Transféré à Genk pour environ cinq millions d’euros dans les dernières heures du mercato d’hiver, Tolu Arokodare ne laisserait pas forcément de gros regrets à Philippe Hinschberger, qui s’est battu pendant un an et demi pour essayer de faire progresser l’ancien attaquant de l’Amiens SC. Parfois contre l’avis même du joueur. Explications.
L’Amiens SC ne devrait pas regretter Tolu
63 matches, 21 buts, 4 passes décisives. Statistiquement, le passage de Tolu Arokodare en Picardie est tout sauf un fiasco, quand bien même certains de ses buts furent inscrits en coupe de France, face à des adversaires d’un très petit calibre. Pour autant, l’attaquant nigérian laisse un sentiment mitigé au moment de quitter l’Amiens SC pour le club belge de Genk. Y compris chez son désormais ex-coach, Philippe Hinschberger : « Tolu, c’est un joueur qui prend beaucoup de temps, d’énergie. Il est brut de décoffrage. De temps en temps, tu as envie de lui faire travailler contrôle-passe ou son jeu dos au but. Je pense qu’il faut qu’il se mettre dans sa tête que c’est un jeune joueur, qui doit se développer. De temps en temps, il l’oublie et il s’entraîne comme un pro qui a 15 ans de carrière. »
Très indiscipliné à son arrivée, accumulant pas mal de retards entre juillet et octobre 2021, Tolu Arokodare a eu le mérité de gagner en professionnalisme en dehors du terrain. En dehors de ça, son ego a parfois pris le dessus sur le reste. « L’incompréhension qu’on a pu avoir tous les deux, c’est que je lui demandais de travailler sur ses qualités. Ce n’est pas dos au but, arrêté, il n’est pas bon dans ce domaine, martèle son ancien mentor. C’est plutôt prendre de la profondeur, mettre de la vitesse, c’est un garçon qui court à 34 km/h. J’ai fait 30 vidéos avec Tolu, déjà l’année dernière quand il y avait Aliou. C’est encore un jeune qui a besoin de faire beaucoup de choses de base, et ça il n’est pas trop là-dedans. »
S’il ne nie pas ses qualités, à savoir « courir vite, être puissant« , Philippe Hinschberger avoue avoir toujours été « un peu sur la corde raide, sur un fil » avec Tolu Arokodare. « On a toujours eu du mal à jouer avec lui seul en pointe. Ce n’est pas quelqu’un qui se déplace beaucoup, qui court beaucoup, parce qu’il a une petite caisse, résume-t-il. Maintenant, on l’a vendu, il a servi à marquer des buts en un an et demi. On passe à autre chose avec l’arrivée d’Antiste. » Un profil d’attaquant bien plus en adéquation avec les aspirations du coach de l’ASC. « C’est un joueur beaucoup plus dans la générosité, dans les appels. Il fait 12-13-14 kilomètres par match, c’est un garçon qui cavale. La connexion avec Gaël est déjà présente, constate Hinschberger. Encore une fois, quand tu anticipes sur ce que Gaël va faire, ce qui n’était pas toujours le cas de Tolu, qui pouvait avoir un temps de retard, c’est facile. Les joueurs qui comprennent bien le football s’entendent facilement. »
Et sur ce point, on n’a bien compris que Tolu Arokodare, qui a eu le mérite de rendre des services pendant un an et demi et surtout de remplir les caisses de l’Amiens SC lors de son départ, ne cochait pas toutes les cases de l’attaquant moderne, disposant d’une bonne lecture du jeu et utile à un collectif. A Janis Antiste, dont la première impression à Niort fut très prometteuse, de faire mieux que son prédécesseur et de démontrer que le club picard n’a clairement pas perdu au change.
Romain PECHON