussi.

On parlait de Beauvais. Ca n’a jamais été une option pour vous le natif de la préfecture de l’Oise ?

Pas cette saison. Ils sont dans un très gros projet, qui fonctionne très bien. Ils ont besoin d’avoir des joueurs plus huppés, avec de très gros CV, des joueurs qui ont déjà une grosse expérience du niveau N2. Il y a eu des discussions sur certaines saisons mais ça ne s’est jamais fait. Aujourd’hui, je n’ai plus les critères de recrutement du club. Et puis, je suis très heureux d’avoir signé à Furiani. Au-delà même du côté football, j’avais besoin de me lancer un défi, de me prouver des choses. Faire ça dans un nouvel endroit, où je ne connais rien ni quasi personne. Je repars de zéro, j’ai tout à me prouver et tout à leur prouver aussi. C’est vraiment ce genre de challenge que je recherchais. Je vais aussi avoir un cadre de vie magnifique.

Comment se prépare votre départ pour la Corse ?

Le club m’a très bien accueilli. Je suis accompagné dans mes démarches par les intendants du club, que j’ai régulièrement au téléphone. Le coach met aussi tout en place pour me mettre à l’aise à mon arrivée. Ils veulent que je sois mis dans de bonnes dispositions pour n’avoir à penser qu’au football. C’est magnifique. J’ai vraiment hâte de commencer avec eux. Mon logement sera disponible à partir du 2 juillet, ensuite on reprendra l’entraînement le 8 juillet. Depuis l’annonce officielle de mon arrivée, je passe mes journées au téléphone pour être tranquille une fois sur place. C’est un bon stress. C’est le même pays, mais ce sera sans doute une autre culture, une autre mentalité. Je suis persuadé que je vais beaucoup apprendre de cette expérience. Je suis aussi animé par le fait de rendre la confiance accordée par le coach de Furiani, alors que beaucoup de clubs de National 2 n’ont pas voulu de moi en raison de mon manque d’expérience à ce niveau de la compétition.

Ce grand saut vous le fait seul ou accompagné ? 

Je serai tout seul là-bas. Ma copine va entamer sa sixième année d’études et elle doit donc rester sur Lille. Pendant toute la préparation estivale, elle sera avec moi sur place. Ce sera une forme de transition. Ensuite, je serai là-bas vraiment tout seul. Humainement, ça ne peut que me faire du bien. Je vais me retrouver un peu seul face à moi-même. Je vais me recentrer sur l’essentiel, sur le football. Là, j’étais dans un environnement où je connaissais déjà tout, avec des distractions, je n’étais peut-être pas à 100% focalisé sur le football. Là, je vais là-bas pour ça. En plus de ça, Furiani est un club qui fonctionne un peu comme un club professionnel, en mettant tout en œuvre pour accompagner le plus possible les joueurs, les entraînements sont le matin, on a des soins prévus sur place. Tout est mis en œuvre pour maximiser sa performance et éviter qu’on s’éparpille.

Quelle est ambition du club pour son retour en National 2 ?

On n’en a pas discuté de manière précise, avec l’ensemble du groupe. En tout cas, il est hors de question pour le club de faire office de club promu qui cherche uniquement à se maintenir. C’est un club ambitieux, qui souhaite progresser et continuer à se développer.

Tous propos recueillis par Romain PECHON

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