Après une victoire à Valenciennes lui assurant pratiquement le maintien, l’Amiens SC s’est contenté du minimum sur le reste de ce mois d’avril. Avec quatre matches nuls pour une défaite et une victoire et surtout un état d’esprit globalement défaillant, les Amiénois ont confirmé les craintes quant à une possible démobilisation générale. Débrief complet.
Valenciennes, Akolo voit la lumière
C’est sans le moindre doute le dernier tournant de la saison de l’Amiens SC. Avec 37 points au compteur, Amiens a l’occasion de faire le break et de s’assurer quasiment le maintien en cas de succès à Valenciennes, un de ses plus proches poursuivants. Après une entame de match assez neutre, les Picards font basculer la rencontre en une poignée de minutes, grâce à un doublé de Chadrac Akolo, auteur de ses neuvième et dixième buts toutes compétitions confondues.
Le tout dans un contexte assez particulier suite aux sanctions prises par Philippe Hinschberger à l’encontre de cinq joueurs retardataires (Diakhaby, Dossevi, Bamba, Sy, Doums) lors de l’ultime entraînement de la semaine. « Certains joueurs ont atteint la limite. Je n’ai pas pris cette décision pour me faire plaisir, pour écarter des gens, je voulais montrer qu’il fallait respecter l’institution, c’est important, justifiait le coach de l’Amiens SC après ce neuvième succès de la saison. Quand tu prends ce genre de décision et que tu gagnes, ça oblige chacun à se remettre dans le droit chemin. »
Bastia, nul sur toute la ligne
« Je pense qu’on a vraiment les situations pour marquer en première mi-temps. On ne l’a pas fait et on s’est cassé le bec en deuxième mi-temps. On a déjà été meilleur. Ce n’est pas notre meilleur match à domicile. » L’analyse de Philippe Hinschberger après le triste match nul de l’Amiens SC face à Bastia avait au moins le mérite d’être lucide et objective. Quasi maintenu, l’Amiens SC a cruellement d’imagination et de précision pour faire plier une solide équipe de Bastia, venue en Picardie avant tout pour prendre un point. Seul un temps fort autour de la première demi-heure de jeu donnait un semblant d’espoir aux supporters de l’Amiens SC.
Amiens évitait même le pire au retour des vestiaires lorsque Régis Gurtner dégageait dans le dos de Benjamin Santelli, obligeant Fofana à réaliser un retour désespéré pour dégager le ballon devant sa ligne. Entré en cours de jeu, Kader Bamba préférait chercher le penalty plutôt que de temps sa chance au bout du temps additionnel. Une prestation insuffisante pour permettre à Amiens de décrocher son dixième succès de la saison.
Caen, un point de haute lutte
Face à l’équipe en forme du moment, Amiens abordait avec prudence son déplacement à Caen, une rencontre lançant l’ultime semaine à trois matches de la saison. « On est deux équipes qui jouent libérées, on va donc tomber contre un gros morceau en pleine forme et j’espère qu’on saura donner la bonne répartie, lançait Philippe Hinschberger avant la rencontre. On a payé il y a un mois à Toulouse en prenant une caisse, ça ne m’a pas fait rire. Je n’ai pas envie de recommencer. » Ce ne sera pas le cas pour une équipe picarde privée au dernier moment d’Aliou Badji, écarté pour raisons disciplinaires, après avoir notamment séché la causerie d’avant-match.
Sans son meilleur buteur, Amiens souffrait en début de rencontre notamment par l’intermédiaire de Lamine Sy, le petit frère d’Harouna Sy. Mais Gurtner veillait au grain et repoussait les tentatives adverses, jusqu’à ce corner raté de Jessy Deminguet mais bonifié au premier poteau par Prince Oniangué pour l’ouverture du score. Les Picards ne laissaient pas le doute s’installer et réagissaient par l’intermédiaire de Tolu, auteur du geste juste avec un petit ballon piqué pour sanctionner la sortie à contre-temps de Sullivan Péan. En infériorité numérique après l’expulsion d’Owen Gene, Amiens parvenait à préserver ce score pour ramener le point du nul de Normandie.
