Hormis un scénario aussi improbable que rocambolesque (*), la réserve de l’Amiens SC évoluera en Régional 1 la saison prochaine, suite à sa défaite contre son homologue du LOSC (2-0) dimanche après-midi. Une issue redoutée depuis de longues semaines qui suscite beaucoup de déception chez Antoine Buron. Entretien.
Antoine, on imagine que ce n’est pas simple de s’exprimer après cette défaite qui condamne à 99% la réserve de l’Amiens SC…
Non, ce n’est jamais facile. On est des compétiteurs dans l’âme et l’échec n’est jamais facile à vivre. Pour autant, il ne faut pas fuir ses responsabilités. Ce match est à l’image de la saison, je pense qu’on avait moyen de faire autre chose. Le scénario est encore cruel, comme notre deuxième partie de saison, avec un criant manque d’efficacité offensive. On a des balles de match ou en tout cas de grosses situations pour se donner de l’air et faire la course en tête. On ne le fait pas, on manque d’efficacité et aussi de détermination. Quand on a des situations comme ça, il faut mettre plus de conviction aussi. On savait que la victoire était impérative et plus le chrono tourne plus on s’ouvre. Inconsciemment, les jeunes joueurs partent un peu à l’abordage et on se fait contrer sur une perte de balle. On court après le score et ça devient plus compliqué. C’est un scénario qu’on a trop souvent répété sur la deuxième partie de saison et qui nous condamne.
Arrivez-vous à vous expliquer cette saison qui vous a glissé entre les doigts ?
C’est un tout et il encore un peu tôt pour tout analyser, même si j’ai une partie de la réponse. Je n’ai pas attendu les trois derniers matches pour essayer de trouver des solutions, pour comprendre. On avait trouvé une certaine stabilité à un moment donné, on sait que c’est prépondérant pour avoir des résultats positifs. Puis, il y a eu cette intersaison où il y a eu un peu de mouvements, ce qui est le jeu des réserves. On a aussi joué de malchance avec les blessures d’Enzo Beuvain et de Mehdi Bariki, deux cadres de l’équipe réserve. C’est un groupe jeune qui a manqué de leaders sur le terrain. Un garçon comme Anis Ouchouache est revenu d’un croisé et a mis un peu de temps à retrouver une place dans le groupe.
On a vraiment vécu une deuxième partie de saison galère. Les professionnels auraient aussi pu avoir quelques points de plus, ce qui aurait pu nous permettre de se renforcer avant les cinq derniers matches. Le règlement nous pénalisant dans les cinq derniers matches, puisqu’on ne peut plus utiliser les joueurs qui entrent la veille en A. Le mix de tout ça fait qu’on n’a pas eu le sentiment de tout maîtriser non plus. On a compensé avec des effectifs juste en quantité mais aussi en qualité par moments. On a essayé de faire au mieux avec pas mal de contraintes.
Avez-vous le sentiment qu’on vous a donné tous les moyens pour mener à bien votre mission, à savoir maintenir l’équipe en National 3 ?
On a tous fait avec les moyens du bord. Je sais que l’objectif prioritaire est de maintenir les professionnels, mathématiquement ce n’est toujours pas le cas. Je n’incrimine pas les choix effectués à l’échelon supérieur, parce qu’ils ont eu raison de le faire. C’est juste qu’on aurait pu, avec un autre scénario, faire d’autres choix à un moment donné. Je ne peux donc pas avoir de regrets par rapport à ça. On s’est tous bien entendu sur les objectifs des uns et des autres et on a composé au maximum avec les effectifs à disposition. Je ne rejette la faute ni sur le centre ni sur les professionnels. On a juste ajusté au mieux pour que les deux effectifs obtiennent le maintien. De notre côté, on a échoué et il reste l’objectif des professionnels qui doivent s’en sortir.
Au niveau du centre, les U17 et les U19 font une belle saison. De votre côté, avec une équipe jeune vous êtes relégué. Cela prouve que la marche intermédiaire qu’est le National 3 et l’équipe réserve est finalement déjà grande…
On doit prendre en compte ce message. Les jeunes qui performent dans les catégories jeunes ne sont pas forcément en capacité de performer tout de suite dans le monde seniors. On a joué avec une génération 2004, neuf à dix joueurs qui peuvent encore potentiellement jouer avec les U19 aujourd’hui, ce ne sont même pas des garçons qui étaient seniors. Il faut donc aussi relativiser ça. Ce sont des garçons qui, dans leur catégorie d’âge, auraient encore pu performer avec les U19 qui terminent à seulement un point du PSG dans leur groupe. Maintenant, c’est le jeu des réserves aussi. Il faut être vigilant à ça, à ne pas jouer trop jeune trop vite.
