Quatre jours après la fin du marché des transferts, et le recrutement avorté de Kalifa Coulibaly, Philippe Hinschberger fait un bilan complet du mercato de l’Amiens SC, avec un seul renfort (Antiste) pour deux départs d’importance (Benet, Tolu). S’il se veut plutôt positif, l’entraîneur amiénois concède un petit regret au sujet de l’ancien attaquant du FC Nantes. Entretien.
Philippe, quel bilan faites-vous de ce mercato hivernal de l’Amiens SC ?
Il a été plutôt bien géré, notamment en réduisant notre effectif, ce qui était une bonne chose en vue de la deuxième partie de saison. Ce n’était pas un mercato où on a eu énormément de mouvements, sachant que ça peut encore bouger vers des pays qui n’ont pas terminé leur mercato. Il y a eu des incertitudes jusqu’au bout. C’était jour de match, je ne m’en suis pas occupé. On était à Niort, je me suis juste préoccupé de mon équipe. John (Williams) et le président (Bernard Joannin) ont géré ça, même si on se tenait au courant à distance. On a l’arrivée d’Antiste, globalement à la place de Tolu, je peux dire qu’on a récupéré un bon mec, qui connaît le championnat, qui court, qui est bon technique, un jeune qui a la tête sur les épaules. Pour nous, c’est une très belle recrue.
Avez-vous le sentiment que votre effectif est plus fort au 1er février qu’il ne l’était au 31 décembre ?
On a gardé nos forces vives globales, dont Formose (Mendy). Pour lui, ça doit globalement être un petit peu dur, parce que c’est la deuxième fois. A Niort, on a choisi ensemble de ne pas démarrer le match, parce qu’il avait autre chose en tête. Il avait toutes les chances de ne pas faire un bon match, il faut le comprendre et ne pas le juger. Il y avait une propension à se blesser dans ce contexte. En tout cas, il est avec nous et je pense que c’est une force supplémentaire. Devant, il y a l’émergence de George (Ilenikhena), Papiss (Cissé) quand il nous fait ce qu’il est capable de faire à Niort, sans lui demander de marquer trois buts à chaque fois, mais c’est dans cette connexion avec Gaël (Kakuta), qui lui-même hausse son niveau de jeu. Nos matches sont plus conséquents aujourd’hui qu’il y a trois ou quatre mois. Devant, on passe d’un attaquant plutôt pas très mobile à quelqu’un de très mobile, qui va défendre, qui va courir. C’est très différent et ça va nous changer la donne.
Aujourd’hui, comment sentez-vous Formose ?
C’est terminé, il est passé à autre chose. On aura Formose avec nous jusqu’à la fin de saison et on souhaite du bon Formose. On va l’entourer pour qu’il soit performant. Son objectif est encore d’être plus fort et meilleur pour attirer les convoitises de grands clubs, qu’on puisse le libérer sachant qu’il mérite de trouver le plus haut niveau.
En l’état, quantitativement et qualitativement, sentez-vous l’Amiens SC suffisamment armé pour jouer la course à la montée jusqu’au bout ?
Bien sûr ! On a 22 joueurs de champ, quelques joueurs du centre de formation qui émergent aussi, comme Kassoum Ouattara, Junior Fofana et Matteo Degrumelle qui a bien fini le match à Niort. On peut sur un ou deux matches être un peu short sur un poste ou deux. A Niort, on a joué sans quatre milieux de terrain par rapport au début de saison, Benet étant parti, Lachuer, Gélin et Gomis étant blessés, et ça ne nous a pas empêchés de l’emporter. Tout ça fait vivre ton groupe, réfléchir le staff pour trouver des solutions. On a pensé différemment et c’est bien la rotation, l’équilibre du vestiaire. Chacun est à peu près confronté au banc de touche au minima. On n’est pas là en train de laisser six ou huit joueurs de côté comme la saison dernière. Ce sont des joueurs qui peuvent faire la gueule. On a le nombre de joueurs parfait à mes yeux. On a une autre approche, une autre dynamique avec des gens tout de suite concernés par le projet, par le match.
Coulibaly, c’était un profil différent, qui nous aurait laissé une possibilité supplémentaire.
Vous aviez pourtant des attentes avant ce mercato d’hiver, notamment sur le flanc gauche avec la volonté de renforcer ce poste…
Oui, mais on n’est pas là pour multiplier les pains comme Jésus-Christ, ni les joueurs sur le côté gauche. On a trois joueurs pour jouer à gauche depuis le départ de Harouna Sy. On a cherché, on voulait faire venir quelqu’un qui était un peu plus mordant. Maintenant, j’ai aussi rebattu les cartes en lançant Kassoum Ouattara, qui a fait son match à Niort. Ils vont se tirer la bourre à trois et on verra qui jouera, qui sera sur le banc.
Sincèrement, n’avez-vous pas des regrets de ne pas avoir ajouté Kalifa Coulibaly à votre effectif, un joueur souhaité et avec lequel vous vous projetiez mardi soir…
C’est un poids en plus. C’est un garçon qui a mis 25 buts à Nantes, on le connaît et il connaît notre championnat. Je l’ai croisé quand il est venu lundi, c’est quelqu’un de très gentil, qui me fait un peu penser à Cheick Diabaté que j’ai eu à Metz. Quand on regarde ses buts, on voit qu’il a beaucoup de présence dans la surface de réparation. Maintenant, on ne peut lui demander de courir aux quatre coins du terrain. C’était un profil différent, qui nous aurait laissé une possibilité supplémentaire. Maintenant, on a aussi l’émergence de George qui fait de bonnes choses et on n’est pas toujours obligé de jouer avec deux attaquants plus Gaël en dessous.
Il n’y a pas si longtemps, Amiens avait deux grands attaquants. Aujourd’hui, ce profil n’est plus présent au sein de l’effectif. Ne risquez-vous pas d’avoir un déficit de taille dans le secteur offensif ?
Concernant Tolu, on aura un déficit en matière de coups de pied arrêtés défensifs, c’était notre meilleur joueur en zone sur le premier poteau. Par contre, il avait mis peu de buts de la tête, parce que ce n’est pas forcément quelqu’un qui a le sens du déplacement dans la surface. Il met beaucoup de têtes non cadrées parce qu’il est souvent gêné ou parce qu’il ne se déplace pas assez. Ce n’est pas forcément un souci. Sur ce que j’ai vu d’Antiste, il sait mettre des coups de tête. Moi-même, j’ai mis 30 buts de la tête en première division alors que je fais 1m78. Il suffit de bien se déplacer, anticiper, être malin.
Propos recueillis par Romain PECHON