Le Havre, le point de non-retour
Jusqu’ici, c’est le match qui a suscité cette saison la plus grosse colère de Philippe Hinschberger, pourtant pas en reste au moment de juger les performances de son équipe depuis plusieurs matches : « C’est du foutage de gueule. On a déjoué, on n’a pas joué. On a joué en tongs. On a fait un match entre copains. Ce n’est pas sérieux, ce n’est pas respecté le football, notre travail et le club. Je suis l’entraîneur d’Amiens et je suis énervé de sa médiocrité. Si on avait autant de professionnalisme pour faire des matches que pour arriver en retard, putain on serait champion de France, on serait en Ligue des Champions, ça je vous le dis. »
Une colère justifiée au regard de la prestation infamante livrée par son équipe, qui avait pourtant les armes pour faire tomber une équipe du Havre loin d’être impressionnante. Or, Amiens a eu le tort de ne pas jouer en équipe, encore une fois. Outre des arabesques individuelles de certains, la plupart des attaquants furent déconnectés du reste de l’équipe à la perte du ballon. De quoi donner une équipe coupée en deux et en danger sur chaque percée adverse. Dans ce contexte, la victoire du Havre n’était clairement pas volée et ce douloureux revers remettait Amiens à sa juste place, bien loin de la sixième qui était pourtant son objectif avoué de la fin de saison.
Dunkerque, l’ennui sinon rien
Trois jours après la débâcle face au Havre, Philippe Hinschberger procédait à de nouveaux choix forts en se privant de Kader Bamba et d’Aliou Badji, tout en laissant Arnaud Lusamba sur le banc au coup d’envoi. « Je ne réfléchis pas à ça. J’ai un groupe à gérer, j’étais très déçu, frustré et vexé du match de mardi. Je n’avais pas du tout envie d’aller expliquer devant 400 personnes pourquoi on avait perdu ce match. Ca m’a gonflé, clairement. J’en ai voulu aux joueurs, je me suis mis en retrait, j’ai fait mes choix et je n’ai pas discuté, justifie le coach de l’ASC. Quand tu attends beaucoup des gens tu es aussi plus exigeant, c’est comme ça. C’est la vie. »
Sans son meilleur buteur (Badji) et son meilleur passeur (Bamba), Amiens a clairement manqué d’inspiration pour vaincre un tout petit Dunkerque, plus que jamais destiné à la relégation. A l’exception d’un but refusé à Tolu Arokodare pour une position de hors-jeu, les meilleures situations sont venues de coups de pied arrêtés, à l’image de ce geste acrobatique de Formose Mendy obligeant Jérémy Vachoux à intervenir sur sa ligne. La fin de match voyait Dunkerque lançait ses dernières forces dans la bataille mais Régis Gurtner était bien présent pour s’opposer à Mohamed Ouadah et Kévin Rocheteau.
Grenoble ou comment se contenter du minimum
S’il fallait un match pour illustrer la saison de l’Amiens SC, ce déplacement à Grenoble pourrait bien être le plus approprié. Exécrable en première période, à l’image d’un secteur offensif incapable de se mettre au service du collectif – amenant Philippe Hinschberger à sortir dès la mi-temps Tolu Arokodare et Kader Bamba – l’ancien prétendant au top 5 haussait progressivement le ton au retour des vestiaires, dans le sillage d’un Arnaud Lusamba retrouvé. De quoi permettre à Aliou Badji d’égaliser fort logiquement, sur une action initée par le numéro 10 de l’ASC. La victoire était même à la portée des Picards, finalement trop maladroits dans le dernier geste.
De quoi dresser un tableau d’ensemble aussi frustrant que lassant à propos de ce match et de la saison dans son ensemble. Le tout parfaitement résumé par Philippe Hinschberger : « Notre football se perd semaine après semaine. Notre première mi-temps est infamante, c’est trop faible,, c’est inadmissible, c’est indigne d’un club de Ligue 2. Comment veux-tu gagner en faisant un match comme ça, quand tu commences à jouer à l’heure de jeu ? J’arrête d’analyser et de chercher à comprendre. Je suis déçu, ils l’ont compris. C’est tout. Je pense qu’on sera fâché jusqu’à la fin de la saison et ce n’est pas un soucis pour moi. »
Le bilan complet (avec comparatif xG) :
Valenciennes – Amiens : 0-2 (2,24 xG – 1,36 xG)
Amiens – Bastia : 0-0 (1,33 xG – 0,80 xG)
Caen – Amiens : 1-1 (1,61 xG – 0,95 xG)
Amiens – Le Havre : 0-2 (1,55 xG – 1,40 xG)
Dunkerque – Amiens : 0-0 (1,17 xG – 1,30 xG)
Grenoble – Amiens : 1-1 (1,13 xG – 0,93 xG)