Le haut niveau c’est aussi ça, être en capacité de s’imposer dans le monde seniors. Malheureusement, on n’a pas réussi à le faire et c’est une alerte pour la suite du projet de formation. On sait aussi que cette étape intermédiaire est importante aussi. Sans elle, on n’aurait peut-être pas d’Iron Gomis ou d’Owen Gene en équipe première. On avait demandé une mission difficile à ces jeunes joueurs, mais ils ont mis du cœur à l’ouvrage. Je ne peux pas leur reprocher grand-chose au niveau de l’état d’esprit, de l’attitude, même si ça reste un échec collectif.
Pour autant, vous estimez que ça ne doit pas remettre en cause l’ensemble du projet de formation de l’Amiens SC ?
Aujourd’hui, si je prends les résultats bruts des U19, des U17 ou des U16, ce sont de bons résultats. Sur le projet de formation global, je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit à remettre en cause. Pour autant, ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas s’améliorer, réfléchir à travailler différemment. Un projet de formation, ce n’est jamais une science exacte, un projet acquis. Sous la houlette de Patrice (Descamps), on aime bien dire qu’on aime être en mouvement. On sera donc encore en mouvement l’année prochaine, en prenant en compte la relégation de cette équipe réserve. Il y a un échec, un accident de parcours, il faut réfléchir à ça. Aujourd’hui, on tire des constats et c’est à nous de réfléchir à comment s’y prendre pour repartir de l’avant, sans tout balayer d’un revers de main. Il faut peut-être juste établir un nouveau plan de formation, un nouveau projet, en s’appuyant sur ce qui a déjà fonctionné.
A titre personnel, vous vous projetez donc en Régional 1 avec cette équipe réserve ?
Pour l’instant, on est à l’heure des constats et des bilans. On n’a pas encore de structuration définitive du centre de formation. Dans un coin de notre tête, on savait l’éventualité d’une descente. Je ne suis pas un mec qui lâche, qui abandonne. Si on me confie la mission de prendre cette équipe en Régional 1, ce sera sans soucis et avec plaisir. On ne sait pas encore quels seront les éducateurs en place la saison prochaine, l’incertitude est encore grande notamment au sujet de la place de Patrice (Descamps) et Julien (Ielsch) dans l’organigramme. On a aussi tout ça à voir sur cette fin de saison. En tout cas, je suis déçu, je n’accepte pas la défaite, mais je ne suis pas abattu et démotivé. Je ne peux pas accepter la défaite, la semaine va être difficile comme les quelques nuits qui arrivent. Maintenant, il faut continuer à aller de l’avant. Il y a un centre de formation à faire tourner, d’autres équipes aussi. Le projet est donc de bien finir la saison et réfléchir tranquillement à ce qu’on va mettre en place la saison prochaine. Il ne faut pas tout envoyer en l’air et continuer à travailler pour former les jeunes à aller vers le haut niveau.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
L’Amiens SC (b) à 99% en Régional 1 (*)
Mathématiquement parlant, il existe encore un seul et unique scénario qui pourrait permettre à la réserve de l’Amiens SC de se sauver. Avec 28 points, l’équipe d’Antoine Buron doit réaliser un sans-faute contre Longueau et Lambres, espérer dans le même temps que Lille – qui va affronter Lambres et Lens – ne prenne pas le moindre point sur les deux derniers matches – et que Vimy – qui va défier l’AC Amiens et Longueau – ne prenne pas plus d’un point. Dans un tel cas de figure, les trois équipes seraient à égalité avec 34 points inscrits. Dès lors, ce n’est plus le goal-average particulier qui prime mais un mini-championnat prenant en compte les rencontres entre ces trois équipes.
Et à ce petit jeu, c’est l’Amiens SC qui ressort en tête avec 7 points contre 5 pour la réserve du LOSC et quatre pour Vimy. « Ce scénario existe mais on ne l’a même pas vraiment regardé, commente Antoine Buron. On peut dire qu’on est à 99,99% en Régional 1 et qu’il reste 0,01% de chance de s’en sortir en réalité. J’ai du mal à voir Lille ne prendre aucun point sur ses deux derniers matches. Vimy va également jouer contre deux équipes déjà condamnées. Quoi qu’il en soit, on va travailler jusqu’au bout et tout faire pour terminer la saison la tête haute. »
R.P.
Dommage de ne pas cibler 2 cadres de N2 chaque année, des mecs de 25-28 ans dans des clubs modestes type Wasquehal ou St Quentin, qui seraient heureux de venir à l’ASC avec la perspective d’un peu de Coupe de France et des bancs de touche en L2 en cas de rotation. La N3 cette saison était trop jeune, trop tendre, 19 ans de moyenne ça n’a pas grand sens, avec un peu d’encadrement d’expérience sur le terrain jamais ça descend!