Rien ne va plus pour l’Amiens SC, qui a enchaîné samedi dernier sa troisième défaite de suite à Pau. Si la défense inquiète, l’attaque, elle, est littéralement à l’arrêt. Avec un seul but en trois rencontres, difficile d’espérer mieux. Parmi les attaquants, Tolu est mis en cause pour son inefficacité. Est-il le symbole de cette animation offensive fantôme ?
L’an dernier, il était le numéro 2 derrière Badji
Pour rappel, le buteur nigérian arrive en prêt avec option d’achat de Lettonie. En effet, le FC Valmiera, équipe de D1 lettone, l’a prêté pour deux ans. Cette saison, il s’agit de sa deuxième année à l’Amiens SC. Lors de l’exercice 2021/2022, Tolu a été régulièrement, voire uniquement associé à Aliou Badji, aujourd’hui prêté à Bordeaux. Au-delà des résultats poussifs de l’ASC, ce duo en attaque a plutôt porté ses fruits. « C’est un profil fixateur, qui prend de la place. Il dégage beaucoup de puissance quand il va vers le but », confiait Philippe Hinschberger au moment de son arrivée. Auteur de 13 buts et deux passes décisives, Tolu rend une copie intéressante pour sa première année en Picardie.
Fait marquant dans la plupart de ses réalisations : elles sont inscrites quand il rentre en cours de jeu. Ce phénomène lui vaut un surnom de « super-sub » fin 2021. Néanmoins, certains faits extra-sportifs viennent entacher sa saison, notamment des retards répétitifs. Sans oublier le fait qu’il y a eu une période où le duo Badji-Tolu n’a pas fait trembler les filets. Pour autant, le Nigérian s’est souvent appuyé sur son physique imposant pour retrouver de la confiance, à défaut d’être le plus adroit des attaquants. Dans l’ombre de Badji, il a su s’illustrer à plusieurs reprises, notamment en Coupe de France.
Sur la fin de cette saison-là, les Amiénois ont été muets en attaque à sept reprises sur les quinze derniers matches. Un épilogue qui n’a pas laissé une bonne image auprès des supporters de l’ASC concernant Tolu. De plus, ce dernier doit désormais composer sans Aliou Badji à partir de septembre, parti en prêt à Bordeaux. Celui-ci a achevé sa saison avec 14 buts et trois passes décisives, de quoi satisfaire la plupart.
Cette année, un rôle de leader offensif qu’il peine à incarner

Profitant des dernières rencontres avec son acolyte en pointe Aliou Badji, Tolu doit se renouveler. Associé aussi bien à Hassane Bandé qu’à Papiss Cissé, le Nigérian joue un rôle décisif, un rôle de leader. Éclipsé et fraîchement arrivé l’an dernier, la situation le pousse à prendre ses responsabilités. Son début de saison est intéressant, avec des buts décisifs et qui valent de nombreux points, comme contre Annecy (J2) ou au Havre (J5). En 9 matches, il inscrit cinq buts, un bon ratio pour un attaquant.
Néanmoins, tout se décante à partir de la victoire contre Niort, où Tolu est pourtant décisif (un but et une passe décisive). Dès lors, il ne marquera plus aucun but et assistera impuissance à la perte de puissance de son équipe. L’élément déclencheur est la défaite à Nîmes et cette sortie au bout de 63 minutes. Le Nigérian ne semble guère apprécier le fait de quitter le terrain et refuse de saluer son coach. Un incident qui n’a pas manqué de faire réagir Philippe Hischberger. « Je ne pense pas être le seul à avoir vu son match. Je n’ai pas aimé son match, il n’est pas content de sortir. Ce n’est pas mon problème, je m’en fous », explique l’entraîneur amiénois. Même si le joueur certifie avoir « discuté avec le coach », l’atmosphère n’est pas au beau fixe. Symbole de cette perte de dynamique, l’extra-sportif impacte le sportif, les défaites s’enchaînent.
La goutte de trop à Pau ?
Samedi dernier, l’Amiens SC a rendu une pâle copie à Pau (2-1), voire très inquiétante. Ce n’est autre que la troisième défaite de suite des hommes de Philippe Hinschberger. Outre le résultat, c’est le contenu qui fait peur aux puristes et aux supporters. À commencer par l’attaque et des chiffres effrayants en Nouvelle-Aquitaine. Contre les Palois, les Amiénois ont obtenu 13 corners, tenté 28 tirs ainsi que 53 centres. Abyssal. Pour rappel, seul Hassane Bandé a marqué, ce qui n’est autre que le seul but des trois derniers matches. Désormais, l’ASC est sixième, alors qu’il était leader il y a à peine quelques semaines.
Dans ce rouage déréglé, Tolu apparaît comme le coupable idéal. Pourtant, il a le profil idéal. Son dernier but remontant à Niort (17 septembre), cela fait six rencontres qu’il n’a pas trouvé le chemin des filets. L’attaquant en provenance de Lettonie est en plein doute et ne voit aucune éclaircie se profiler. Des occasions complètement ratées, une taille qui devient un inconvénient : rien ne va plus. Surtout que ce sont les symptômes d’un buteur en plein doute, qui tente de rebondir, en vain. Il semble être le symbole parfait de ce gâchis offensif, qui n’est pas tueur devant les cages adverses. En plus d’une défense fébrile, l’attaque de l’Amiens SC en panne engendre une dégringolade au classement.
Promesse footballistique en quête de relance après Cologne, Tolu vit des moments difficiles cette année. Décrié pour son efficacité, l’attaquant nigérian peine à s’imposer sur le front offensif. Nombreux sont ceux qui commencent à s’impatienter et pourrait se servir de lui comme bouc-émissaire d’un problème cependant collectif.
Pavel CLAUZARD